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Mee Pok Man : Solitude toujours... [Cycle Singapour, Malaisie]

Par Diana
Mee Pok Man : Solitude toujours... [Cycle Singapour, Malaisie]Invité d’honneur tant attendu (du moins pour Made in Asie, d’ailleurs je n’ai pas hésité à faire ma groupie et j’assume !), Eric Khoo est venu présenter dans le cadre du cycle Singapour, Malaisie, son premier long métrage Mee Pok Man (1995).
Mee Pok Man : Solitude toujours... [Cycle Singapour, Malaisie]Mee Pok Man est un jeune homme simplet qui travaille dans une échoppe de nouilles. Il tombe amoureux de l’une de ses clientes, Bunny, une prostituée.
Ce premier essai est marquant parce qu’il porte déjà la dimension du travail du cinéaste singapourien, de part sa réalisation, ici quelque peu plus atypique que dans ces récents longs (Be With Me, My magic), et de part son inspiration à des thèmes récurrents : la solitude, l’incommunicabilité avec un environnement…
Mee Pok Man : Solitude toujours... [Cycle Singapour, Malaisie]On retrouve dans cet œuvre, ce même personnage simplet présent dans Be With Me et un même sujet qui semble guider le cinéaste : la solitude. Khoo par le biais de deux personnages très différents met en exergue cette souffrance invisible. Ainsi, pour Mee Pok Man, la solitude naîtra de la perte d’un père, cachant une forme de mutisme liée à un manque de repère identitaire. Le jeune homme ne vit que par l’intermédiaire de ce père disparu : le même métier, la même maison et une absence de lien social. A l’inverse, Bunny est une femme qui semble entourer, ses collègues, ses clients, sa famille, mais qui vit au fond le même mal être. Elle rêve de se défaire d’un métier qui la ronge chaque jour et l’a mène à d’interminables désillusions. Khoo dépeint dans cette première partie, des portraits saisissants de réalité. Par le biais d’une caméra intime, il suit ses personnages et le démon de la solitude qui les hante quotidiennement.
Mee Pok Man : Solitude toujours... [Cycle Singapour, Malaisie]Puis dans une deuxième partie on assiste à huis clos au rapprochement de ces deux personnages suite à l’accident de Bunny. On suit alors avec émerveillement et une certaine naïveté, le rêve éveillé d’un jeune homme qui voit son désir le plus fou se réaliser. Bunny, la femme dont il est amoureux est enfin à ces côtés, il peut la toucher, lui parler, la regarder, s’en occupé… Le cinéaste dresse le portrait touchant de cet être, mi homme, mi enfant, animé par une envie universelle qui est celle d’aimer et d’être aimé. On s’arrête l’espace d’un instant sur une scène bouleversante où Mee Pok et Bunny parlent lumière tamisée de leur rêve et de ce qui les anime. Un moment d’une rare émotion où la caméra et le jeu des acteurs ne font plus qu’un. Mais un moment de bonheur qui accusera une suite tragique. Un revirement où le cinéaste dépeint avec noirceur une fin des plus macabres, poussant la souffrance du jeune homme à son paroxysme.
Mee Pok Man : Solitude toujours... [Cycle Singapour, Malaisie]Eric Khoo livre une œuvre qui marque par sa sincérité et son originalité. Sa réalisation personnelle et subtile insuffle au film un vent de modernisme et un talent indéniable. La bande son parfois tonitruante, se veut quasi inexistante à certains instants où l’image prend place et prend toute sa dimension. L’acteur principal qui tient le rôle de Mee Pok Man est incroyable, touchant dans un jeu sensible et naturel. Un film qui touche et bouleverse, laissant un goût amer et une profonde tristesse à la fin de sa projection.
> Rediffusion le mercredi 17 février, 20h, cinéma 1
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Diana

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