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Vers l’Arabie heureuse ?

Publié le 14 janvier 2010 par Argoul

L’actualité fanatique a mis en lumière ce pays d’islam, coincé au fond de la péninsule arabique, traversé de shismes et de tribalisme, travaillé de retour littéral aux origines. Les Occidentaux étaient souvent vus comme des otages en puissance; ils apparaissent maintenant comme du bétail à égorger. C’est du moins ce que disent les médias. Or le Yemen est un peu plus compliqué que les raccourcis des pressés peu lettrés. Il suffit d’y avoir voyagé lorsque c’était possible. Sabine l’a fait. Réactualisons son voyage.

L’occasion de rencontrer la Reine de Saba, de traverser le désert le plus chaud du monde, le Rub Al-Khali, de se plonger dans une histoire millénaire, de découvrir une, non des architectures uniques au monde, le Yémen avec ses 21 600 000 habitants sur ses 527 968 km² m’attend. Bordé par l’océan indien et la mer Rouge, frontalier avec l’Arabie Saoudite, c’est un monde à lui seul.

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L’architecture yéménite devrait être un coup de cœur. Dans chaque région elle diffère. Les bâtisseurs locaux ont apporté une réponse appropriée au climat, à la topographie, à la culture, à l’histoire des habitants. Parmi les types de constructions : la terre, employée sur les plateaux descendant vers l’Est comme les villes d’Amran, de Saada; la pierre en montagne comme à Jibla; la paille, comme dans la partie africaine de la Tihama; le pisée dans l’Hadramaout; la brique à Zabid; la pierre et la brique à Sanaa.

Grâce à ces constructions variées, vous allez découvrir les éléments décoratifs, les ouvertures de chacun de ces types : portes travaillées, fenêtres diffusant la lumière, fenêtres donnant la vue, fenêtres-espions, fenêtres-vitraux (camaria), meurtrières…

Quelques traditions yéménites :

L’homme yéménite porte traditionnellement à la taille la jambia (prononcez djambia), poignard à large lame plus ou moins recourbée. Autrefois, elle était le symbole du passage à l’âge adulte pour les adolescents, mais de plus en plus d’enfants la portent maintenant. Elle avait une fonction qui s’estompe : la confisquer, la restituer… « La vendetta » fait toujours partie des relations intertribales.

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On parle de 20, 40 voire 60 millions d’armes pour les 21 millions d’habitants. Sur les marchés, aux bords des routes, on peut acheter des kalachnikovs, des grenades, des mitrailleuses, enfin tout ce qui est armement pour un petit billet de 100 $. Il est loin le temps de la jambia, elle ne sert plus qu’au décor et surtout à marquer le rang de l’individu. Certaines sont des œuvres d’art. Avec un peu de chance, le touriste peut admirer les hommes dans la danse de la jambia.

L’homme et la femme yéménite s’adonnent à « la passion verte », le qat. Stimulant proche des amphétamines, interdit car péché en Arabie Saoudite, prohibé comme substance toxique en France, le quat fait partie de la vie des Yéménites. Des chiffres ? On considère que 50 à 90% des hommes, 30 à 50% des femmes de plus de 18 ans le consomment, et que 15 à 20% des enfants de moins de 12 ans le mâchent. Le Coran n’apporte aucune lumière sur cette consommation particulière, sinon que, comme l’alcool, tout ce qui enivre et empêche l’homme de penser par lui-même est prohibé. Les gouvernements ont tenté de lutter contre ce phénomène, d’en limiter la vente, mais beaucoup de gens vivent de sa culture et de sa vente, alors… Si les hommes mâchent la verte dans la rue, les cafés, en conduisant, les femmes ont leur qat party dans leur coin à elles ou chez des amies. C’est un coupe-faim qui fait baisser le taux de cholestérol, ce n’est pas « une drogue », voici quelques-unes des qualités du qat décrites par le Yéménite, qui avoue dépenser la moitié de son salaire à la passion verte. Le qat a remplacé le café, il est beaucoup plus lucratif pour le cultivateur mais, à l’opposé, il faut pour le cultiver beaucoup d’eau dans un pays qui n’en possède pas beaucoup, et il prend la place des autres cultures, il est donc un frein au développement.

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Que produit le Yémen ? De l’encens, de la myrrhe, un peu de café, un peu de pétrole, et il surpêche des requins pour les ailerons… destinés à l’Asie chinoise, où la chose est considérée comme poisson à bander. Accessoirement quelques terroristes, comme l’a montré l’actualité de fin d’année.

Sabine


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