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Le Malaise Mad Movies 2

Par Geouf

Cela faisait un petit moment que je n’avais pas poussé un petit coup de gueule contre la revue Mad Movies. Peut-être parce que j’ai moins le temps de lire le mag, laissant les numéros s’empiler régulièrement avant que je ne me décide à les lire. Ou peut-être parce que la nouvelle équipe semblait s’être calmée, mettant le holà notamment sur les couvertures inutilement gores et les articles « djeuns » (genre « c’est gore donc c’est cool »). Mais voilà, deux événements m’ont rappelé que Mad a bien changé depuis quelques années, et pas forcément pour le meilleur…

Il y a tout d’abord le tableau des avis chiffrés du numéro 225, dans lequel le rédacteur en chef Fausto Fasulo s’attaque de façon violente au film Paranormal Activity. Une chose que je comprends tout à fait, ayant moi-même détesté le film, comme vous pouvez le constater. Mais ce que j’accepte moins, c’est qu’un rédacteur en chef utilise des termes comme « une grosse en nuisette » pour critiquer un film. J’avoue que la crudité de la tournure et l’attaque purement gratuite sur l’actrice principale du film m’ont pas mal choqué. Certes, cette actrice n’est pas un top modèle et possède quelques rondeurs, mais de là à la qualifier de grosse ? Pour une fois qu’un film ne nous balance pas un sac d’os ou une blonde californienne interchangeable à l’écran, mais une fille normale, on devrait plutôt s’en réjouir. Mais le plus gênant dans l’histoire, c’est qu’un critique professionnel s’amuse à critiquer un film en deux lignes avec une formule aussi insultante. Peut-être que Fausto trouve ça cool et djeuns de balancer des insultes comme ca dans son mag, mais personnellement je trouve ça plutôt minable et extrêmement beauf comme attitude. Et de toute évidence je ne suis pas le seul, puisqu’un lecteur s’est fendu d’une longue missive au journal pour exprimer son indignation (ainsi que son amour pour le film en question). Missive à laquelle Fausto a répondu dans le numéro suivant, de façon encore une fois totalement à côté de la plaque, invoquant le droit du mag d’être irrévérencieux. Désolé, mais se foutre de la gueule d’une jeune femme gratuitement de cette façon, ce n’est pas être irrévérencieux et provocateur, mais bien hurler avec la meute et faire preuve d’un esprit critique limité.

Et puisqu’on parle de hurler avec la meute, venons-en justement au deuxième point qui faisait tâche dans ce même numéro 225. Je veux bien sûr parler de la charge agressive de Cédric Delelée contre la communauté geek, dans sa « critique » de Twilight Chapitre 2. Donc, selon Delelée, si les geeks ont détesté Twilight, c’est juste parce qu’ils ont été incapables de comprendre le film et à qui celui-ci s’adressait. S’ils reprochent à la saga de Stephenie Meyer de dénaturer le mythe du vampire et de le vider de sa substance, c’est qu’ils ne l’ont pas « remise dans son contexte »,  c’est-à-dire celui de la bluette adolescente. Sauf que ce qu’il semble oublier (tout en osant comparer la relation Edward-Bella a celle entre Dracula et Mina), c’est qu’il est tout à fait possible de faire une « bluette adolescente » de qualité sans pour autant détruire les mythes qu’on réutilise. Il suffit par exemple de s’appeler Joss Whedon et d’écrire une série qui s’appelle Buffy contre les Vampires. Par exemple… D’ailleurs, au final, le bout de critique de Delelée qui surnage au milieu de cette bile déversée sur la communauté geek (qui sont, rappelons-le tout de même les premiers à acheter le journal dans lequel il travaill) admet que ces films sont plutôt mauvais. On se demande donc si l’article n’a pas plutôt pour but d’expier la semi-honte de l’auteur du fait qu’il apprécie cette saga (c’est sûr que pour un fan de McT et John Milius, aimer Twilight ça le fait moyen) en rageant contre ces geeks insensibles et tellement fermés d’esprit, tout en évitant de réellement rédiger une critique de l’œuvre (il déclare d’ailleurs à la fin qu’il laisse le soin aux geeks de lister les défauts du film). Bref, encore une fois, une attitude qui dénote d’un manque de professionnalisme assez hallucinant et qui donne l’impression que Mad est devenu un repère d’adolescents pseudo rebelles préférant taper sur les gens qui n’ont pas les mêmes goûts qu’eux au lieu d’analyser les films pour les critiquer correctement.

Heureusement qu’au niveau des interviews le mag assure toujours, et que certains comme Stéphane Moïssakis font de la résistance et proposent de vraies analyses au lieu de céder au jeunisme ambiant, sinon Mad Movies ne serait plus que l’ombre de lui-même…

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