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Alcanter de BRAHM

Par Bruno Leclercq

Alcanter de BRAHM
Alcanter de Brahm, de son vrai nom Marcel Bernhardt, (1868-1942).
Comme nous l'avons vu dans le billet précédent, la Revue littéraire de Paris et de Champagne, en janvier 1905, commence la publication d'une série de courtes biographies d'auteurs classés par leurs origines régionales. René Aubert et Henri Marsac vont se pencher sur trois auteurs Alsaciens, dont deux amis : Emile Straus et Alcanter de Brahm. La carrière des deux hommes étant intiment liée, après celle d'Emile Straus, je donne la notice biographique d'Alcanter de Brahm :

Alcanter de Brahm.
Né à Mulhouse en 1868, il fit ses études à Paris, au collège Chaptal et au lycée Condorcet, rédigea une feuille éphémère avec son compatriote Emile Straus, et débuta en 1887, à la Revue de Paris et de Saint-Pétersbourg. Il collabora ensuite à la Vie franco-russe, mais un emploi au ministère des finances, puis trois années de service militaire, interrompirent ses travaux littéraires. Rentré au foyer, besognant à l'Assistance publique, il occupa courageusement ses loisirs à poursuivre sa vocation littéraire, publiant un recueil de vers du genre montmartrois : Les Chansons poilantes, puis un roman dépeignant une certaines jeunesse sans scrupule, à qui tout est bon pour réussir : l'Arriviste (I), dont le titre lui fut pris, plus tard, par Félicien Champsaur.
Un des fondateurs du Syndicat de la presse française périodique en 1894, il collabora à la Critique dès le premier numéro (5 mars 1895), et y fit, pendant plusieurs années, une critique active et variée, principalement sous le titre : l'Ostensoir des Ironies, qui fut rassemblée par la suite en trois volumes. Publia encore : Éros chante, poésie (1895) ; Critiques d'Ibsen ; Telle que toujours, roman, dont Will Darville disait, dans la Critique du 20 décembre 1897 : « La thèse de la liberté dans le choix de l'être avec lequel la femme est appelée à vivre, y est éloquemment défendue. » ajoutant, à propos de l'auteur : « Sa figure originale et ses œuvres, si personnelles, ne sont point étrangères au monde parisien ; ses idées ont un certain écho par delà les frontières, et les pléiades d'avant-garde, en France comme à l'étranger, n'ignorent point ses articles de critique ; l'ostensoir des ironies qu'il manœuvre d'une main toujours habile, avec une délicate méchanceté, n'épargne point les préjugés et nous indique l'auteur comme un idéaliste en ce qui touche les choses de l'au-delà, comme un matérialiste pour ce qui concerne les sociologies d'ici-bas. »
Les Veillées de Plaisance ont joué un acte de lui : la Légitime. Il fut un des fondateurs du satirique la Pie (1901), et de la société des Poètes français (1902). Fut nommé, en 1903, secrétaire du musée Carnavalet. Collabore au Rappel, à l'Evénement, au Temps, à la Revue Théâtrale, etc.
Ses nouvelles poésies, mentionnées avec éloges au concours Sully-Prudhomme de 1903, ont paru l'année suivante sous le titre : les Voix anciennes, à la Société des Poètes français, y compris trois poèmes dramatiques et de nombreux souvenirs d'Alsace. Aimé Passereau (Vaugirard-Grenelle, 27 novembre 1904) dit de l'auteur : « Alcanter de Brahm rime quand ça lui chante et le plus souvent il ne s'embarrasse guère de ne pas rimer du tout ; il va au plus pressé qui est de traduire sa pensée :
Dire ce que l'on pense et dire ce qu'on sent, Tel doit être le but du poète... Des règles point. Des lois, que nous importent-elles A nous, Poètes qui, pareilles aux hirondelles, Rasons tantôt la terre ou planons vers les cieux ?...
Et sa pensé est celle d'un réfractaire à la bêtise humaine ; il n'est point du côté des satisfaits ; il sait
... le prix qui s'attache au bonheur de rester incompris...
mais, tout de même, il aspire à plus de justice, à une répartition plus équitable des biens, et à ce que chacun soit considéré selon ses mérites. »
Le Journal d'Alsace (Strasbourg, 8 novembre 1904) lui a consacré une bonne chronique biographique et littéraire, signée Edgar Reyle.
Prépare des contes, nouvelles, romans, études critiques et de mœurs, et des pièces de théâtre.
Marque particulière : a inventé le point d'ironie
Alcanter de BRAHM
Les deux journalistes de la Revue littéraires de Paris et de Champagne, oublient un passage important de la carrière d'Alcanter de Brahm, sa collaboration au Nouvel Écho, comme secrétaire de la rédaction, sous la direction d'Emile Straus. Le premier numéro du Nouvel Écho, est daté du 1er janvier 1892, jusqu'en mars 1894, Alcanter de Brahm y donnera ses Chansons poilantes, apocopées et argotiques, dans le style des cabarets montmartrois, qu'il cosigne avec un certain Saint Jean, et il y tiendra la Chronique parisienne, sous son vrai nom de Marcel Bernhardt. A cette époque Alcanter donne un mystère ésotérique, la Chasse aux étoiles, illustré par Gatget et Carpentier au Concert des décadents.
Dans le premier numéro du Nouvel Écho, figure un poème d'Alcanter de Brahm, qui témoigne de l'amitié qui l'unie à Emile Straus, qu'il retrouvera à la revue la Critique. On y découvre un Alcanter de Brahm, fortement touché par un drame, qu'il reste à déterminer, et qui se confie à son "seul ami", le seul en qui il dit avoir confiance.
Courte épitre
A Emile Straus, mon seul ami
Dans mes jours de tristesses, Ô toi, mon cher Emile,
Tu demeuras fidèle à ton plus vieil ami,
Et, dans l'adversité qui m'accable aujourd'hui,
Mon cri désespéré ne reste point stérile.
Tempête ou ciel d'azur, ouragan ou cyclones,
Jamais rien désormais ne saurais m'arrêter.
Je combattrai pour vivre ou vivrai pour lutter,
Et n'irait point des sots mendier les aumônes.
La vie est ainsi faites, à chacun sa médaille ;
Souvent le sort nous donne un bien triste revers ;
La grêle en un seul jour peut faucher l'épi vert,
Le coeur le plus vaillant tomber dans la bataille.
Me porte mon étoile où sa course la mène ;
Indifférent à tous, confiant en toi seul,
Sur les amis d'antan je jette un blanc linceul,
A deux, nous planerons sur cette mer humaine.
Alcanter de Brahm

Voir dans l'Alamblog : Alcanter de Brahm dans Toutes les lyres (1909) et (I) à propos de L'Arriviste : Marc Stéphane contre Alcanter de Brahm. [Marc Stéphane. L'Arriviste. Édition d'auteur Paris : impr. de A. Davy, 1895, In-16, 151 p./ Alcanter de Brahm avait fait paraître chez Souque, son Arriviste en 1893. / Félicien Champsaur reprend ses trois volumes du Mandarin (Marquisette. 2 : Claude Barsac. 3 : Renée April) sous le titre de l'Arriviste (Ollendorff 1895/96)]
Dans Livrenblog, une enquête menée par Alcanter de Brahm :La Critique. Une enquête sur le droit à la critique. 1896.

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