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Parce que lolycéenne.

Publié le 27 décembre 2009 par Leschatserrants

Parce que lolycéenne.

De retour à la maison, j’ai laissé Kelan ranger toutes les affaires pétées. Après tout, c’est bien de la responsabilité de la femme de veiller à ce que son homme fasse bien toutes les taches ménagères à la maison.

J’imagine que ça lui trottait dans la tête depuis un bon moment puisqu’il a fini par sortir :

-Explique-moi pourquoi tu as quitté ton bel afro pour te raser la tête? Tu ressembles à une punk, maintenant.

-Mais c’était le but, mon cher. C’était le but.

Il m’a lancé un regard plein d’incompréhension qui m’a blessée. J’avais vraiment cru qu’il me comprendrait.

Romaric, son père, est rentré peu après. Il était si content de me voir qu’il ne s’est pas demandé pourquoi les boites de conserves étaient fêles comme si on s’en était servi pour battre quelqu’un, et que les bouteilles étaient à moitiés vides, leurs étiquettes déchirées.

Non, au contraire il m’a dit que je pouvais rester ici autant de temps que je le voulais: je n’avais qu’à prévenir mes parents. J’ai tilté que je ne resterai pas plus d’une nuit.

Suite à ça, Romaric m’a proposé de l’accompagner acheter un parapluie car il avait besoin de l’avis sur et avisé d’une femme. J’ai saisi là une occasion de me venger de Kelan et je l’ai suivi.

Tout en flânant dans la rue, on s’est mis à se remémorer nos souvenirs communs. Il avait l’air vachement content de me revoir, me prenant par l’épaule comme d’un air affectueux.

Quand j’étais gamine, mon père était plutôt absent, officiellement parce qu’il travaillait dur pour nous nourrir toutes. Quand j’ai été suffisamment vieille pour ne plus avoir besoin de nounou, maman m’embarquait chez mon tonton Romaric, son voisin d’enfance, et comme il avait souvent du temps libre, il m’emmenait dans les zoos, les parcs, au point que j’ai fini par le considérer comme mon petit papa personnel. Les choses, avec le temps se sont malheureusement corsées et il a cessé d’avoir du temps pour moi.

Aujourd’hui, j’imagine que chacun d’entre nous souhaitait renouer avec le passé. Mais un blanc a fini par se glisser subtilement dans la conversation: nous avions fait le tour de nos souvenirs communs. Et moi les blancs, je ne les aime pas, je ne sais pas comment les gérer.

La preuve, Romaric m’a demandé pourquoi j’avais des problèmes avec ma mère. Je lui ai répondu que je n’aimais pas sa vision de la femme soumise à son mari et à son foyer, et que je n’avais pas besoin qu’elle me protège.

-Tu sais, il a dit en prenant le ton de l’adulte-qui-sait-plus-de-choses-que-toi-et-que-tu-ferais-mieux-d’écouter-mon-enfant, les femmes sont plus fragiles que les hommes. C’est normal qu’on les protège et qu’on leur demande de faire attention. Et puis beaucoup sont habituées aux taches ménagères, et c’est pour ça qu’elles les trouvent naturelles.

-Au lieu que l’on demande aux femmes d’être « prudentes », pourquoi les hommes ne changeraient-il pas?

Il a grommelé quelque chose d’incompréhensible.

Et moi, j’en avais un peu marre de ces vieux qui cherchaient à m’entuber en racontant des bobards gros comme des montgolfières et en me demandant d’y croire.

L’atmosphère s’était refroidie pendant qu’on flânait mais elle s’est brusquement réchauffée, et peut-être un peu trop, quand on a  rencontré un de ses collègues devant un distributeur.

Il a fallu me présenter. Romaric m’a prise dans ses bras en disant que j’étais sa petite chérie. Sa nièce chérie. Le collègue a répondu que j’étais très mignonne, et qu’il avait bien de la chance.

Je me suis contenté de sourire. C’est ce qu’il y a de formidable avec les sourires. En les faisant, j’obtiens presque tout ce que je veux. Les mecs (et quelquefois les meufs) en face de moi me prennent pour une jolie conne, et moi je réponds à leurs attentes. Personne ne devine pas ce qu’il y a derrière quoique je doute qu’il y ait quelque chose de bien intéressant là-bas.

Romaric s’est montré encore plus câlin avec moi, me complimentant tout en me tenant par la main, une attitude qui n’avait rien de paternelle et j’ai compris que oui, au fil des années, les choses changent, et souvent définitivement.

