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Une flamme, chez moi

Par Venise19 @VeniseLandry
Une flamme, chez moiJ’interromps mes activités de petite bourgeoise qui reçoit de la visite, entre mon sucre à la crème et mon gâteau « fondant au chocolat », pour communiquer. Eh oui, toujours communiquer, cet acte si essentiel à la vie, et au peuple Haïtien, essentiel à la survie.
Bien évidemment je pense énormément à eux, je voudrais les oublier qu’une flamme, chez moi (photo ci-dessus au côté du Nègre Marron – réf. Fin du billet) me ramène inlassablement à ce qu’ils vivent. Je ne nourris pas de culpabilité d’être là où je suis, ça ne les aiderait même pas, je les remercie plutôt de nous apporter un état d’esprit précieux : relativiser nos malheurs.
Les mots que l’on emploie pour décrire ce cataclysme sont importants. Dany Laferrière nous donne sa vision et je l’aime cette vision, et je dirais même plus, je l’adopte.
Lorsque l'ambassade du Canada m'a proposé d'embarquer vendredi, j'ai accepté car je craignais que cette catastrophe ne provoque un discours très stéréotypé. Il faut cesser d'employer ce terme de malédiction. C'est un mot insultant qui sous-entend qu'Haïti a fait quelque chose de mal et qu'il le paye.
C'est un mot qui ne veut rien dire scientifiquement. On a subi des cyclones, pour des raisons précises, il n'y a pas eu de tremblement de terre d'une telle magnitude depuis deux cents ans. Si c'était une malédiction, alors il faudrait dire aussi que la Californie ou le Japon sont maudits. Passe encore que des télévangélistes américains prétendent que les Haïtiens ont passé un pacte avec le diable, mais pas les médias… Ils feraient mieux de parler de cette énergie incroyable que j'ai vue, de ces hommes et de ces femmes qui, avec courage et dignité, s'entraident. Bien que la ville soit en partie détruite et que l'Etat soit décapité, les gens restent, travaillent et vivent. Alors de grâce, cessez d'employer le terme de malédiction, Haïti n'a rien fait, ne paye rien, c'est une catastrophe qui pourrait arriver n'importe où.
(...)
Les Haïtiens espèrent beaucoup de la communauté internationale. Si des choses sont décidées à un très haut niveau, dans le cadre d'un vaste plan de reconstruction, alors les Haïtiens sont prêts à accepter cette dernière souffrance. La représentation de l'Etat, à travers le gouvernement décimé, étant touchée, c'est le moment d'aller droit vers le peuple et de faire enfin quelque chose d'audacieux pour ce pays.
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Il a une attitude de grand seigneur. Avant, je l’admirais, maintenant il m’impressionne. Quelle élégance d’esprit dans sa grande simplicité. Le positivisme d’un homme qui vit les yeux grand ouverts. Conscient. Continuer à être positif et être conscient, alors là, chapeau !
Il représente Une flamme, chez moià merveille cette flamme qui bouge sur mes murs à côté d’une statuette nommée « Nègre marron », une réplique de celle qui était encore en face du palais national à Port-au-Prince avant d’être détruite. La statue s'est effondrée mais pas ce qu'elle représente.
(Si vous voulez en savoir plus long sur cette oeuvre du sculpteur Albert Mangonès, en 1959, symbole de toute une nation et de toute une race - ici).
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Chantal Guy nous sort un ces papiers de journaliste, non ...non, je ne dirai justement pas de journaliste. Un papier d’être humain ébranlé, intitulé "N'y allez pas qu'ils disaient" qui n’utilise pas le ton neutre. Parce que dans certains cas, moi, ce ton de journaliste – qui plane au-dessus des choses – m’agace. Eh bien, ici, ce n’est pas le cas, pas le cas du tout, je vous invite à la lire.

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