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"Mes enfants ne font pas de bêtise !"

Publié le 20 janvier 2010 par Mamandurable

Emmanuelle Sallustro, présidente de l'association Idées parents, webmaster du site Maternage, et auteure du DVD Bien porter bébé.


Education respectueuse ou non-violente ou sans fessée … qu’est-ce que cela évoque pour vous ? Définition…
Aujourd’hui une évidence, il y a 15/20 ans une douce utopie !
Désormais, plutôt que éducation non-violente ou sans fessée je préfère parler de parentalité  positive. L’idée c’est de voir le rôle de parent comme un facteur positif qui ne va apporter que du bon à l’enfant, et à la relation parent-enfant qui pourra perdurer tout au long de la vie.
Longtemps on a cru que le rôle des parents était de modeler, de redresser, de corriger et cela a donné des siècles d’éducation violente dont on voit les conséquences aujourd’hui dans nos sociétés violentes, avides et égoïstes.
Aujourd’hui on sait comment l’enfant apprend (en observant et en imitant), c’est pourquoi on ne peut apprendre le respect à l’enfant qu’en lui donnant du respect, on ne peut lui apprendre à écouter et tenir compte des autres qu’en l’écoutant et en tenant compte de lui, on ne peut lui apprendre à réparer ses erreurs qu’en lui permettant de le faire et non en le punissant, etc…
Est-il facile pour les parents d’aujourd’hui de tendre vers ce type d’éducation ? Quelles sont les difficultés rencontrées?
Non ça n’est pas facile car nous reproduisons les modèles que nous connaissons qui sont composés principalement de l’éducation que nous avons reçue et des pratiques que nous avons pu observer autour de nous tout au long de notre vie.
Les parents aimeraient aujourd’hui pratiquer une éducation respectueuse avec leurs enfants mais ils ne savent pas comment s’y prendre et il leur est plus souvent facile de revenir aux méthodes coercitives qui fonctionnent le plus souvent à court terme (frapper un enfant ou le punir le fait obéir dans un premier temps puisqu’il n’a pas le choix et ne peut que se soumettre à son parent –qu’il aime et dont il a besoin ; mais cela crée de la défiance ou de le colère, cela diminue l’estime que l’enfant a de lui-même et sa confiance dans les autres, cela ne lui apprend pas comment se comporter). Il est en effet plus difficile de se remettre en question, de se questionner sur le niveau de nos exigences et sur la manière que nous avons de solliciter l’enfant.
Et les enfants eux… quel type de relation attendent-ils finalement de leurs parents ?
Les enfants attendent de leurs parents de l’amour et de la compréhension, qu’ils soient des guides bienveillants, qu’ils leur donnent l’exemple en se comportant avec eux de la manière dont il voudrait voir leur enfant se comporter. Les enfants apprennent en observant et en imitant. Si nous sommes toujours compréhensifs, indulgents, aimants, bienveillants, si nous n’avons pas des attentes impossibles (vouloir qu’un enfant de 18 mois ne touche pas à tout, qu’un enfant de 30 mois accepte la frustration sans broncher, qu’un enfant de 6 ans ne soit pas bavard, etc…), et si nous sommes toujours prêts à écouter sans juger par avance, nous pouvons mettre en place une relation basée sur la confiance et la coopération avec nos enfants en lieu et place d’une relation basée sur un rapport de force et de soumission.
Quelles pistes pouvez-vous donner aux parents qui souhaitent cheminer vers une « éducation respectueuse » ?
- S’informer sur la réalité de la nature des enfants (en lisant sur le net, des revues (L’enfant & la Vie, Grandir Autrement, Allaiter Aujourd’hui…) et des ouvrages) pour découvrir les besoins réels des enfants –et tout particulièrement des bébés- et savoir y répondre avec justesse.
- Lire des livres comme « Parents toxiques »,  tous les livres d’Alice Miller, « Oui la nature humaine est bonne » d’Olivier Maurel, et les livres d’isabelle Filliozat pour comprendre la portée de l’éducation et revisiter l’éducation que l’on a reçue.
- Se rendre à des groupes de parole de parents pour découvrir d’autres manières de faire avec les enfants et pouvoir poser ses difficultés sans être jugé.
- Suivre des ateliers de communication familiale (CNV, méthode Faber & Mazlish, méthode Gordon…) pour apprendre les ficelles de la communication non-violente.
- S’inscrire sur la liste de discussion Parents conscients pour trouver facilement du soutien au quotidien.
- Prendre soin de soi (surtout si nos parents n’ont pas pris soin de nous) en s’octroyant du temps pour soi, en s’occupant de soi, en se faisant plaisir (chacun à sa manière).
- Suivre une thérapie personnelle  –de préférence comportementale ou corporelle- si nos blessures d’enfance sont profondes et douloureuses et que nous n’y arrivons pas seul. Je pense personnellement que la guérison des blessures d’enfance passe obligatoirement par leur re-vécu afin de pouvoir pleurer ce qui n’a pu être pleuré sur le moment et enfin passer à autre chose.
Votre conseil-fétiche pour rester zen quand votre enfant fait une bêtise  (en une phrase)?
Mes enfants ne font pas de bêtise ! Pas plus que moi en tous cas !
Cette notion disparaît lorsque l’on comprend que l’enfant est né pour apprendre le monde, et qu’il met toute son énergie à le découvrir, avec des capacités qui évoluent tout au long de l’enfance et l’adolescence (par exemple vers 12/13 ans les enfants sont toujours très maladroits, c’est parce que leur corps grandit et qu’ils perdent leur repères corporels, si on ne le sait pas on leur reproche injustement d’être inattentifs). Et s’il écrit sur les murs c’est aussi « normal », le besoin de laisser sa marque est qqch d’humain, il faut lui apprendre où et comment le faire, et c’est ainsi pour tout.
Il n’y a pas de bêtise, ni d’erreurs, seulement de formidables occasions d’apprendre !
En grondant l’enfant, en lui reprochant d’être ce qu’il fait on le terrorise dans un premier temps ce qui l’empêche de tirer une leçon de la situation (il n’apprend donc pas comment se comporter) et, dans un deuxième temps, si cela est souvent répété, on abaisse l’estime qu’il a de lui-même car on l’empêche de se sentir adéquat (il ne fait rien de bien, il ne vaut rien).
La notion de caprice disparaît elle aussi totalement lorsque l’on comprend que l’enfant est, tout comme nous, un être de puissant désir, mais qu’il doit encore apprendre à composer avec les règles liées à la vie en groupe des humains et à accepter la frustration en la remplaçant par du rêve.
J’aime me dire que l’état de sagesse est un état de la fin de la vie, pas un état de l’enfance (j’espère être SAGE un jour lorsque je serai âgée !).
Voir un enfant sage me rend toujours très triste car je sais qu’il vit dans la peur et l’inhibition et qu’il lui faudra du temps pour s’en débarrasser.
Retrouvez les ateliers de soutien à la parentalité sur www.idees-parents.com et de portage en écharpe animés par Emmanuelle Sallustro sur www.bienporterbebe.com et www.peau-a-peau.be

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