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Un peu de Rilke avant la nuit !

Publié le 03 janvier 2010 par Perce-Neige
Un peu de Rilke avant la nuit !

C’est d’Henry Miller. De Clichy, il écrit ceci, à Anaïs Nin, en avril 1932 : « Quand vous me demandez s'il faut interpréter mes écrits comme de l'érotisme, je dois dire oui, mais ce n'est pas assez - simplement oui. Je ne pense pas qu'on puisse les définir par ceci ou cela, qu'ils représentent ceci ou cela. J'essaye d'être un homme, de parler comme un homme, et de ne rien supprimer à cause de principes, d'art ou de quoi que ce soit qui ait pu jusqu'ici contraindre les hommes. Et j'écris à la première personne pour me rapprocher de la ressemblance - pas pour être réaliste. Certaines choses de Joyce, qui est allé assez loin, m'ont choqué parce qu'elles sont artificielles, de seconde main. Je ne m'abandonne jamais complètement à la fiction construite par un auteur à l'aide de ses personnages. Il est déjà suffisamment difficile de montrer ses propres pensées, ses propres sensations. Je sais fort bien que la fiction s'insinue dans mes tentatives les plus sincères. Mais alors, si j'échoue dans une direction, je réussis par inadvertance dans une autre. En d'autres termes, si vous lisez correctement, même les fausses pistes, les coups nuls, vous disent quelque chose de significatif sur l'auteur. Je mens parfois - pourquoi non? Mon mensonge accompagne la vérité que je veux donner de moi-même. Ce n'est pas une machine qui enregistre l'histoire d'une âme, mais un être humain, et je me place en avant d'abord et avant tout en tant qu'être humain. (Ce n'est pas une tromperie, par exemple, que d'être conscient en écrivant ces lignes qu'elles feraient une excellente préface. Je suis lucide, lucide, toujours lucide. Souvent, quand je suis avec une femme, cette lucidité me fait rire au mauvais moment. Et une femme a parfaitement raison de haïr, de détester l'homme qui se rend coupable d'un tel méfait. C'est un acte véritablement sacrilège. Je le reconnais. Je dois m'arrêter. Je veux lire un peu de Rilke avant d'aller me coucher.) Henry. » Le même, rigoureusement le même, vous verrez, quelques années plus tard, magnifique, sur cet enregistrement vidéo terrible et fascinant.


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