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Les Créateurs de Possibles : 2017 en ligne de mire

Publié le 07 janvier 2010 par Lilzeon

Citoyens !

Avant-hier soir avait lieu la rencontre blogueurs avec Nathalie Kociusko Morizet et Benoist Apparu. Petit mot sur la sélection d’invités : du blogueur marketing, du politique. J’étais dépêché par Luc Mandret sur place (je devais publier chez lui, mais la connexion avec l’Asie a disparu dirait-on :s )

NKM et Benoist Apparu font une entrée type exposé Sciences Po. Sauf que le traditionnel « on a pu lire dans la presse » s’était transformé en « j’ai pu lire la polémique sur Twitter ». Les temps changent, les mécaniques restent.

Première annonce : le lancement de la plateforme « les créateurs de possibles » dans les 48h.Pourquoi donc cette sortie en catimini alors que le site était à l’origine prévu pour mi-novembre ? Réponse de @NK_M :

« des débats internes ont eu lieu, des éléments techniques étaient à affiner, des enquêtes qualitatives surtout nous ont permis de voir que quand les gens étaient entrés dans le portail « ils aimaient bien ». Or le problème concern(ait) les 45 premières secondes jugées trop « compliquées » pour le groupe test. »

NKM et Benoist Apparu étaient raccord sur la plateforme de message. Avec « les créateurs de possibles », l’UMP voudrait « prendre tous les risques ». En clair :

  • Pas de modération sur noms
  • Pas de modération a priori

La surveillance sera opérée par 3 personnes à temps complet. A noter que l’UMP est en train de monter aussi une web agency interne notamment pour son site de marque.

Cette posture constituerait une révolution culturelle, puisque comme le signale Benoist Apparu, « un parti politique n’est pas ouvert, et peut ressembler à un « club service de gens qui restent entre eux ». »


Démo des Créateursdepossible.com (UMP)
par Netpolitique

Et surtout cette plateforme ne ferait sens pour l’UMP que si elle découle sur de l’action concrète, locale. NKM démine la polémique suscitée par Christophe Lambert dans le Canard Enchaîné en juillet 2009 :

« Nicolas Sarkozy confie à Christophe Lambert la création de son site de campagne pour 2012: ouverture en octobre ! « Les créateurs du possible » (c’est son nom !) sera à mi chemin entre Meetic (sic) et Facebook »

NKM l’affirme donc : pour un parti politique, cette plateforme ne saurait être seulement un site de rencontre, ni un réseau « pour trouver du boulot ». Ce ne serait pas non plus un réseau généraliste comme Facebook. Le cœur de la plateforme : c’est l’action. L’objectif, c’est de créer des communautés d’action. Prix du site : 500 000 €.

L’analyse de départ de NKM et Apparu semble juste : les partis politiques français sont très faibles sur le web :

  • le site de l’UMP génère 125 000 Visiteurs Uniques par mois
  • Le PS 150 000

(On omet par contre de mentionner le cas d’Europe Ecologie, mais passons).

La stratégie parait simple : attirer à l’action politique des gens qui ne sont pas des militants

  • au cœur, il y aura donc ce site de débat. Chaque semaine, l’UMP met en avant une question et les internautes sont ensuite appelés à participer
  • tout reposera sur une communauté d’actions citoyennes. Benoist Apparu va vite en besogne en signalant qu’il ne s’agira pas « d’imposer un projet à des militants » en faisant un copié collé de l’expérience Obama car ceci serait culturellement compliqué. Rappelons cependant du factuel : c’est parce qu’Obama a délégué une partie de sa réputation que les « militants » ont été investis à divers degrés afin de propager la bonne parole au niveau local. Il y avait donc une proposition de valeur autour du mouvement où le « parti » n’imposait pas l’action mais au contraire la recevait et aidait à son amplification

Le focus sera fait sur les initiatives locales via un système de géolocalisation. « On ne veut pas des pétitions de principe au niveau national » NKM.

L’équipe prend un exemple concret avec Jean Dupont qui ouvrirait une initiative du type « je veux faire rénover ma salle de classe »

L’UMP va alors fournir un kit (exemple type de lettre à adresser au  Maire etc.) au citoyen, qui va ensuite appeler ses contacts à rejoindre son réseau et à signer sa pétition.Un kit, mais pas des hommes…

Il y aura a priori aussi une application pour iPhone (et pas smartphone). Je doute cependant de l’intérêt de le restreindre à ces seuls possesseurs (seulement 2 millions vendus en France) mais ça fait sûrement bien dans les réunions de militants :p

Il n’y aura pas de logo UMP mais un logo « créateurs de possibles », partant du constat que les gens sont rebutés par l’idée même de parti.

J’ai posé la question de savoir quand en tant que citoyen actif sur cette plateforme je pourrais avoir le soutien de l’UMP afin de défendre ma « cause » au niveau local. Réponse : il s’agirait d’un espace pour organiser les interpellations pour pouvoir les entendre. A savoir que si une mobilisation locale regroupe 500 personnes, il s’agirait d’une forme de pression sur les personnes mises en cause au niveau local

  • du lobbying citoyen qui permettrait de palier les contraintes du mandat impératif
  • une plateforme isolée de la Fédération Numérique de l’UMP ou des initiatives de certains groupes sur Facebook et consorts

…donc pas d’engagement formel de la part de l’UMP à m’aider.

Le community management, pourtant clé pour ce type de plateforme, n’a pas été abordé :

  • comment faire émerger certains profils « influenceurs » et les mettre en avant ?
  • comment faire pour qu’un Maire visé qui souhaiterait répondre à une attaque puisse le faire pas seulement comme « une réponse parmi 10 000″ ?
  • comment faire pour que cette plateforme soit un carrefour non pas seulement émetteur vers les réseaux sociaux mais plutôt réceptacle des conversations qui ont déjà lieu ?
  • quel va être le rôle concret des référents numériques dans chaque département ?

NKM et Apparu relativisent ces enjeux. Il s’agirait pour l’UMP surtout d’un « un outil de formation interne« . L’autre élément est que cette plateforme vise à pouvoir construire un programme en s’inspirant des débats nés sur la plateforme.

Que retenir, ipso facto ?

  • on tambourine que l’UMP prend un risque. Il ne s’agit pas de risque, il s’agit de préparation sage et maline de 2012 et surtout 2017
    - l’UMP va pouvoir avec cette plateforme modeste commencer à tester une forme de démocratie participative, forme qui est loin d’être encore naturel à l’interne
    -l’UMP ne vise pas des millions d’utilisateurs, mais les quelques milliers qui peuvent faire pencher la balance sur des élections présidentielles. Rappelons que pour beaucoup de théoriciens, une élection se joue à quelques centaines de milliers de votants, pas à 60 millions
    -l’UMP ne vise pas dans cette plateforme à faire communiquer ses militants (et donc à devenir public) mais à s’octroyer un capital sympathie auprès des sans-cartes
  • On peut aussi se dire que NKM continue un peu plus sa marche vers un statut présidentiable. Si Sarkozy a été l’intuitif génial des médias, pourquoi NKM ne deviendrait pas cette intuitive géniale du bouche-à-oreille
  • s’il s’agissait simplement de se nourrir de l’opinion des individus, pourquoi l’UMP n’aurait tout bonnement pas mis en place un système de monitoring poussé ?
  • cette plateforme qui repose sur le mythe du « quand on veut on peut » sera surtout l’occasion de détecter de nouveaux relais d’opinions locaux et de mailler plus profondément la France en bypassant le système institutionnel encore favorable aux barons du PS. Du Gerrymandering au Socialmandering ?

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