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Petit-déjeuner chez Tiffany…

Publié le 24 janvier 2010 par La Fille Aux Chaussures

Petit-déjeuner chez Tiffany…

Quel bonheur fut la lecture de cette petite nouvelle. J’avais encore à l’esprit – en la débutant – le film de Blake Edwards : un tourbillon d’élégance, de légèreté, de mondanités. Le livre de Truman Capote est bien différent, tant celui-ci nous livre un récit doux-amer, rempli de nostalgie.

L’histoire nous est racontée par le narrateur, un jeune écrivain. Il se souvient de sa jeunesse et surtout, de sa jeune et fantasque voisine : Holly Golightly. J’avoue m’être reconnue en elle. Est-ce pour cela que ce petit livre m’a autant touchée? Je ne sais pas.

Holly est une femme-enfant, fantasque et imprévisible, rétive à toute morale qui restreigne sa liberté. Elle adore traîner chez Tiffany, parce que tout y est beau. « Ce que j’ai trouvé de mieux c’était de prendre un taxi et d’aller chez Tiffany. Ca, ça me calme immédiatement. La sévérité, l’air de supériorité. On a le sentiment que rien de très mauvais ne pourrait vous atteindre là, avec tous ces vendeurs aimables et si bien habillés » (ce passage m’a renversée tant j’ai eu l’impression que je l’avais écrit). Mais cette fausse ingénue est comme beaucoup de gens frivoles, beaucoup plus grave que ce qu’elle affiche avec impertinence. Elle utilise les gens et n’hésite pas à leur servir l’histoire qu’ils attendent, à leur mentir pour mieux les contenter. Car son plus gros problème, c’est – et ce malgré la cour qui l’entoure nuit et jour – qu’elle n’a personne à aimer. Personne sur qui se reposer. C’est l’absence d’attache qui la conduit à une existence de courants d’air. L’épisode du chat noir abandonné à Harlem est poignant.

Nous ne suivons pas ici le parcours d’une jeune fille futile comme pourrait nous laisser croire la photo mythique d’une Audrey Hepburn, robe noire et Ray Ban vissées sur le nez. Au contraire nous suivons plutôt le parcours désespéré d’une créature blessée, irrémédiablement marginale.

Un ami, elle en a peut-être un. Le narrateur. Car entre elle et lui, une amitié réelle s’établit. Se révèle alors une Holly plus grave, essentiellement préoccupée par l’idée de trouver la paix intérieure. C’est d’ailleurs lui et lui seul qui l’accompagnera prendre son avion pour le Brésil.

On ne peut s’empêcher de comparer l’auteur, Truman Capote, avec son héroïne. Ecrivain abandonné par ses parents, s’enivrant de mondanités et de snobisme durant ses années de gloire, et mourant seul d’une overdose médicamenteuse à soixante ans…

Un vrai chef d’oeuvre donc. Qui vous plongera dans l’Amérique glamour des 50’s, à une époque où les hommes étaient chapeautés, les femmes gantées et les lèvres vermillon.

« Petit-déjeuner chez Tiffany » de Truman Capote – Ed. Folio Deluxe – 9,20 euros.
Prochaine lecture : « Contes à faire rougir les petits chaperons » de Jean-Pierre Enard.

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