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jPod, Douglas Coupland

Par Clementso

jPod, Douglas CouplandRentrer dans un univers de geeks ne requiert pas une maîtrise en informatique. Bon, il vrai que si vous prenez l' iPhone de votre cousin pour un dessous de table ou si vous ne faites pas la différence entre un ebook et un modem, vous risquez d'être un peu perdu au départ mais cela devrait aller ensuite. Geek, geek, geek, hourrah ?
jPod regroupe 6 jeunes salariés connectés dont le nom commence par la lettre J et dont la mission est de développer des jeux vidéos. Nous suivons donc les tribulations d'Ethan, jeune programmeur qui gagne plutôt bien sa vie (41 500$ annuels). Il déteste l'humidité, est un adepte du jeu de rôle Chrono Trigger sur Playstation, aime son travail, redoute les karaokés et apprécie les extra-terrestres Kang et Kodos apparaissant dans les Simpson. Ethan doit jongler entre sa mère Carol qui a électrocuté un biker et cultive de l'herbe, un père figurant dans des films à petit budget ou dans des publicités (dans lesquelles il parvient parfois à placer quelques mots) et son frère Greg magouillant avec des clandestins chinois. Un tel tableau rappelle La fonction du balai de David Foster Wallace publié il y a quelques semaines au Diable Vauvert également.
jPod, Douglas CouplandLes dialogues de Douglas Coupland sont savoureux, rythmés, souvent drôles. Le livre a été adapté dans un série télévisée éponyme, diffusée sur la chaîne américaine CBC, et cela n'a rien d'étonnant tant le livre lui-même peut être abordé comme un feuilleton. Le type de répliques, les personnages excentriques et névrosés, et les rebondissements sont typiques des séries contemporaines loufoques telles que The Big Bang Theory ou Arrested Developpement.

Les personnages de jPod, Ethan en prime, tentent de trouver un sens à leur Existenz chaotique. Ils vivent dans une réalité mouvante et instable (régie par Microsoft ?) dans laquelle ils sont sans cesse évalués et jugés. Et ce ne sont pas les parents d'Ethan qui l'aident à trouver un équilibre... La normalité n'est pas légion chez Coupland mais ce n'est qu'une fiction, heureusement !
Pourtant, l'auteur peine à donner sa pleine mesure, à se hisser à son meilleur niveau. 85% du roman est du pur divertissement, de l'entertainement Nintendo maniaque et manque tout même de profondeur et de substance. On sent que l'auteur a pris plaisir à écrire, il n'en demeure pas moins plaisant à lire mais il manque à ce jPod ne serait-ce qu'une toile de fonds plus conséquente et plus fouillée. C'est grâce à ses aventures rocambolesques que le roman se montre le plus passionnant, un constat pour le moins inattendu.

jPod, Douglas Coupland

Douglas Coupland

Il nous faut tout de même souligner quelques excursions expérimentales (autopastiche ?) qui parsèment la lecture, une liste de nombres parmi lesquels s'est glissé un nombre premier à identifier, des mails et spams échangés retranscris comme autant de symboles d'un modèle de consommation boulimique intrusif et pathogène et d'échanges superficiels. L'utilisation d'une petite police pour témoigner de la gêne perçue par un informaticien lorsque sa mère s'invite à jPod. Pas sûr qu'il soit nécessaire de nous infliger cela pour nous en faire prendre conscience. Douglas Coupland s'injecte lui-même dans sa propre fiction, Ethan le rencontre dans un avion en partance pour la Chine, comme pour s'excuser de faire son miel sur ces générations (succès mérité pour Génération X, et Y matière du présent roman). L'équation geek + geek = autistes est tout de même bien réductrice. De même pour le constat suivant : la génération X buvait de la Zima, la génération Y tourne au Coca Cola !
La plongée dans le quotidien de la génération Y n'est pas des plus passionnantes. Coupland dresse un portrait (rapide) d'une génération frivole pour laquelle tout va trop vite (qui joue à de vieux jeux vidéos sur des émulateurs, par nostalgie) et qui procrastine avec certes, un trop plein d'humour qui porte ce jPod et même si une monotonie se fait sentir au fil des pages.
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