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Les promesses de l'aube de Romain Gary

Par Sylvie

1960
La promesse de l'aube
Editions Gallimard, Folio
C'est le deuxième titre de Romain Gary que je découvre après La vie devant soi; son autobiographie, l'histoire de sa relation fusionnelle avec sa mère. Sûrement l'un des plus beaux récits sur l'amour maternel avec Le livre de ma mère d'Albert  Cohen.
En exergue, cette citation qui résume tout le livre :
"Il n'est pas bon d'être tellement aimé, si jeune, si tôt. Ça vous donne de mauvaises habitudes. On croit que c'est arrivé. On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver. On compte là-dessus. On regarde, on espère, on attend. Avec l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu'à la fin de ses jours. Après cela, chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous sert sur son coeur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus, jamais plus, jamais plus. Des bras adorables se referment autour de votre cou et des lèvres très douces vous parlent d'amour, mais vous êtes au courant. Vous êtes passés à la source très tôt et vous avez tout bu. Lorsque la soif vous reprend, vous avez beau vous jeter de tous côtés, il n'y a plus de puits, il n'y a que des mirages. "

Ce récit est l'histoire de la jeunesse de Romain Gary, de sa Russie natale jusqu'à la Seconde Guerre mondiale où il s'engage comme aviateur dans la Résistance. au centre de cette "aube" l'amour que lui porte sa mère qui rêve qu'il devienne un héros,  "un général, un Gabriele d'Annunzio, un Ambassadeur de France". Dès son plus jeune âge, le petit Romain s'essaie à toutes sortes de "génie potentiels" : violon, peinture, jonglage...mais très vite, c'est le virus de l'écriture qui le contamine...Lorsque la guerre se déclare, ,il promet à sa mère de devenir un héros, un gradé...
A travers cette histoire d'amour maternel, on découvre aussi l'histoire d'une famille d'immigrés, de Russie à la France, en passant par la Pologne. La mère lui fait aimer le mythe français malgré les déceptions.
Que dire de ce livre ? Il s'agit d'un véritable cri d'amour écrit dans une prose généreuse, lyrique. A une époque où la littérature française se veut minimaliste, quel bonheur de redécouvrir le verbe de Gary, tragi-comique, théâtral, souvent grandiloquent. La phrase s'élance, s'élève, l'auteur est emporté par son amour ou sa révolte.
On y découvre des summums de scènes burlesques comme lorsque sa mère débarque sur une piste d'atterrissage avec ses jambons, saucissons et pots de confiture. Ou alors qu'elle débarque avec les livres de Romain sur le marché de Nice et qu'elle invective les marchands... Comment ne pas oublier également le combat de Gary contre son occlusion intestinale, lorsque qu'il se dresse tout nu de son lit d'hôpital, avec son chapeau d'officier, alors qu'il reçoit l'extrême onction !
Tout le talent de Gary est dans ce ton tragi-comique...qui prouve, à l'opposé de Gide, qu'il peut y avoir de bonne littérature avec des bons sentiments...


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