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Sarkozy poursuit sa campagne électorale

Publié le 03 février 2010 par Juan

Les élections régionales approchent, le 1er tour est pour le 14 mars. La droite espère que l’affaire Frèche coûtera la région Languedoc-Roussillon à la gauche, après la désignation, mardi 2 février, de la mairesse de Montpellier, Hélène Mandroux comme tête de liste socialiste. Excepté cette éclaircie, le camp présidentiel est sous pression : la popularité de Nicolas Sarkozy a encore touché le fonds, et les sondages (improbables pour des élections locales) créditent les listes de l’UMP et ses supplétifs d’un maigre 28% en moyenne…
En Corse, Sarkozy fait campagne. A Paris, Lancart s'agite pour prouver sa révolution. Et Fillon se réveille.
Le mensonge électoral
Il n'y eut que quelques éditorialistes professionnels pour se laisser égarer par Nicolas Sarkozy, et prendre au pied de la lettre ses propos le 25 janvier dernier à propos de la campagne des élections régionales :

Ferrari : "Allez-vous vous impliquez dans cette campagne ?"
Sarkozy : "Ce n'est pas le role du président de la République."
Le Figaro, mercredi 3 février, a rarement été plus clair: «Sarkozy se bat pour garder la Corse à droite». Effectivement, le président français n'était descendu en Corse mardi 2 février que pour une raison: conserver la Corse à droite. Même Bruno Jeudy du Figaro ne le cache plus. Il n'a pas fallu attendre une semaine pour voir le Monarque élyséen trahir sa déclaration d'un soir. Le 25 janvier, les communicants du Président avaient en tête le nouveau décompte du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel. En évitant de parler des élections régionales, en niant son implication pourtant évidente, Nicolas Sarkozy cherchait simplement à éviter que ses 150 minutes de conversation télévisée ne soient décomptées sur le temps de parole dévolu à l'UMP. Rien de plus, rien de neuf. En Corse, Nicolas Sarkozy a la trouille. Les deux rivaux à gauche, Émile Zuccarelli, maire de Bastia, et Paul Giacobbi, député de Haute-Corse,semblent vouloir s'allier au second tour.
«En Corse, Nicolas Sarkozy a remis son habit de président en campagne. Il y a huit jours, le chef de l'État assurait sur TF1 que son rôle n'était pas «de faire campagne pour élire les présidents de région». Mardi, il a profité de son troisième déplacement dans l'île depuis son élection pour défendre son bilan et celui de ses amis UMP. L'enjeu est de taille pour Nicolas Sarkozy. La Corse, où il a recueilli plus de 60% des voix en 2007, est l'une des deux seules régions gérées par la droite. Le chef de l'État, qui entretient un lien particulier avec l'île de Beauté, suit de très près la préparation des élections territoriales. Pas question que la Corse bascule à gauche comme le prévoit un sondage Ifop paru mardi. Dans cette enquête, la liste UMP serait largement en tête (30%) au premier tour, mais au second tour, 41% des électeurs souhaitent la victoire de la gauche, contre 39% qui souhaitent celle de la droite.»
Le gouvernement mobilisé pour la campagne
Le gouvernement, de son côté, sort ses cartouches pour convaincre l’électorat. Mercredi matin, François Fillon est entré dans l’arène, sur Europe 1 : il a assume, contraint et forcé par un Sarkozy agacé de le voir autant en retrait, «[sa] part de risque en assumant la direction de la campagne». Lundi, la révélation d’un projet de décret permettant le licenciement, sans indemnité, d’un fonctionnaire sans affectation après trois refus de postes (sans conditions), a fait l’effet d’un choc. Avec cette annonce, le gouvernement cherche aussi à rassurer son cœur de cible électoral conservateur. L’application du décret est annoncée pour avril ou mai… Qu’en pense Nicolas Sarkozy qui proposait, à demi-mots le 25 janvier dernier sur TF1, de titulariser définitivement les centaines de milliers d’agents précaires de la Fonction Publique ? Poche droite, poche gauche ?
