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Invictus... Victoire des springboks... 1995

Publié le 28 janvier 2010 par Stephanebigeard

Invictus... Victoire des springboks... 1995
Article publié dans l’Equipe, le 15 Juin 1995 et réalisé par Richard Escot.
« James Small est un rebelle.
Viré de l’équipe par Kitch Christie, parce qu’il s’était battu dans un bar après avoir été agressé, il a vite retrouvé sa place à l’aile droite.
Il a disputé vingt tests sur vingt six, record de l’après boycott, inscrivant dix essais.
D’origine anglaise, issu d’un milieu modeste, il échappe aux clivages.
A 20 ans, il est passé de l’équipe nationale juniors au match historique contre les Alls Blacks, à Ellis Park, durant l’été 1992.
Il a affronté toutes les équipes du globe, connu trois entraineurs, John Williams, Ian McIntosh, et Kitch Christie, et deux capitaines, Naas Botha et François Pienaar. (joué par Mat Damon dans le film Invictus).
Invictus... Victoire des springboks... 1995 L’aire John Williams… 1992 - 1993
John Williams, l’ancien deuxième ligne des Boks, entraine l’équipe de l’après Boycott.
Un style rigide et quatre défaites en cinq matches : contre la Nouvelle Zélande, l’Australie, la France et l’Angleterre.
Les springboks manquent leur grand retour. …/…
« Ce premier rendez vous contre les Alls Blacks, c’était un événement. L’ambiance était électrique. …/…
Mais nous n’étions pas une équipe, juste les quinze meilleurs joueurs du pays.
Chacun s’était préparé dans son coin. Nous étions replié sur nous-mêmes.
Puis après ça, l’équipe s’est éparpillée. Il n’y avait pas de politique de sélection.
Lors de la tournée en France et en Angleterre, nous n’avions pas donné une bonne image de l’Afrique du Sud.
L’Afrikaner est introverti, il ne s’exprime qu’à travers le rugby.
C’est son âme et son sang. Nous étions régimentés, soumis à une rude discipline.
A l’ancienne, quoi !
Faut dire que John Williams, le coach, avait baigné dans ce système.
…/…
Invictus... Victoire des springboks... 1995
A cette époque, l’entraineur était le personnage central de l’équipe.
Nous devions lui obéir. Nous étions des soldats.
Et puis il y avait Naas Botha (le capitaine). Lui, c’était la légende vivante.
On osait à peine lui parler, il était intouchable.
Pendant les cinq semaines de la tournée en France, j’étais assis en face de lui dans le bus.
Je ne me souviens pas d’une seule discussion que nous aurions eue.
Il était concentré.
Toute la pression était sur lui, car nous savions que s’il était bon sportif du Pays sur le terrain, nous pouvions gagner un test.
Maintenant il s’est ouvert, il est devenu le meilleur commentateur du pays.

Ce qui m’a marqué dans cette période, c’est notre arrogance.
Nous étions persuadés d’être les meilleurs du Monde.
Et nous avons pris une grande claque. …/…
Le fait est que nous n’étions pas au niveau. »

Invictus... Victoire des springboks... 1995
L’aire Ian McIntosh… 1993 - 1994
Visite de la France : défaite.
Tournée en Australie : défaite.
Tournée en Nouvelle Zélande : défaite.
Ian McIntosh, qui a remplacé John Williams, apporte un nouveau savoir faire et plus de décontraction.
Il est anglais, et pas même international. Mais les résultats ne suivent pas.
« McIntosh a changé les mentalités, cassé la notion de discipline.
Il a libéré l’équipe du passé, des années 70-80.
Son truc, c’était de copier les Australiens, la façon dont ils avaient été Champions du Monde.
Il avait été le coach du Natal et cette province pratiquait un beau style de jeu.
Il nous disait : « restez fidèle au plan de jeu et je m’occupe du reste »
Il prenait toutes les critiques sur lui et protégeait les joueurs.
Il répétait « mon boulot, c’est de prendre les coups, le votre, c’est de jouer ».
Invictus... Victoire des springboks... 1995 Il était excentrique, extraverti, émotif, théâtral.
Il aimait les séances tactiques au tableau noir. Il gesticulait devant les combinaisons de jeu.
Au début c’était sympa.
Et puis, petit à petit, il a commencé à nous faire rire. On l’appelait Mac.
Ce n’était pas très respectueux. Il voulait nous donner plus de liberté, mais c’est vite devenu le bordel !
Alors François Pienaar ( le capitaine ) est intervenu.
Il s’est occupé de la préparation psychologique.
Son rôle a pris de plus en plus d’importance dans le groupe.
Et McIntosh est devenu le mec qui gesticulait devant le paperboard, un feutre noir à la main.