Devant la porte, l’inévitable question est arrivée : Romaric voulait savoir si j’étais célibataire. J’ai répondu: « Pas vraiment »

-Il te faudrait un homme mur pour t’apprendre les choses de l’amour.

Dit comme ça, cela avait un coté si romantique et…désuet, terriblement old school. Il n’y avait qu’un mec de trois fois mon âge pour utiliser cette jolie métaphore au lieu de me dire tout simplement qu’il voulait me baiser.

-Tu te proposes? Je lui ai demandé en prenant ma voix grave de femme mature.

-Si tu m’acceptes, je veux bien.

-Tu es célibataire en ce moment?

-Totalement et parfaitement.

-Cool, comme ça je n’aurais pas de poids sur la conscience…

Mais j’en ai quand même eu en me retrouvant face à Kelan qui avait ouvert la porte pile à ce moment précis.

-Vous attendiez quoi pour entrer? A-t-il demandé de l’air le plus neutre qu’il pouvait avoir.

-On avait oublié les clés!! J’ai répondu avec un grand sourire.

Nous savions tous les deux que c’était un grand mensonge.

Une certaine gêne s’instaura entre nous. Je ne voulais pas que cela plombe notre soirée, alors j’ignorais le fils pour me reporter sur le père.

Romaric était parfait et comme tout homme parfait, il savait faire la cuisine, et divinement bien en plus. Je me souviens plus trop de ce qu’il a fait, mais c’était délicieux, voila l’essentiel. Le clou de la soirée a eu lieu quand à la surprise générale, Romaric nous a présenté, avec un peu de gêne une jeune femme qui avait sonné quelques minutes auparavant. Le genre mannequin, quoi, grande, avec de super longues jambes, belle, de quoi foutre des complexes à la plupart des meufs.

Ca m’a donné un parfait prétexte pour les laisser seule et monter avec Kelan dans sa chambre. J’ai fermé la porte à clé, et l’ai enlacé. Nos torses se sont écrasés l’un contre l’autre, mes mains se baladant sur son cou, son menton, son visage pendant que je l’embrassais goulûment. C’a m’avait manqué. Il a promené sa main doucement sur ma cuisse puis mon ventre et s’est brusquement penché pour m’embrasser le nombril. Ça chatouillait. Je trouvais ça adorable. A l’extérieur, on entendait son père et Angèle rire, la télé allumée et j’avais envie qu’il aille bien plus loin.

Je l’ai entrainé sur le lit, lui ai enlevé son pantalon pendant que lui me déshabillait et suis descendue vers ses jambes, maigres et musclées. Tout ça sans un mot.

C’était bon. Ca faisait longtemps.  On a parlé de choses et d’autres et inévitablement le passé a refait surface. Je n’ai pas pu lui expliqué pourquoi j’avais gâché notre histoire. Je n’ai pas pu expliquer non plus pourquoi je ne lui avais pas donné signe de vie jusqu’à aujourd’hui.

Il m’a clairement dit qu’il ne supportait pas que je charme tout ce qui bouge. Mon problème, c’était que j’étais trop légère.

Au petit matin, quand je me suis réveillée, il dormait toujours.

Je me suis trainée jusqu’à son ordi, ai lancé MSN. Heureusement, O. était connectée.

« Ah, la vie! a dit:

-A. é ou o juste ?

(*)O.(*)  a dit:

-C mntnt ke tu te bouges ? Tu ser à koi, putain ?

Ah, la vie! a dit:

-Tu l’a po plus aidé.

(*)O.(*)  a dit:

-O moin moa g rpdu kan elle m’apelé paskel alé mal. Pour toi ya ke ta propre vie ki comte.

Allaly.Ah, la vie! a dit:

-C pa en s’enguelan kon va l’aider.

(*)O.(*)  a dit:

-Jvai la voir dan 2-3 jours. Toi tu fé kom tu ve.

(*)O.(*)  s’est déconnectée »

Je me suis rhabillée doucement, pour ne pas réveiller Kelan tout en essayant de ne pas trop penser, sinon j’allais peut-être faire un truc dingue à la Roméo et Juliette. Je me suis retournée pour l’embrasser. Comme je voulais pas le faire sur le front-ça faisait cliché- j’ai posé mes lèvres sur son caleçon à la place.  Je crois qu’il était trop gentil pour moi, et puis j’avais trop peur qu’il me remplace par un minet bien mieux foutu que moi.

La maison avait l’air vide. Je n’ai pas pris la peine de laisser un mot. J’ai ouvert la porte qui, heureusement, n’était pas fermée.

J’ai levé la tête vers le Soleil, mais cet idiot se cachait derrière les nuages. J’étais de nouveau libre, mais seule.


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