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Le MCVd en gestation ?

Publié le 25 janvier 2010 par Alain Hubler

Le MCVd en gestation ?C’est avant-hier, samedi, qu’est tombé dans ma boîte électronique – comme dans celle de tous les conseillers communaux lausannois – le courriel d’un certain Jean-Pierre Macdonald qui s’exprime au nom d’un mouvement dénommé Eveil-Citoyens.

Le monsieur, ancien journaliste à La Tribune et à Terre & Nature, se proclame «maître des dépêches» ou «maître des écritures», excusez du peu, de l’association qui «se veut mouvement de réflexion entre citoyens de bonne volonté et conscients de leurs devoirs envers la société» et qui semble être liée à la Grande Loge Suisse Alpina.

Dans son courriel, M. Macdonald revient sur l’agression au couteau subie par deux jeunes gens sortant d’une boîte de nuit de la rue St-Martin à Lausanne et livre, en pièce jointe, une série de quatorze réflexions censées faire avancer le débat sur l’insécurité réelle ou ressentie.

Eveil, citoyenneté, réflexion … Le menu paraissait alléchant.

Las, une lecture attentive du document du «maître» n’allait pas manquer de décevoir. Entre amalgames, accusations infondées et approximations, le texte qui se veut être une réflexion ressemble beaucoup plus à un procès-verbal de discussion de bistrot qu’à autre chose.

Les réflexions de l’ancien homme de presse commencent fort : il s’en prend à ce qu’il appelle la «lâcheté d’un terme», c’est-à-dire au manque de courage avec lequel la notion d’«incivilité» serait, selon lui, utilisée :

Jusqu’à quel degré de criminalité, la lâcheté et la contamination idéologique d’un terme, tel que celui d’incivilités, couvrent-elles l’atteinte à l’intégrité des personnes, et partant, au droit ?

Pas de chance, après avoir épluché les articles de presse consacré à cette attaque à l’arme blanche, personne n’a parlé d’«incivilité». Mieux, même si aux yeux de la famille des jeunes agressés et de leur avocat, voire aux yeux du juge d’instruction en charge du dossier lui-même, le chef d’inculpation est peut-être inadapté, ce dernier a qualifié les faits de «lésions corporelles qualifiées» (avec arme) et pas d’«incivilité». Macdonald commence donc son réquisitoire en arrangeant les faits à une sauce qui ne peut qu’aller au feu !

Toute la suite du texte du « maître » sera marquée du sceau de cette tentative d’emberlificoter les faits, à l’image de sa troisième réflexion qui interroge : «Incivilité ou tentative de meurtre ?» Comme si on n’avait pas compris la première fois.

Ensuite, notre penseur citoyen dissocie les éléments (l’agresseur a reconnu les faits, il n’est pas récidiviste, il ne présente pas de risque de récidive, ni de collusion), qui ont conduit le juge d’instruction à remettre en liberté les agresseurs. À titre d’exemple, voici le titre de sa quatrième réflexion : «la première fois ne compte pas» qui sous-entend que n’importe quel acte criminel ou délictueux devrait être traité avec la même fermeté que ce soit une «première» ou une «habitude».

Par la suite, Macclownald s’en prend, pêle-mêle, à la presse qu’il accuse de se censurer et de ne pas révéler, comme la police, l’origine des criminels – ah oui, le planteur ne sont pas de chez nous ! –, puis au juge d’instruction dont il met en doute la légitimité à s’interroger sur le bien-fondé du chef d’inculpation qu’il a choisi.

D’amalgame en affirmation péremptoire, l’ancien journaliste (!) affirme que, sans les articles de 24 heures, le juge d’instruction ne se serait sans doute pas posé de questions sur sa pratique, qu’au lendemain de la votation sur les minarets tout cela ne peut qu’aviver le «racisme pulsionnel» – le racisme «raisonné» est-il préférable ? –, que la responsabilité politique est en jeu «parce que l’indignation populaire, qu’elle soit fondée ou pas, conduit à la dérive démocratique.»

Cerise sur le gâteau, le «maître des écrits» suspecte la justice et la police de regarder à deux fois avant de mettre un délinquant en taule afin d’éviter la «crise du logement carcéral».

Un sacré rigolo ce Macdonald qui, s’il n’était pas pathétique dans ses analyses, pourrait nous faire rire – jaune – comme son presque homonyme prénommé Ronald.

J’étais sur le point de me dire que j’avais perdu mon temps à lire ces quatre pages de «réflexions» lorsque je suis tombé sur celle qui concerne plus particulièrement le microcosme politique lausannois. Elle vaut son pesant d’arachides grillées et je vous la livre en version intégrale :

«À briser l’écran!» Voici comment certains, très intéressés par la vie lausannoise, ont réagi à suivre, les débats de mardi 19 janvier, du Conseil communal de Lausanne, sur la TV locale. Dans cette salle vénérable, massacrée en cantine d’entreprise, dont certaines travées semblent avoir été squattées par d’aoûtiens pique-niqueurs, à juger de leur tenue, le débat sécuritaire s’est pesamment déroulé entre ceux, généralement en cravate, et ceux qui font du col ouvert, une profession de foi. Une résolution a été votée, exact reflet des positionnements pré-électoraux. Les braves gens seront rassurés : la municipalité suivra des «pistes de réflexion». Si l’une d’elles, indiquait la porte de sortie …

Passons sur l’incivilité caractérisée que constitue la destruction d’un écran de télé, sur les considérations esthétiques à propos de la salle du Conseil et vestimentaires sur les uns et les autres pour se pencher sur la critique centrale qui pèse sur les élus locaux.

Macclownald se gausse du fait que la résolution votée par le Conseil communal se limiterait à «réfléchir» – sous-entendu sans rien faire d’autre que réfléchir – sur la problématique, ce qui, soi dit au passage, est exactement ce que vient de faire notre pourfendeur dans son «analyse». Là encore, nous sommes face à une interprétation biaisée d’un texte pourtant clair : «Le Conseil communal souhaite que la Municipalité porte une réflexion rapide en proposant des mesures actives contre le port d’armes blanches et d’armes à feu, par les personnes qui participent à la vie nocturne lausannoise, pour améliorer la sécurité en ville de Lausanne.» Il ne s’agit donc pas de réfléchir seulement, mais aussi d’agir. On pensera ce que l’on voudra de cette résolution, mais une chose est certaine, elle ne demande pas seulement de gamberger, mais aussi de faire. Le Syndic l’a d’ailleurs bien compris puisqu’il s’est engagé à faire un inventaire rapide des moyens d’actions à disposition.

La tête pensante d’Eveil-Citoyens est donc complètement à côté de la plaque et ne fait, par son verbiage inconsistant et provocateur, que de jeter de l’huile sur un feu que d’autres entretiennent patiemment depuis trop longtemps. Mais là où le clown triste se fait – peut-être – sournois, c’est dans son analyse politique de la situation : en appelant les politiques actuels à se retirer et en brandissant la menace d’une déferlante de la droite nationaliste aux prochaines élections, on peut se demander si notre citoyen pas très réveillé n’est pas en train de préparer la venue d’une nouvelle force politique dans le canton : le clone vaudois du MCG.

Réponse en 2011.


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