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Tentative de Carjacking chez Renault

Publié le 25 janvier 2010 par Copeau @Contrepoints

Tentative de Carjacking chez Renault.

Le gouvernement Français essaie de s'emparer du volant. Un dirigeant du constructeur déclare que le manque de compétitivité est du à la fiscalité bien plus qu'aux salaires.

A l'occasion d'une déclaration off, face à des journalistes, le 15 janvier, le ministre de l'industrie Christian Estrosi a affirmé que c'est lui-même et le Président Nicolas Sarkozy qui prennent les décision industrielles chez Renault. Christian Estrosi fut rapidement rappelé à l'ordre, mais Renault était furieux.

L'accrochage a été déclenché par un rapport, selon lequel Renault envisageait de déménager la production de la prochaine version de la Clio, son modèle le plus vendu, à Bursa en Turquie.

Le gouvernement a alors intimé l'ordre à Renault d'abandonner ce plan et a convoqué le PDG, Carlos Ghosn et le DG, Patrick Pélata, à l'Elysée le 16 janvier. La commissaire européenne à la concurrence, la néerlandaise Nelly Kroes, a alors menacé de lancer une action contre ce qui pourrait être une infraction aux règles de la concurrence de l'Union Européenne. Aujourd'hui, Renault fabrique déjà un peu plus de la moitié de la version actuelle de la Clio à Bursa en Turquie ; deux cinquièmes sont produits à Flins près de Paris, et le reste en Espagne. Un des plans soumis à discussion prévoyait de produire toutes les Clios en Turquie. D'après Renault, il en coûte 10% de plus de fabriquer un véhicule à 14.000 Euro en France que dans des pays comme la Slovénie, où il a aussi une usine. La fiscalité, et non pas les salaires, est responsable de la majeure partie de cette différence. Pour des petites voitures, sur lesquelles les marges sont particulièrement minces, une différence de 1.400 Euro peut facilement faire la différence entre un profit ou une perte.

Pendant plus d'une décennie avec l'Etat comme actionnaire majoritaire (suite à sa privatisation en 1996), Renault n'a jamais subi une telle ingérence. Christian Estrosi a même appelé à augmenter la part de l'Etat dans le constructeur au-delà des 15% actuels, mais le ministre du budget a mis fin à de telles velléités. Le prêt récent de l'Etat de 6 milliards d'Euro à l'industrie automobile a été fait contre la promesse de ne fermer aucune usine en France, mais le futur de Flins n'est pas en doute : l'année prochaine elle va commencer à produire la Zoé, le nouveau modèle électrique, dont le succès commercial dépendra probablement de lourdes subventions.

Face à cette agitation, Renault a à peine bougé d'un pas. Il a accepté de continuer à fabriquer une partie des Clios à Flins en complément de la production en Turquie, mais a refusé de préciser dans quelle proportion, ou pour combien de temps. Il pourrait, cependant, créer un nouveau comité au niveau du conseil d'administration, pour discuter de la politique industrielle avec les deux représentants de l'Etat au conseil d'administration. Mais les dirigeants de l'entreprise pensent que l'intérêt politique va rebaisser après les élections régionales de mars 2010. « Il est hors de question que le gouvernement prenne des décisions industrielles chez Renault » affirme un dirigeant proche de l'entreprise.

Adapté de The Economist.

Image : Logo de Renault, tous droits réservés


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