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Des hormones de croissance bovine dans le lait des américains

Publié le 03 février 2010 par Alternativechannel
Par Alexa Tymocko En 1997, deux journalistes américains perdent leur emploi après avoir refusé de falsifier une enquête sur des hormones de croissances bovines retrouvées dans le lait de vache. Aujourd’hui, ce lait est encore en vente libre sur le marché. Des milliers d’américains continuent d’ingurgiter la composition chimique et s’exposent continuellement à une variété de cancers et de maladies graves. En circulation depuis 1993 aux États-Unis, l’hormone transgénique appelée rbGH ou BST ou encore Somato-Tropine Bovine est injectée dans les vaches afin de doubler leur production de lait et de ralentir leur vieillissement. Depuis, les effets du produit sur le bétail se multiplient et les conséquences sur ceux qui le consomment sont parfois mortelles. La vie de deux journalistes tourne au cauchemar lorsqu’ils découvrent des informations inquiétantes au sujet de cette hormone de croissance. L’affaire du lait contaminé En novembre 1996, Jane Akre et Steve Wilson sont recrutés par la chaîne de Tampa en Floride, WTVT Channel 13. Ils sont appelés à déterrer des faits saillants pour une nouvelle émission choc : « Les enquêteurs ». Mais la WTVT est rapidement rachetée par la FOX de Rupert Murdoch. L’affaire débute en Janvier 1997 lorsque le couple reçoit une information inquiétante d’une source interne de l’industrie laitière. Les éleveurs bovins administreraient une hormone de croissance bovine recombinante (rbGH) à leurs vaches pour stimuler la production de lait. La mise en marché du produit de la firme Monsanto est entérinée par la Food and Drug Administration (FDA). Jane recueille l’information sur le produit pharmaceutique pendant que Monsanto annonce son succès assuré auprès des annonceurs publicitaires. La journaliste découvre que plusieurs scientifiques ont certifié que l’hormone présente des risques sanitaires importants. Ses constats sur le produit bovin ne s’arrêtent pas là. ©Plovemax En effet, un seul test de toxicité à long terme pour les hommes a été effectué pendant une période de 90 jours sur un échantillon de 30 rats. Des lésions de la thyroïde et de la prostate ainsi que des kystes sont détectés chez le tiers des cobayes. Au Canada, on interdit la mise en marché du rbGH en attentant que d’autres tests plus sérieux ne soient effectués. Des études ont repéré chez les vaches des troubles de reproduction, des mammites et le fait que certaines vaches boitent plus que d’autres. Au final, aucune étude sur l’impact environnemental n’a été réalisée. Jane Akre et Steve Wilson vont consacrer le mois qui suit sur l’affaire Mosanto. Février 1997. Le reportage est prêt pour la diffusion. Des sommes d’argent importantes sont versées pour publiciser l’enquête qui devrait passer durant une période d’écoute très élevée. Quelques jours avant la date de diffusion, le directeur d’information de Fox, Daniel Webster, informe les deux journalistes d’un fax qu’il a reçu du cabinet d’avocat Cadwalader, Wickerham et Taft. Ce dernier s’adresse à Roger Ale, président de Fox News à New York . Les deux journalistes sont alors accusés du manque de rigueur dans leur travail. Les avocats leur signalent qu’ils n’ont aucune compétence scientifique pour diffuser ce reportage. S’ensuit une longue période d’intimidation auprès de la chaîne, de menaces de procès devant les tribunaux ainsi que des pertes d’argent significatives. La diffusion du reportage se voit reportée de semaine en semaine. Le 28 février, John Walsh, qui représente les intérêts de Mosanto, envoie une mise en demeure à la chaîne de nouvelles. Dans la même période, le directeur de la chaîne est remplacé par Dave Boylan qui ne vise qu’à l’amélioration des résultats financiers de l’entreprise télévisée. Un vent nouveau balaye les studios de Fox. Nouveau personnel, nouvelles émissions, la WTVT voit un intérêt grandissant pour le divertissement au détriment de l’information. ©Gubatron Menaces, manipulation et désinformation En mars 1997, le couple demande à rencontrer Boylan pour diffuser leur reportage. Le directeur de la chaîne veut que les deux journalistes apportent des modifications majeures à leur travail pour satisfaire Mosanto ainsi que ses avocats. Il leur propose une somme d’argent en échange de leur silence. Le couple refuse catégoriquement toute forme d’entente qui pourrait permettre de diffuser de la fausse information. Les huit derniers mois de 1997 seront voués à la réécriture du documentaire. Fox a intérêt à diffuser le reportage car il a annoncé sa diffusion sans jamais le faire paraître à l’écran. Le couple procède maintes et maintes fois à la réécriture du script, se voyant même censuré à plusieurs reprises par la directrice des programmes, Mitchell Stern. Dave Boylan leur propose une dernière offre d’argent avant qu’ils soient licenciés sans motif valable le 2 décembre 1997. Le 2 avril 1998, Jane Akre et Steve Wilson portent plainte contre Fox Television « en invoquant la loi de Floride sur la protection des divulgateurs » . L’affaire est jugée par un tribunal de Tampa et les procédures se prolongeront sur une période de deux ans. Dave Boylan admettra que la diffusion du reportage aurait engendré des pertes publicitaires énormes et ce, pour les 23 chaînes de la Fox. La chaîne télévisée est tenue coupable d’avoir « tenté de désinformer ses téléspectateurs » et Jane Akre recevra 425 000$ pour dommages et intérêts. Steve Wilson ne recevra aucune compensation. Le 18 août 2000, le jugement sera rendu public et Fox tentera une fois de plus de désinformer son public en déformant les précisions rattachées à sa propre condamnation. Jane Akre et Steve Wilson recevront tout de même plusieurs prix au cours de ce procès pour leur travail remarquable. Un enjeu d’actualité Depuis 1995, la FDS autorise la commercialisation de l’hormone transgénique. Aucune loi aux États-Unis n’exige l’étiquetage de ce type de produits. Dès le départ, les entreprises comme Monsanto ont fait pression pour ne pas afficher cette information. Pour Monsanto, ce serait de «tromper les consommateurs» car ils ne font pas la différence entre le lait aux hormones et les autres. Pourtant, «une étude détaillée conclut que le lait traité à la HCBr diffère du lait naturel dans sa composition chimique, sa valeur nutritive, ses caractéristiques pharmacologiques et immunitaires, en plus d’être contaminé par du pus et des antibiotiques résultant des mammites provoquées par l’hormone recombinante», rapporte The Ecologist. Même si l’usage de l’hormone de croissance artificielle est interdit en Europe, au Canada, au Japon, en Nouvelle-Zélande et en Australie, elle continue de circuler légalement dans la plupart des pays d’Amérique latine (Mexique, Guatemala, Honduras, Costa Rica, Panama, Brésil, Colombie, Pérou, etc.) et dans d’autres continents. Le produit est approuvé par l’entremise de rapports fournis par Monsanto aux agences de réglementation américaines.

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