Magazine Environnement

Interview de Patrick Piro, défenseur des économies d’énergie

Publié le 06 janvier 2010 par Sequovia

patrick_piroPatrick Piro l’a bien compris : pour réduire notre empreinte environnementale, les leviers principaux sont la sobriété et l’efficacité énergétique. Dans son livre « Le Guide des économies d’énergie », il énonce ainsi, au-delà des clichés traditionnels, des moyens simples pour se loger, se déplacer et acheter de manière plus responsable.

Sequovia a ainsi posé quelques questions à ce journaliste indépendant qui nous conseille pour devenir à notre tour des citoyens éclairés (par des lampes basses consommation, il va sans dire!).

Quel est votre parcours et qu’est-ce qui vous a poussé à vous intéresser à cette problématique des économies d’énergie ?

J’ai grandi à l’époque de la bagnole triomphante, à laquelle les politiques voulaient « adapter la vi(ll)e ». Symbole de la belle liberté de se déplacer, mais déjà emblématique de la pollution. La question incontournable de l’impasse des énergies fossiles était déjà bien posée il y a 30 ans. Dérèglement climatique en moins, mais dont l’évidence, avec une crise qui s’est révélée au grand public depuis les années 1990, fait aujourd’hui lourdement basculer la problématique : il y a menace sur la vie même (et plus seulement la ville).
Bref, aussi loin que je me souvienne, je suis un écolo dans l’âme.
Mon parcours professionnel démarre avec un diplôme d’ingénieur en électronique, très brièvement étrenné : les questions de sens me taraudent et je file m’engager dans une association de solidarité internationale. Et puis perce à la surface, presque simultanément, une aspiration profonde à écrire et témoigner. Je deviens journaliste, sur le tas. C’est assez naturellement que mes centres d’intérêt principaux, dans cette écriture, se révèlent être l’écologie et la solidarité Nord-Sud.
L’aggravation de la crise planétaire m’a conduit naturellement à m’intéresser à l’un de ses nœuds fondamentaux : la surconsommation de tout, au Nord. Et comme derrière « tout », il y a à chaque fois de l’énergie et de l’effet de serre, il m’est apparu central de nous interroger, individus et foyers, sur le vaste chantier de l’économie de nos consommations d’énergie, visible et cachée.

Les économies d’énergie, est-ce seulement une accumulation de petits gestes ?

Non, absolument pas, définitivement. Cette « petite-gestisation » qui fait mode aujourd’hui (« 100 gestes pour la planète », « fermez le robinet en vous lavant les dents », etc.) cache à la fois l’horizon radical qu’il faut faire apparaître : c’est au moins une division par quatre de nos consommations (au Nord) d’ici à 2050 (et pas juste « éteindre la lumière en sortant ») ; ainsi que la nécessité d’agir collectivement et politiquement. Renvoyer la grande mise en branle nécessaire de notre société qui file dans le mur à quelques B.A. quotidiennes, c’est contribuer à la vision de ceux qui pensent qu’il suffira de bricoler aux marges pour s’en sortir, nous et les générations futures surtout. Les petits gestes, à défaut, n’auraient valeur que d’indulgences pour sauver nos consciences.

Êtes-vous optimiste pour le futur ?

Il m’arrive fugacement d’être pessimiste. Je chasse cette inquiétude, car l’heure n’est pas venue du sauve-qui-peut, et j’espère — foi en une certaine intelligence ultime de l’humanité — qu’elle ne viendra jamais. Optimiste ? Peu de raisons objectives de l’être franchement, à moins d’être un peu béat. Je suis donc plutôt un non-pessimiste battant. Tant qu’on a des enfants (moi, les autres), me dis-je, il faut croire à la possibilité de faire triompher in fine cette vie menacée que l’on aime.


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