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Nucléaire : l’EPR d’Areva prend l’eau dans les Emirats… la faute à Sarko ?

Publié le 28 décembre 2009 par Kamizole

coree-du-sud-mega-contrat-nucleaire-emirats-27-dec-2009.1262014935.jpgJe l’avais entendu sur France-Info dès potron-minet et je viens de trouver un article sur le Figaro La France perd un méga-contrat nucléaire aux Émirats… 14,1 milliards d’euros qui passent sous le nez des Français, lis-je sur Le Monde La filière nucléaire française subit un revers majeur… qui ajoute – perfide ? – «malgré les efforts déployés par Nicolas Sarkozy»

Sa «diplomatie des contrats» essuie effectivement un sacré revers. A quoi sert-il qu’il se décarcasse, s’agite et fasse le VRP du COUAC/40 tout autour de la planète, trimballant à chaque fois aux frais de la République toute une tripotée de patrons multimilliardaires : les contrats prétendus décrochés à la pelle partent tous ou peu s’en faut en eau de boudin… Comme tout ce que touche Nicolas Sarkozy. Un vrai “porte-guigne” ! N’oublions pas qu’il fut surnommé naguère “La loose” notamment après un cuisant échec du RPR à l’élection européenne de 1999 (12,82 %).

Comme il n’est jamais responsable de rien, il va bien nous dénicher un bouc émissaire de derrière les fagots. Déjà, Anne Lauvergeon, la patronne d’Areva, n’était paraît-il pas trop en odeur de sainteté à l’Elysée… Un bon moyen de s’en débarrasser ? Avant de vendre Areva à quelque groupe ami. On a parlé un certain temps de Bouygues mais il semblerait que ce soit plutôt Alstom qui tiendrait aujourd’hui la corde, les deux groupes construisant d’ailleurs ensemble l’EPR de Flamanville, projet “porté” par Nicolas Sarkozy…

Avec l’impréparation habituelle… La centrale de nouvelle génération s’étant révélée aussi peu sûre que celle construite en Finlande. Au point que les autorités de sécurité nucléaire britannique, finlandaise et française s’en étaient émues dans une déclaration commune selon ce que j’avais lu à l’époque sur Le Monde La sûreté du réacteur EPR est à améliorer, émettant le 9 mars 2009 «des réserves sur les systèmes de sûreté des réacteurs nucléaires EPR et demandant aux exploitants et au fabricant “d’améliorer la conception initiale de l’EPR”»

La critique portait sur la trop grande interconnexion entre deux système de contrôle qui eussent dû être totalement indépendants, l’un faisant fonctionner le réacteur et l’autre assurant sa sécurité… Cela tombe sous le sens si l’on veut éviter un nouveau Tchernobyl !

La France n’avait pourtant pas lésiné sur les moyens ! Le consortium mené par EDF et GDF-Suez avec Total – qui prépare sa reconversion pour “l’après-pétrole” – Areva, Vinci et Alstom plaidait que tarifs plus s’élevés que ceux des concurrents se justifiait par la sûreté de l’EPR… Il m’étonnerait que les responsables des Emirats ne soient pas au courant des déboires que je viens de signaler ! Auxquels s’ajoutent ceux de l’EPR finlandais avec nombre de retards et autant de surcoûts.

Toujours est-il que, malgré une ultime baisse de prix de 10 % proposée par les Français, c’est un consortium sud-coréen – dirigé par la compagnie sud-coréenne publique Kepco, associée à Samsung, Hyundai, Doosan Heavy industires, Westinghouse et Toshibapour - qui a emporté le morceau pour la première tranche d’une commande qui pourrait être suivie de nouveaux contrats pour une somme équivalente. Les Français gardent l’espoir de quelques miettes pour d’autres centrales.

Cet épisode qui risque de n’être pas le dernier, montre comme le souligne Jean-Michel Bezat dans Le Monde que «des concurrents plus modestes, comme les Coréens, qui n’ont jamais exporté leur technologie, peuvent l’emporter». Sans doute les Français étaient-ils partis «trop sûrs de leur suprématie technologique» alors même que les deux premiers chantiers de l’EPR rencontrent des difficultés, des retards et une dérive de coût et que la technologie de l’EPR est loin d’avoir fait ses preuves. L’heure des “rentes de situation” est terminée.

Double échec pour Nicolas Sarkozy - «l’Elysée demanderait aux industriels retenue et discrétion pour ne pas compromettre d’autres contrats en cours de négociation»… dans la mesure où il avait forcé EDF à s’associer au consortium. Au mois de mai, il ne s’agissait que d’assistance technique mais l’opérateur électrique dut par la suite prendre la direction du consortium en proposant une nouvelle offre qui n’aura pas suffit.

Il reste que si dès l’automne des experts avaient prévu que les Coréens l’emporteraient, notamment à cause du facteur prix – Abou Dhabi vient d’injecter 10 milliards de dollars dans l’économie de Dubaï en pleine déconfiture – on peut se demander si la politique française intérieure – le débat sur “l’identité nationale” avec sa charge d’islamophobie et de racisme anti-arabe - ne risque pas à terme de s’inviter dans les négociations commerciales avec les pays arabes et/ou musulmans.

Ce serait “bonbon” ! Double effet Kiss Kool en boomerang : un coup au tirage pour les élections régionales, Un autre au tirage pour la «diplomatie des contrats» et tout ça, sans jamais se préoccuper des Droits de l’homme…


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