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les J.O. ou l’illusion de la croissance sans limites à travers le sport

Publié le 04 août 2008 par Manstrau

LES JEUX OLYMPIQUES, l’illusion de la croissance sans limites à travers le sport.

L’homme est un corps et un esprit, » men sana in corpore sano » mais la citation latine a perdu son sens initial puisqu’il s’agissait de rechercher la santé de l’âme avec celle du corps.

Au fil du temps, finalement assez court de l’ère productiviste et capitaliste ( depuis environ 2, 5 siècles) les activités physiques nécessaires à la production économique ont très fortement diminué avec , en parallèle, le développement d’un activité physique de remplacement : le sport ; il faut bien continuer à maintenir le corps en état surtout depuis que l’homme passe le plus clair de sa vie assis, dans une salle de classe jusqu’à 22 ans, au bureau, dans sa voiture ou devant la télé.

C’est Pierre de Coubertin qui relança les jeux olympiques modernes en 1896 ; » l ‘important, c’est de participer » lui est faussement attribué mais en 1908, il reprend une phrase similaire de l’évêque de Pennsylvanie : « L’important dans la vie ce n’est point le triomphe, mais le combat, l’essentiel ce n’est pas d’avoir vaincu, mais de s’être bien battu ».Dès l’antiquité grecque, les vainqueurs tirent de grands avantages monétaires et honorifiques des jeux. Les J.O se sont professionnalisés entre 1988 et 1992 et sont devenus à présent, comme tout le sport professionnel une véritable industrie, avec ses investisseurs, ses entrepreneurs, ses cadres et ses médaillés, les meilleurs « ouvriers du monde » sportif.

Au delà de son aspect économique, le sport est un fait social total au service des pouvoirs en place qui en font une tribune comme les Romains le firent avec leur jeux du cirque. C’est la concurrence généralisée, dans le cadre des mêmes règles pour tous; cela rejoint le grand rêve des économistes libéraux avec leur concurrence pure et parfaite. Cela ressemble à l’alliance entre l’idéal du marché et l’idéal de la démocratie: égalité des conditions, du moins en apparence; rappelons que les grecs exigeaient que les différents athlètes soient présent à Athènes durant tout le mois qui précédait les jeux, ceci en vue de s’entraîner ensemble dans une saine émulation. Une telle présence s’imposera à l’avenir, sous télé surveillance ininterrompue, pour éviter l’absorption de produits dopants.

Cependant, contrairement à l’idéal démocratique, il n’y a pas d’alternative, de courants de pensée différents en sport comme dans les disciplines artistiques ( cf « la décroissance » N° 48 avril 2008), c’est donc plutôt l’alliance du marché et des régimes totalitaires, c’est donc bien les J.O de 2008 en Chine. Aucun objet, aucune idée nouvelle n’est crée par le sport, mais l’on ne cesse de créer pour le sport des biens ( combinaison de natation) ou des services ( coaching) qui n’ont guère d’application ailleurs que dans le sport. Il n’y a que la performance qui vaille ! D’ailleurs, même les artistes se laissent pervertir par la performance assimilée au sport dans les « performances » que réalisent certains peintres ou sculpteurs devant le public.

Le sport véhicule des valeurs très précises: la compétition, un monde formellement égalitaire sur la ligne de départ mais systématiquement fait de gagnants et de perdants à l’arrivée. Le marché envahit peu à peu la totalité de l’expérience sportive de tout individu: publicité omniprésente, y compris le naming = équipements sportifs baptisés du nom de marques, MMArena au Mans), clubs devenant des S.A. Le développement du sport semble nous ramener à l’aube du développement du travail ouvrier au 18 ème siècle: travail des enfants, rejet des sportifs hors-course, nombreux intermédiaires qui achètent et qui vendent du travailleur-sportif,… En même temps, il utilise tous les attributs contemporains du règne marchand au 21 ème siècle: marque, publicité vivante incarnée par des athlètes, branding = prétendre satisfaire le désir ( d’être jeune, svelte, puissant, résistant,…) à travers la couverture d’un besoin ( se chausser avec une paire de baskets). C’est la société du spectacle de Guy Debord pour des milliards de télé-voyeurs.

Ce spectacle sportif ajoute à une base éducative ( s’accomplir en luttant avec soi-même) un accomplissement guerrier: lutter et gagner contre les autres !

Le sport , c’est la forme moderne de la guerre: moins de morts, de nombreux blessés dans le stades et dans les tribunes, même dans les foyers ou se concentrent les blessures d’ amour propre des supporters invétérés. Les entraîneurs développent 1) la confiance en soi, 2) l’instinct de tueur ou « la rage de vaincre ».

Sans les droits de l’homme, les jeux olympiques prennent le risque de se séparer de leur base éducative, s’accomplir dans le respect des autres ou le concurrent devient partenaire de notre propre accomplissement physique, pour ne présenter que le combat entre nations.

Pour valoriser la base éducative, les J.O devraient récompenser tous le participants qui auraient amélioré leurs propres résultats- devenir meilleur- et pas seulement les 3 meilleurs- devenir le meilleur. Ce, d’autant plus, qu’il parait totalement illusoire d’améliorer sans cesse les performances sportives ( le saut en hauteur de 2,45 mètres de Javier Sotomayor n’a pas été battu depuis 1993 ) comme il paraît totalement illusoire d’avoir une croissance économique infinie.

Montpellier, le 5/05/2008. Gérard STRAUMANN [email protected]


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