La cassure s’est faite lorsque, la veille du deuxième test contre les Alls Blacks, à Wellington, François Pienaar a réalisé un montage vidéo de nos plus belles actions, sur un fond musical.
Il voulait nous redonner la fierté du maillot et nous conforter dans ce que nous faisions sur le terrain.
Nous étions émus.
Et puis il a demandé à plusieurs joueurs comment ils se préparaient pour ce test crucial.
Steve Atherton, le deuxième ligne, a dit : « ça dépend de mon humeur, quand je me lève le samedi matin… »
On est tous tombé sur le cul !

Comment était-ce possible de bousiller une préparation collective juste parce qu’on se lève du mauvais pied le matin d’un match ?
C’est là où certains on pris conscience que McIntosh n’avait pas su réveiller en nous l’esprit combattant, compétitif.
Il y avait trop de laisser-aller.
…/…
Invictus... Victoire des springboks... 1995
L’aire Victorieuse de Kitch Christie… 1994 – 1995
« Après mon éviction pour la tournée en Ecosse et au Pays de Galles, je suis revenu dans l’équipe, contre les Samoa, au mois d’Avril.
J’ai trouvé une équipe différente.
Les mecs sont vraiment des copains, prêts à s’aider dans la vie.
Ils ont trouvé les clés du succès.
Ils se font confiance, ne friment pas et ne se prennent pas la tête avant un match.
Il n’y a pas de pression. Et ça, je crois que c’est grâce à Kitch Christie.
Invictus... Victoire des springboks... 1995
Il a dit : « Voilà comment on va jouer, voilà de quel type de joueur j’ai besoin »
Il a fait sa sélection et depuis nous sommes un groupe soudé.
Pas besoin de tirer la couverture à soi pour assurer sa place, du moment qu’on est physiquement au Top.
Jamais je ne me suis entrainé comme ça.
Au début, on était morts de fatigue, lessivés.
Il nous a fait suivre une préparation commando, avec des exercices piqués dans les clubs d’athlétismes américains.
De la folie !

Monsieur Christie est un entraineur pas ordinaire.
Il nous a dit : « Je ne connais pas tout ! »
Il s’est alors entouré de plusieurs techniciens.
Il donne la parole aux joueurs, nous laisse bâtir, avec lui, la stratégie pour le match.
C’est formidable !
Les joueurs sont mis à contribution, même ceux qui ne jouent pas.
Nous avons été très sensibles à ça.
McIntosh ou Williams n’auraient pas eu cette humilité.

Invictus... Victoire des springboks... 1995 Cela dit M. Christie connaît son rugby.
Il lit admirablement bien le jeu.
Le lendemain de chaque match, il nous prend un par un et nous donne un pourcentage de réussite, par rapport à ce que nous avons fait dans le match.
Il répète toujours : « Un Springbok doit être à 80 % de réussite ».
Et puis il ajoute une petite phrase qui fait mouche. Une petite phrase pas plus.
A Chris Rossouw, le talonneur, il a dit après le match contre les Samoa :
« Bon lancers, mais pas assez de présence pour perturber le demi de mêlée adverse. »
C’est tout !
Le mec qui prend ça, il sait ce qu’il lui reste à faire.

Le leader dans cette équipe, c’est Chester (Williams).
Non pas qu’il ait une personnalité marquante, mais il est notre héros.
Nous avons besoins de ça, en Afrique du Sud.
En 1992, c’était Botha, en 1993, c’était moi.
J’aurais pu demander n’importe quoi, je l’aurai obtenu.
Et puis, maintenant, c’est Chester. Il est au dessus de autres.
Comme s’il avait une bonne étoile qui s’occupe de lui, et de nous par la même occasion. »

Invictus... Victoire des springboks... 1995
Avec un tel témoignage, on comprend encore mieux ce qui a permis à cette équipe des springboks de gagner cette fameuse coupe de monde de rugby en 1995 et l’impact positif, qu’elle a eut dans le projet mené par Nelson Mandela pour unir tous le peuple Sud Africain, les noirs et les blancs…
Allez, au plaisir de vous lire...

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