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Apple sauveur de la presse, Google ennemi des contenus : la messe est dite…

Publié le 27 janvier 2010 par Wavebygoogle

Google est systématiquement montré du doigt par les organismes de presse comme l’ennemi à abattre. Procès contre La Martinière, contre des organismes de presse belges, contre des éditeurs français, contre la FIEG italienne, tous les institutionnels de la presse écrite européenne montent au créneau, prêts à brûler la firme de Mountain View sur la place publique. Pour Apple, par contre, la météo est au beau fixe et sa tablette est attendue comme le messie par des publications en peine de modèle économique depuis l’arrivée d’internet.

Apple Tablet iSlate

Je pense que la couverture presse concernant l’annonce de l’iSlate (si c’est ce qui va être annoncé, nous en sommes pas sûr à l’heure où j’écris ces lignes) va encore être une preuve de l’objectivité dont est capable la presse française quand elle est, de près ou de loin, concernée par l’information qu’elle diffuse (économie) ou par ses conséquences possibles (politique). Cette Apple Tablet va être annoncée comme belle (ce qu’elle va être assurément), pratique (ce qui restera à démontrer mais c’est fort probable), performante (par rapport à quoi ?) et révolutionnaire (c’est là que je deviens tout rouge). Déjà que l’iPod avait été annoncé comme une évolution majeure, alors que ce n’était à l’époque qu’un lecteur MP3 de plus avec une finition et un design de haute qualité, imaginez ce que va être le discours ambiant autour de cet iPhone géant qui devrait, en plus, servir l’intérêt de nos amis faiseurs d’opinion…

Petite digression sur l’iPod car tout le monde crie au loup quand j’ai ce discours. Je ne parle pas de l’iPod tel qu’il est aujourd’hui mais ce qu’il était (ainsi que son environnement) au moment de son lancement. Je suis tout à fait d’accord pour dire que l’iPod est un très bon lecteur MP3 avec une bonne qualité de son et une ergonomie parfaitement étudiée, je suis juste très énervé par contre quand j’entends des questions du type : « Comment tu fais pour lire des podcasts, t’as pas d’iPod ? » ou « Alors si ce n’est pas Apple qui a inventé les lecteurs MP3 c’est qui ? ». Apple a fait du bon boulot avec son (ses) iPods mais, si on enlève le touch, ils vendent à des prix improbables des lecteurs MP3 qui en dehors de leurs fashion attitude n’ont rien de plus que les autres que ce soit en capacité de stockage ou en fonctionnalités (sans parler d’autres produits comme le premier iPhone, vendu sans 3G et sans MMS, et l’iBook Air qui était une catastrophe en terme d’équipement pour un prix de vente juste pfiou !)

Mac Tablet

Pour en revenir à l’objet de ce billet je m’inquiète simplement du fait qu’Apple, déjà très fort pour vendre hors de prix des technologies existantes vendues dans un bel habillage bobo/blingbling avec un très bon OS, profite d’une couverture médiatique hors norme liée au fait que son nouveau produit est vu comme le sauveur de la presse écrite avant même sa sortie. Cette presse qui, comme le monde de la musique, n’a pas su trouver un modèle économique adapté à internet tout en réalisant à quel point ce nouveau support était du pain béni pour eux. Du coup ils sont prêts à ouvrir en grand les portes de leurs journaux et de leurs rédactions à ce nouveau venu qui leur semble être le saint Graal. Ils croient pouvoir nous vendre une sorte d’abonnement en ligne pour enfin faire ce qu’ils rêvent depuis toujours, rendre l’accès à leurs sites internet payant.
Les applications iPhone comme les futures applications Mac Tablet sont régies par le modèle du logiciel, la gratuité n’est pas automatique et ils espèrent pouvoir facilement monétiser ce support qui ne répond plus aux « codes de gratuité » du net.

Que va-t-il se passer ?

Les gros titres dans toute la presse écrite, les blogueurs qui suivent car « le média de la techno c’est nous bordel ! » et la télé qui en remet une couche juste pour prouver qu’elle n’est pas has been… Apple va encore passer pour une société qui a tout inventé, appuyée comme d’habitude par un marketing aux petits oignons et, encore plus que d’habitude, par une presse bienveillante. Ce que ces messieurs en mal de comptabilité positive oublient, c’est que les applications iPhone qui marchent le mieux dans le domaine comme Le Monde (une vraie réussite), Libération, 20 Minutes, sont des applications gratuites avec des publicités qui n’ont pas, là non plus, fait preuve de leur efficacité économique.
La publicité sur les applications n’est pas beaucoup plus rentable que celle sur les sites mobiles, le système de compte premium n’a pas de raison de fonctionner mieux sur ce support et l’idée d’une application payante est, à mon avis, pas non plus une solution.

Alors il reste quoi ?

Il leur reste la possibilité de créer une sorte de version spéciale du journal, type « PDF interactif/multimédia », qui reprendrait le système d’encart publicitaire de la presse écrite traditionnelle (1/2 colonne, 1/4 de colonne, 1/2 page, page entière, etc.) avec la possibilité pour les annonceurs d’avoir une présence forte visuellement et originale dans la forme (vidéo, son, intégration d’interfaces, etc.).
C’est là que Google à fait une erreur : si ils avaient su démontrer aux acteurs en présence qu’ils avaient imaginé un système de monétisation, alors ils auraient, eux aussi, les faveurs de la presse et sa force de frappe.
Au lieu de ça, à vouloir passer pour le grand manitou de l’information libre (ce qu’ils ne sont pas, Google est une société commerciale comme les autres), ils ont éveillé les soupçons d’une presse qui n’avait pas envie que quelqu’un d’autre dégage des profits avec leurs contenus, ce qu’Apple va faire avec leur bénédiction…


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