Mercredi, François Fillon débloquait 134 millions d’euros pour éliminer les algues vertes en Bretagne. La polémique dure depuis des années. Les autorités peinaient à reconnaître la réalité du problème : la pollution des sols, générée par l’agriculture intensive, est jugée responsable de la prolifération de ces algues vertes qui submergent certaines plages bretonnes. En 2008, deux gros chiens, puis, l’été dernier, un cheval avaient trouvé la mort dans la région de Saint-Michel-en-Grève, (Côtes d'Armor). Le plan, préparé par Chantal Jouanno et Bruno Le Maire, prévoit d’abord la création d’une filière de ramassage et de traitement des algues, soit 40 millions d’euros pour 2010 et 2011. Il prévoit aussi d’encourager la limitation du taux de nitrates à 10 mg par litre dans les rivières (versus 50 mg admis pour la consommation humaine). Par quels moyens ? Rien n’est précisé. Pour les élus locaux et les associations écologistes, le plan ménage la filière agricole : le gouvernement tente de corriger les dégâts, mais ne traite pas la source du problème.
Mercredi toujours, le gouvernement a réagi dans l’urgence au rapport « accablant » (dixit Le Point) de la Fondation Abbé Pierre sur l’ampleur du « mal-logement ». Comme par hasard, il a trouvé de quoi financer la construction de 140.000 logements sociaux cette année : «C'est le plus gros effort consenti en matière de logement social en France depuis 35 ans », a expliqué Benoist Apparu. Près de la moitié de ces logements seront prévus en Ile-de-France, Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte-d'Azur où la demande est la plus forte. Trois régions dont la droite espère récupérer la gestion des exécutifs.
D’où vient l’argent ? Benoist Apparu justifie un budget de 4,7 milliards d'euros d'aides en 2010 (versus 4,2 en 2009 et 3,7 en 2008), à travers le versement de 624 millions d'euros aux organismes HLM au titre d'aides à la pierre et 4 milliards sous forme d'aides et d'exonérations fiscales (TVA, taux d'intérêts préférentiels et taxe foncière). La ficelle est un peu grosse : pressé par l’actualité et les élections, Benoist Apparu a fait un peu de cosmétique fiscale et budgétaire avec les chiffres du budget 2010 voté depuis bien longtemps. Les subventions directes, avancées à 624 millions cette année, étaient de 800 millions en 2008, soit une baisse de 22% ! Quant aux 4 milliards restants, il ne s’agit en fait que de défiscalisations diverses et variées votées il y a plusieurs mois. L’ampleur de la tartufferie est plus flagrant sur le nombre de rachats de logements vides par l’Etat (avec les organismes HLM des collectivités locales !) : « 3000 en Ile-de-France » a prévu Benoist Apparu. Sur cette seule région, l’INSEE estime à 300 000 le nombre de logements vides (dont 130 000 à Paris), sur un total de 1,8 à 2,5 millions. Et comment l’Etat va-t-il procéder pour « forcer » les propriétaires de ces logements à vendre leur bien ? Avec des exonérations fiscales ! Le gouvernement va ainsi proposer aux particuliers une "exonération des plus-values", et aux entreprises une réduction de 33,33% à 16,5% de leur taux d'imposition de la plus-value.
Lancart, révolutionnaire instable
A l'UMP, cette récente video de Benjamin Blancar, dénichée par notre confrère Marc Vasseur, mérite un peu d'attention. Le président des jeunes «populaires» s'affiche «révolutionnaire», aidé par quelques camarades et Frédéric Lefebvre. Oublions le visage tremblotant du jeune militant. L'UMP version jeune veut coûte que coûte se montrer «décomplexée». Qu'en est-il des privilèges du moment qu'il faudrait abroger ? Benjamin Lancart manque sans doute d'histoire et de culture. Pas un mot sur la précarité sociale, les inégalités de revenus, les retraites chapeau. 

L'ump révolutionnaire
par marcvasseur

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