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Dés de poulet façon mégère; Liu Xinwu

Par Sylvielectures
A l'heure où l'on nous parle de Pékin et de l'organisation des Jeux Olympiques, où les autorités chinoises organisent les grands travaux pour un enjeu plus politique que sportif, où fleurissent dans la presse des articles nous disant que le boycott ne servirait à rien, (cf. Courrier international, 2 au 22 août 2007), il fait bon lire ce petit roman bien construit, qui nous propose un reportage documentaire plein d'humour et de poésie sur la vie en banlieue de Pékin et la condition des travailleurs venus des campagnes, considérés comme des sous- citoyens.
On y découvre des personnages hauts en couleur, qui luttent pour survivre et s'intégrer dans cette ville en mutation, où le capitalisme le plus radical fait ses choux les plus gras sur le non statut des paysans ou fils de paysans venus tenter leur chance en ville.
Ce sont des migrants intérieurs, qui essaient d'obtenir des papiers de résidents temporaires, qu'ils n'arrivent souvent pas à obtenir, et qui du coup, se retrouvent citoyen de sous-catégorie, à la merci de quiconque veut les renvoyer dans leurs terres lointaines et misérables.
Ce petit voyage dans la Chine du 21e siècle est très instructif et ne manque ni d'humour ni de tendresse. A travers 14 chapitres portant chacun un nom de plat, nous découvrons une journée dans un complexe résidentiel qui vient de surgir de terre.
Le récit s'organise autour du restaurant, lieu de rencontre des résidants plus ou moins fortunés et des travailleurs migrants, embauchés au restaurant ou en tant que vigile du complexe. Parmi eux, un jeune couple d'amoureux organise pour la soirée, l'anniversaire du tourtereaux qui veut en profiter pour annoncer ses fiançailles à ses compagnons d'infortune.
J'ai aimé la justesse avec laquelle l'auteur parle de la vie difficile de ces gens, souvent très jeunes, en même temps que de leurs bonheurs simples, et de l'espoir qui les anime.
Je me suis régalée aussi dans la description des plats qui ponctuent le récit et donnent l'appétit! ah... la cuisine chinoise...
et" le poulet façon mégère", me direz vous, ça ressemble à quoi ? et bien voilà que je vous le livre :
"En fait, s'il est si délicieux, c'est que j'y ai mis du mien aussi; Comment dire , c'est moi qui ai préparé les ingrédients. Couper les filets de poulet en dés, jusque là, rien d'extraordinaire, mais pour les préparer façon mégère, là, c'est une autre affaire. Comment mélanger dans des proportions adéquates tes piment, poivre, clavalier, ciboule, gingembre, ail, coriandre, anis, tige d'armoise , Les ingrédients, c'est mon travail à moi, mais la cuisson, c'est à la main incomparable de Huli qu'on la doit. Peu importe la quantité de poivre ou de piment, ce qui compte, c'est qu'une fois passé par la casserole et posé dans votre assiette, c'est croustillant à l'extérieur, tendre au dedans, parfumé et savoureux. en réalité, cette mégère n'est pas si agressive qu'elle n'en a l'air. Lorsqu'elle se manifeste, ce sont les fonctionnaires cupides et et corrompus qu'elle invective. ce sont les commerçants malhonnêtes qu'elle insulte. Quand ses paroles atteignent leur but, on se sent joyeux ! soulagé ! Heureux ! Satisfait!
Sur ce, tout le monde l'acclama et l'applaudit avec force en crient : "Servez-le nous vite, servez-le nous vite !"

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