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Spider-Man en blu-ray : Raimi s’amuse

Publié le 10 janvier 2010 par Vance @Great_Wenceslas

Une chronique de Vance

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Les vacances, c’est aussi, chez nous, le moment privilégié pour le visionnage des sagas cinématographiques. Ainsi, après le Seigneur des Anneaux en version longue, et avant la première Trilogie de Star Wars (celle que certains considèrent encore comme la seule et l’unique) – deux moments très forts, deux souvenirs impérissables dans une installation enfin correcte – nous nous sommes tournés vers la trilogie Spider-Man, disponible en blu-ray.

Trois films déjà vus au ciné et, contrairement aux trilogies précitées, trois œuvres mises en scène par la même personne. Sam Raimi. Qui a tenu en 2009 a montré qu’il demeurait, envers et contre tout, un maître dans le genre horrifique (malgré des défauts évidents, Jusqu’en enfer en remontre à une grande majorité de productions trop orientées spectacle, manquant de punch, d’audace et de savoir-faire).

Comme pour tous les grands films, on en redécouvre à chaque fois. Le premier film était déjà une réussite incontestable : on peut gloser longtemps sur le casting, mais il n’empêche que si Kirsten Dunst est assez loin de la figure de rousse explosive qu’on voyait en Mary-Jane, elle remplit son office avec application : le pari scénaristique de la propulser grand amour de Peter Parker en combinant son statut dans le comic-book avec celui de Gwen Stacy (qui fait une apparition, tout en contrepoint, dans le troisième film, sous les traits de la craquante Bryce Dallas Howard) était aussi osé que nécessaire. Tobey Maguire, vilipendé par de nombreux fans, presque aussi hostiles à son choix que d’aucuns l’avaient été à l’époque où celui de Tim Burton s’était porté sur Keaton pour le rôle de Bruce Wayne, s’avère finalement un très bon compromis : le comédien, à la larme facile et convaincante, confirme un talent qui avait irradié l’écran dans l’excellent mais peu connu Pleasantville. Il incarne un Parker à mi-chemin entre le frêle adolescent des tout débuts (dans le duo Stan Lee/Steve Ditko) et le jeune homme un peu plus aguerri et good looking de la période Romita, au visage agréable et au corps plus massif. De quoi faire de l’œil aux amateurs irascibles de la première époque, celle d’avant McFarlane et ses « toiles spaghetti ».

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Mais la réussite de Raimi ne tient pas seulement au casting, ni même à sa manière de coller aux affres de la vie adolescente que traverse le jeune Parker. Elle tient également dans sa gestion du spectaculaire, du sensationnel (autant de qualificatifs qui ont accompagné les publications sur l’Homme-Araignée) : nanti d’une caméra ultra-dynamique, il suit les évolutions acrobatiques d’un être véritablement incroyable, le collant, le précédant, se faufilant à travers les voitures, les passants et entre les bâtiments avec une aisance frisant le surnaturel. La gestion des effets numériques est impeccable, tant on prend plaisir à voir enfin retranscrites à l’écran les capacités hors du commun de Spider-Man. Son agilité, ses réflexes, son sens de l’équilibre, sa vitesse d’exécution transpirent avec flamboyance – c’est même, chose remarquable, plus performant qu’en animation ! On sent également que la force du super-héros a été baissée d’un cran : il peut soulever des poutres, des voitures mais s’avère incapable d’assommer le Docteur Octopus alors qu’il l’avait à sa merci et lui assénait une série de coups de poings théoriquement dévastateurs. Seule ombre au tableau : le spider-sense fait cruellement défaut. Présent et utile dans le premier volet, il permet à Peter de sauver sa bien-aimée dans le second (en lui évitant d’être percutée par une voiture lancée dans une vitrine) et disparaît carrément dans le troisième film. Sans doute par facilité.

Mais ce qui m’a le plus enthousiasmé, c’est cette faculté particulière qu’a Sam Raimi de jouer avec les codes, d’instiller des traits d’humour (parfois forcés mais toujours réjouissants) et de rendre hommage aux grands classiques. Regardez la « résurrection » de Doc Ock, en salle de réanimation : la manière dont les tentacules en adamantium autonomes s’en prennent aux médecins et infirmiers, avec ce montage oppressant, ce cadrage savant  sur des visages terrifiés et ce jeu d’ombres, est typique des films d’horreur. Raimi s’amuse, comme à chaque fois qu’il nous gratifie d’une séquence (absolument délicieuse dans le 2e volet) avec son jumeau de cinéma, Bruce Campbell. Qu’il soit ouvreur au théâtre ou maître d’hôtel dans un restaurant français chic, le héros de Bubba Ho-Tep est tordant.

Terminons ce tour d’horizon avec des seconds rôles accrocheurs, un James Franco qui s’impose progressivement (plus cool que l’Harry Osborn de la série, mais plus dense également en reprenant à son compte quelques traits de caractère de Flash Thompson) et une Tante May délicieuse qui parvient à faire passer ses gentils sermons avec une certaine grâce.

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Qu’apporte le blu-ray ? D’abord, les couleurs. Vives, éclatantes sans être flashy, elles ancrent encore davantage le film dans son rôle d’adaptation de comic-book. Certes, le Bouffon vert est encore plus ridicule dans son costume criard mais les reflets de ses différents artefacts meurtriers donnent à son arsenal un aspect plus technologique que gadget. Les bras de Doc Ock sont très réussis également, tout comme les différentes transformations de l’Homme Sable (bien que les grains vus en très gros plans aient vraiment du mal à être réalistes). L’environnement sonore est somptueux avec des basses terribles, mais plus particulièrement sur le 3e épisode. On distingue beaucoup plus les petits bruitages qui rappellent les onomatopées de la BD (comme le « thwip » des lance-toiles). L’impression de vitesse est maintenue malgré une plus grande netteté dans les séquences de pure action – où l’on remarque que les incrustations sont en général bien maîtrisées.

Au final, malgré un dernier volet un peu malade, disproportionné et déséquilibré, on obtient une trilogie super-héroïque de grande valeur et de grande tenue, bondissante, virevoltante et très actuelle, tout en respectant ses glorieux aînés de papier.


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