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Miss tiny est nee au vanuatu et vous parle de sa madeleine de proust: le tuluk.

Publié le 10 mars 2008 par Misstiny

Je suis née au Vanuatu. Savez-vous comme c'est difficile de naître dans un pays que vous ne connaissez pas parce-qu'un jour il y a eu l'indépendance et que toute votre famille a dû le quitter? C'est mon cas. J'avais entre 2 et 3 ans lorsque j'ai quitté le Vanuatu et depuis, je n'y ai jamais mis les pieds. Je rêve d'y aller car même si je ne suis pas de sang mélanésien ou papou, sur mes papiers il y a écrit que je suis née à Port-Vila, VANUATU.
Je tire une certaine fierté à être née dans cet archipel qui baigne dans le Pacifique près de la Nouvelle-Calédonie. Il y fait bon vivre... "Arrête ton char Alexandra, tu avais 2 ans quand tu as quitté le Vanuatu et à 2 ans, personne ne garde de souvenirs". C'est étrange pourtant car je me souviens de choses précises qui m'ont marquées... la maison de ma mémé, les poussins dans la cour, la balançoire improvisée sous cet immense arbre, le chien errant qui me faisait peur, ma tatie Hua qui m'emmenait à l'épicerie acheter des bonbons... Il paraît que les adultes ont beaucoup de difficultés à se souvenir des expériences vécues avant l'âge de 3 ans, moi je les ai gravées dans ma mémoire. Peut-être parce-que ce sont pour moi des années bénites, des années de bien-être et d'insouciance. Un classement mondial établi par un groupe de réflexion, la New Economics Foundation, révèle que le pays où il fait le mieux vivre est... LE VANUATU!!! L'étude s’appuie sur des indices de consommation, de satisfaction de la population, d’espérance de vie... Les pays occidentaux sont très loin derrière. Oui, vous avez bien lu, le pays où la vie est rêvée est un pays où on vit encore de maniocs, de tarots et d'ignames, de poissons, de remèdes à base de plantes sauvages, de croyances insensées mais poétiques et où la monnaie d'échange la plus courante est le cochon sauvage. Ca fait réfléchir, nous, tristes asservis du portable, du pétrole et du temps qui file.
Je le reconnais, je suis fière de mon pays d'origine et suis triste de ne pas le mieux connaître.
J'aurais aussi aimé parler la langue des Ni-Vanuatu (nom des habitants du Vanuatu qu'on appelle aussi Vanuatuans), le Bichlamar. C'est une sorte de patois qui doit son influence à la présence anglaise en Papouasie-Nouvelle Guinée... On l'appelle aussi Pidgin English qui signifie "charabia". Mon bôpapa a très vite appris le bichlamar grâce à ma maman qui aimait l'utiliser lorsqu'elle ne voulait pas qu'on sache de quoi ils parlaient. Aujourd'hui, j'ai un bon niveau d'anglais et lorsque je repense à certaines expressions de ma mère, je comprends que ce n'était pas beau dans la bouche d'un enfant!!!
Mais je ne vais pas vous apprendre ces vilaines phrases. Je vais vous apprendre à dire "je t'aime" en bichlamar. Je vais même faire une déclaration à ma maman: "mama blong mi, mi lakem yu tumas". Littérallement, j'ai dit "maman à moi, moi aimer toi beaucoup". Remarquez le "Lakem" (lakém) qui est dérivé de l'anglais "To Like" et le "Tumas" (toumasse) qui vient de "Too Much".

Aujourd'hui, j'ai une pensée pour mes familles, famille Nguyen et famille Vaagahu: mes tontons et mes tantines (Hua, Palatino, Sergio, Margot, Angèle, Jean-Marie, Emilienne, Da, Mimi, Nathalie, Pierre, Jean-Pierre, Tanh, etc...), mes cousins et mes cousines (Jérôme, Bianca, Myrose, Sydney, Océane, Andréane, Julie, Christopher, Claude, Rose Marie, Jean-Michel et tant d'autres que j'oublie ou que je ne connais pas encore). On ne doit jamais oublier d'où on vient.

Chanson mélanésienne tiré de la Ligne Rouge: GOD YU TEKEM LAEF BLONG MI (Dieu, tu m'as pris la vie)

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TULUKS

La recette d'aujourd'hui est une recette typique de chez moi. Il s'agit du tuluk (prononcez toulouk). Le tuluk est souvent vendu dans les kermesses ou les fêtes de village. C'est un peu notre sandwich à nous. Il est composé de manioc râpé farci de viande cuisinée au lait de coco, le tout cuit à la feuille de banane. On cuit les tuluks enterrés sous des pierres chaudes. On se contentera pour notre part de les cuire à la cocotte.Voici une recette qui ne manquera pas d'intéresser les curieux et curieuses comme Véro, Mimosa, Pascale, Minouchkah, Paprikas, Céline, Calou mais aussi Annellenor, la droguée de lait de coco.
PS: les tuluks ressemblent aux tamales mexicains. La preuve est que les frontières ne servent à rien car nous sommes tous culturellement reliés.

Pour 4 tuluks:
-1 feuille de bananier
-1 beau tubercule de manioc
-100g de porc haché
-1 bel oignon vert
-1 grosse gouille d'ail
-1/3 de lait de coco en boîte
-sel, poivre

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Ma recette est un peu réalisée au nez et à l'oeil... Epluchez le manioc, rincez et râpez-le. Réservez. Hachez l'oignon vert (partie verte et blanche) et l'ail. Versez le lait de coco dans une casserole. Faites revenir 3 minutes l'oignon et l'ail haché dans le lait de coco. Ajoutez la viande et laissez cuire jusqu'à ce que la viande ait absorbé tout le lait. Salez et poivrez.
Otez la nervure centrale de votre feuille de bananier et conservez-la. Découpez 4 grands rectangles dans vos feuilles de bananier. Prenez un rectangle de feuille de bananier et passez-la sur la flamme de votre four. Cette action va ramollir la feuille et ainsi faciliter son pliage. N'hésitez pas à faire chauffer la feuille. La feuille de bananier est très humide et vous ne risquez pas de la brûler. Quand la feuille est molle, déposez-la sur votre plan de travail, déposez l'équivalent de 2 cuillèrées à soupe de manioc râpé sur le bord droit du rectangle. Tassez et formez un rectangle. Ajoutez la farce de porc au centre du rectangle de manioc. Tassez. Recouvrez de manioc râpé et tassez. Rabattez les bords de la feuille de bananier et commencez à rouler en serrant fermement. Fermez ce rouleau à l'aide d'un morceau de nervure mise de côté. Faites ainsi 4 tuluks. Faites cuire à la vapeur dans une cocotte minute durant 1 heure. Vous pouvez aussi cuire 2h à four moyen. J'ai passé mes tuluks 30 minutes à four moyen avant de les déguster mais ce n'est pas obligatoire. Sur la photo, j'ai ajouté du lait de coco et j'ai parsemé de persil haché mais c'était pour la photo. Il faut vraiment manger le tuluk comme un sandwich en ôtant petit à petit la feuille de bananier.
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Les astuces:
-la prochaine fois, je mettrai du gingembre et du persil histoire de varier les goûts.
-je vous donnerai aussi la recette d'une autre recette de chez moi: le lap lap et si vous n'avez pas de feuilles de bananier, essayez le papier cuisson mais la feuille donne un goût particulier et inimitable.

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