Magazine Humeur

Mémé Kamizole répond à un commentaire plutôt méchant au sujet d’un article sur la PAC !

Publié le 30 décembre 2009 par Kamizole

Alexandre, je te trouve particulièrement injuste dans tes propos… Si c’est la mondialisation et l’OMC qui nous imposent ces pseudo-régulations c’est précisément que cette globalisation est un phénomène pervers… Comme José Bové, je défends plutôt le principe de l’auto-suffisance alimentaire de chaque pays plutôt que l’hyper-productivisme agricole qui donne trop souvent des produits sans qualités pour ne pas dire plus.

Il y a trop d’années que je m’intéresse à toutes ces questions. D’abord en tant que petite-fille d’éleveur avec un père écolo avant la lettre qui pour n’avoir pas repris le métier paternel n’en était pas moins intéressé et fort marri par le tour pris par l’agriculture. Ensuite, parce que bien qu’ayant été élevée en ville, je suis restée profondément attachée à la campagne où j’ai passé beaucoup de vacances, tant enfant que devenue adulte. C’est là que sont mes racines et où je me sens le plus chez moi.

Pour la région que je connais le mieux pour avoir vécu 30 ans à Orléans, je doute que les agriculteurs de Sologne et du Val de Loire soient aussi favorisés que les grands céréaliers de Beauce. J’ai une amie dont le mari est agriculteur au sud de l’Indre. Il y a déjà 15 ans qu’il a dû vendre son cheptel de vaches laitières parce qu’il dépensait plus qu’il ne touchait à vendre son lait… Un copain agriculteur du côté de Sant-Etienne disait quasi la même chose quelques années auparavant. Le phénomène n’est pas nouveau mais c’est encore considérablement aggravé, comme en témoignent les récentes grèves des producteurs laitiers que je comprenais parfaitement.

Seules s’engraissent les multinationales de l’agro-business – qui nous revendent au bas mot dix fois plus cher ce qu’elles achètent des clopinettes aux agriculteurs. Tout en percevant des montants exorbitants au titre de la PAC et c’est bien cela que je dénonçai dans l’article.

Est-il normal que tout en travaillant énormément – j’ai connu trop de paysans qui ne prenaient aucune vacance, cela s’est ensuite un peu amélioré avec les GAEC et l’entraide… Les vaches doivent être traites matin et soir, dimanche compris, etc… - certains agriculteurs en soient réduits aujourd’hui à demander le RSA ? Avant sans doute d’être obligés de mettre la clef sur la porte. Sans parler de certains qui se suicident.

Le grand risque étant à mon avis que les terres abandonnées ne passent sous la coupe de grands groupes qui les feront exploiter par des agriculteurs salariés qui n’auront plus la maîtrise de la production et des intrants divers. Cela a d’ailleurs déjà commencé. Cela augure, au même titre que les latifundias un grand retour à une quasi féodalité.

En 1975 mes amis du Valgaudemar – agriculture de montagne donc des conditions très difficiles – dont certains devaient aller travailler en ville malgré leur désir profond de «volem viure al païs» n’avaient pas de mots assez durs contre le Crédit Agricole qui n’accordait que très rarement des crédits ou alors dans des conditions telles qu’ils travaillaient presque uniquement pour les rembourser… La situation n’a pu qu’empirer depuis que le CA est devenue une banque mondialisée. C’est exactement la même chose pour la MSA. Sans rien dire des retraites ridiculement minimes que perçoivent les agriculteurs.

N’oppose par les revenus des agriculteurs et ceux d’autres professions. Nous subissons tous les «bienfaits» de la mondialisation qui tirent à la baisse la plupart des salaires, du Smic à ceux des classes moyennes. Sans rien dire des retraites ! Je peux t’assurer qu’avec une retraite de 900 euros par mois, je ne risque guère d’avoir des goûts de bobo !

Ayant travaillé 6 ans comme infirmière en usine et connaissant à l’époque tous les salaires – sauf ceux de la direction – je peux t’assurer que j’ai été profondément choquée il y a quelques années quand ayant accompagné une amie à l’ANPE je passai le temps où elle était reçue par une conseillère à lire les affiches d’offres d’emploi.

Pour des métiers de la mécanique de précision où les salaires des ouvriers qualifiés allaient en 1977 de l’équivalent de 1500 à 3000 euros – le Smic était alors équivalent à 900 euros actualisés, grosso modo ce qu’il est net aujourd’hui ce qui permet de constater que les petits salaires n’ont nullement progressé ! - on proposait généreusement… le Smic tout en demandant une qualification et 10 ans d’expérience !

Ce que j’écrivais dernièrement au sujet de l’article de Seb Musset sur la nécessaire solidarité entre les salariés et les retraités – il faudrait y ajouter aussi les chômeurs de plus en plus nombreux dont 750000 sont en fin de droits et leur nombre devrait atteindre le million en 2010 – l’est tout autant pour les agriculteurs. Nous devons être solidaires et lutter ensemble - «Tous ensemble» ! - pour une plus grande justice sociale et économique. Faire plier l’Etat et les multinationales.

Notre survie et celle de la civilisation en dépend. L’avenir – tant de l’humanité que de la planète - n’est pas dans la mondialisation ultralibérale.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Kamizole 786 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte