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Anchise de Maryline Desbiolles

Par Sylvie

PRIX FEMINA 1999

Anchise de Maryline Desbiolles
Editions du Seuil
Maryline Desbiolles, écrivain assez confidentielle, vient de faire paraître La Scène, récit sur les repas en famille, notamment inspirés de la peinture.
M'intéressant aux rapports entre littérature et peinture, j'ai eu envie de découvrir cet auteur par un titre plus ancien. J'ai donc emprunté le Prix Fémina 1999, Anchise et ai découvert une écriture très exigeante, oscillant entre prose et poésie, au lyrisme retenu.
L'influence mythologique est certaine : rappelons qu'Anchise est le père d'Enée ; ce dernier porte son père lorsqu'ils fuient Troie.
Dans le roman, il y a justement le thème central de la vieillesse puis celui de la mort et de la guerre.
Anchise est un vieillard qui vit dans une vieille maison branlante dans l'arrière-pays niçois.
A côté de lui, deux maisons occupées également par des vieillards.
Au dehors, la lumière éclatante, la chaleur de l'été. Lui, Anchise, s'est mis en sommeil depuis des dizaines d'années depuis que Blanche, sa jeune épouse, est morte de la typhoïde alors qu'il était parti à la guerre.
Depuis, il vit dans sa solitude, passe pour une personne illuminée  ; mais lui vit dans ses souvenirs, avec cette image de sa femme bien aimée, la personnification de la lumière et de la passion.
Hors de l'espace et du temps, Anchise, le boiteux, l'apiculteur, délaisse le présent (il laisse sa maison s'écrouler, les abeilles s'éloigner de la ruche). Il se réfugie dans les images éternelles, immortelles du passé.
A mettre en lien avec Les derniers indiens de Marie-Hélène Lafon chroniqué ci-dessous : la solitude des vieillards et des paysans.
Ici, Maryline Desbiolles s'affirme comme écrivain-peintre de la lumière : dans des phrases qui palpitent au rythme de la virgule, elle décrit les oscillations de la lumière, du soleil, de l'incendie. La lumière est celle de la passion non assouvie. Elle décrit une nature panthéiste où l'humain devient animal ou s'identifie aux différents éléments.
On pense à Giono ou encore aux scènes de genre de Pierre Bonnard.
Un livre exigeant qui donne envie de découvrir les autres titres de Maryline Desbiolles, même si la première lecture est loin d'être facile. On est loin en effet, de la phrase qui coule sans obstacles. C'est au contraire une langue belle mais âpre qui demande des pauses, des arrêts sur image pour mieux regarder les "tableaux"


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