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Biocarburants: détresse et famine en vue

Publié le 14 octobre 2007 par Dominique Lemoine @lemoinedo
Biocarburants : dĂŠtresse et famine en vue !
Au moment où la société commence à entrevoir la fin du pétrole à relativement bon marché et où l’impact de l’activité humaine sur le climat ne fait plus de doute, l’utilisation de la biomasse comme « carburant vert » dans de nombreux secteurs industriels semble s'imposer solution LA SOLUTION de substitution aux hydrocarbures.
La problématique du « transport des personnes et des marchandises » est devenue un véritable « casse tête » pour de nombreux pays dans la mesure où ce secteur est dépendant à près de 97% des hydrocarbures et où il est responsable d’un quart des émissions de gaz à effet de serre.
Le développement des pays émergents va encore compliquer la problématique puisque les besoins énergétiques pour le transport des marchandises et des personnes de ces pays seront, dès 2030, probablement supérieurs à ceux des pays de l’OCDE.
Mais
Derrière ce mirage, les conséquences de cet engouement mondial pour les biocarburants provoque déjà une onde de choc dans le système alimentaire. En effet, les biocarburants ont lié les prix des denrées alimentaires à ceux des produits pétroliers, ce qui pourrait aggraver de manière dramatique la pauvreté et l’insécurité alimentaire.
Pour le bioéthanol : les besoins de maïs provoquent une envolée des prix qui se répercute sur toute la chaîne de production alimentaire (le maïs est massivement employé pour nourrir les animaux mais également comme édulcorant, sous forme de sirop par l’industrie agroalimentaire).
L'envolée du cours du maïs n'est pas une situation isolée puisque, selon IFRPRI (International Food Policy Research Institute), les cours de oléagineux, comme le soja, le colza et le tournesol devraient grimper de 26% d’ici 2010 et de 76% d’ici 2020, ceux du blé de 11% puis de 30% dans la même période
Consommateurs de manioc : dur, dur !
La production d’éthanol à partir du manioc menace particulièrement les plus pauvres de la planète. Cette racine, qui satisfait un tiers des besoins caloriques des populations d’Afrique subsaharienne et qui constitue l’aliment principal de plus de 200 millions d’Africains est convoité en raison de leur haute teneur en amidon, ce qui représente une excellente source d’éthanol.
Selon des études menées par divers institutions dont la Banque Mondiale, la consommation calorique des populations pauvres se réduit d’environ 0,5 % chaque fois que les prix moyens de tous les principaux produits alimentaires augmentent de 1%. Le processus est connu : si une denrée devient trop coûteuse, on la remplace par une denrée moins chère. Si toutes les denrées deviennent financièrement trop onéreuses, il n’y a plus de solution de repli !
Dans les régions les plus pauvres de l’Afrique subsaharienne, d’Asie et d’Amérique latine, le prix du manioc devrait, sur les mêmes périodes, grimper de 33% puis de135 %
Si on n’y prend pas garde, ce sont près de 1,2 milliards d’humains qui risquent de mourir de faim d’ici 2025.
Alors, ne considérons pas les biocarburants comme LA SOLUTION pour les transports et apportons de vraies solutions en :
· diminuant notre consommation par une meilleure efficacité énergétique et une restructuration du territoire,
· développant une véritable stratégie de transports collectifs et de frets,
· favorisant l’économie circulaire, la dématérialisation de l’économie dès qu’elle est possible
· soutenant la recherche dans le domaine de la biomasse lignocellulosique, l’hydrogène, les biogaz, etc.
D.Lemoine

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