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Interview The Rubiks

Publié le 27 décembre 2009 par Hallorave

C’est à la faveur d’un excellent premier LP que The Rubiks s’était imposé comme la technologie de pointe en matière de rock multiculturel racé lyonnais, ce trio guitare-basse-batterie ne pouvant de toute façon que taper dans le mille vu la qualité de sa composition. C’était donc avec un courage non-dissimulé et des pieds complètement pétrifiés par un froid bien piquant que je suis allé les titiller avec deux-trois questions bidons de mon cru, à l’occasion de leur date à l’Epicerie Moderne de Feyzin, en compagnie de Black Heart Procession.

Interview The Rubiks

Q: première question, sur votre LP, y’a un morceau de vingt minutes (‘Manhattan’), et j’aimerais connaître le pourquoi de ce morceau de vingt minutes.

Radix: il s’agit tout simplement de plusieurs morceaux et, à force de les jouer, on s’est dit «ah tiens mais après ça on pourrait enchaîner tel bout de plan qu’on bossait depuis un moment et qu’on savait pas où foutre» et ainsi de suite, voilà, et au bout d’un moment on s’est dit: «putain, mais en fait faudrait faire un morceau hyper long, ce serait génial» et en gros c’est-ce qu’on a fait quoi. On s’est pas dit dès le départ qu’il aurait fallu faire un super long morceau, mais en partant de la fin de «Manhattan», avec la partie un peu Black Sabbath, plus ça allait, plus on voyait qu’on pouvait coller des trucs avant, après, au milieu, puis bon, à force de répètes et de concerts ça a fini par faire huit, puis douze, puis quinze, puis vingt-trois minutes.

Poisson: …et tout ça au bout de plusieurs années.

Radix: ouais, carrément.

Q: vous avez pas mal de projets à côté des Rubiks, et j’aimerais également que vous me donniez les noms de ces autres projets

Andrew: à côté, je fais Duracell, Chewbacca, Ours Bipolaire et… ouais, c’est les trois trucs qui sont pour l’instant capable de jouer en concert, après, les autres trucs, ils restent encore dans le local

Poisson: Je joue dans Ned mais sinon rien de plus qui soit sorti du local… Sinon, j’ai topé de quoi joué un peu de musique traditionnelle turque mais pour l’instant c’est pas montrable…

Radix: Je joue aussi dans Kabu Ki Buddah, avec deux autres personnes, c’est le seul groupe que j’ai avec the Rubiks, c’est largement suffisant. Je fais pas mal de musique chez moi aussi, des trucs plus persos, après, je sais pas si ça verra le jour… un jour. Et je travaille aussi avec un buzuki pour faire de la musique traditionnelle arménienne dans le but de faire chier Nico (rires)… histoire de faire un battle avec lui

Q: comment vous voyez the Rubiks par rapport à vos autres projets? C’est plus «récréatif»?

Radix: ça l’était mais ça ne l’est plus… c’est-à-dire qu’on se retrouvait quand on y pensait, on faisait quelques répètes et des concerts quand on nous le demandait. Puis petit à petit, on se retrouvait de plus en plus, et puis Kabu Ki Buddah et Ned, le groupe de Nico, nous prenaient un peu moins de temps, du coup on s’est un peu plus boostés à répéter. La sortie de l’album a aussi pas mal fait avancer l’histoire… donc du coup, c’est plus du tout récréatif, on bosse comme des malades, on se fait chier… (rires)

Q: et The Rubiks, ça a commencé comment?

Radix: alors là… c’était encore l’époque ou y’avait «Pop Star» à la télé… et le grand gourou lyonnais qu’est Olivier Gignoux (grand monsieur bouclé qui organise des concerts sur Lyon), qui était grenoblois à l’époque… un intello hippie…

Poisson: …intello-crust plutôt (rires)

Radix: (rires)…intello-crust, ouais, qui nous a dit « allez, on a qu’a faire pareil dans l’underground, moi, le groupe de mes rêves, c’est lui, lui et lui… et allez vous trois, j’aimerais trop que vous fassiez un groupe ensemble et si vous êtes d’accord, je vous invite chez moi, je vous nourris, je vous trouve un endroit où jouer, et vous avez rien à faire d’autre que faire de la musique pendant une semaine ». On s’est dit «ouais, allez ok» et on est revenu une semaine plus tard avec une K7 de répèts, il l’a écouté le soir suivant et puis il a trouvé ça pourri (rires)… et il trouve toujours ça nul (sourire)… mais il a hâte d’entendre les nouveaux morceaux. On se connaissait déjà tous bien, on avait déjà plus ou moins joué ensemble parfois mais jamais sur un truc précis quoi.

Q: donc ce fait de mélanger pas mal de styles, ça découle de lui? Ou c’est vous qui l’avez décidé?

(réponse groupée) Non, c’est nous ça…

Radix: Y’a pas quelque un qui vient avec une compo, enfin très rarement… mais la plupart des morceaux, on est là, on jam un peu, on dit «allez, ça c’est bien» et puis on part dans ce sens là… et puis le principe du groupe c’est si un riff bien, et même si ça te fait vraiment penser clairement à un style de musique, voir même à un groupe en particulier, c’est pas grave. Tant mieux si nous on le joue avec la référence et que les gens qui l’entendent, ils pensent à ça quoi…

Q: en fait c’est ça The Rubiks, vous vous limitez pas quoi…

Radix: ouais mais après on essaye de faire en sorte qu’en mélangeant un peu tout ce bordel on obtienne un truc à peu près cohérent quoi…

Andrew: On essaye de faire un morceau qui est cool à écouter et à jouer, on essaye de rester cohérent même si à chaque fois on va intentionnellement vers un cliché…

Q: ok, et c’est pour ça que dans l’insert de votre premier LP y’a pleins de noms de groupes par rapport à vos références…

Poisson: c’est un peu les noms de code de nos riffs en fait…

Radix: ouais c’est ça… on aurait aimé même mettre plus précisément les groupes et puis tel morceau où le riff a été piqué, mais c’était trop compliqué… (rires)

Q: ok… maintenant j’aurais bien aimé que vous me parliez de la scène lyonnaise, un petit état des lieux si c’est pas trop relou…

Radix: un état des lieux… en fait c’est pas facile…

Poisson: c’est une scène assez vaste…

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Q: ouais, plus au niveau de l’organisation de concerts en fait…

Andrew: c’est difficile parcque la scène dub, par exemple, elle se mélange pas avec la scène DIY, qui se mélange pas avec la scène electro, etc… donc du coup, parler de scènes c’est assez chaud, faudrait parler que d’une seule scène alors…

Radix: On connaît pleins de gens dans pleins de groupes différents qu’on apprécie ou pas, ou machin, voilà quoi, après je peux te parler des groupes que j’aime bien de Lyon mais parler de la scène… c’est assez agréable, c’est pas trop grand Lyon, donc du coup t’arrives à connaître un peu tout le monde, à force et avec les années, tu peux connaître à peu près toutes les orgas de concerts, la plupart des groupes, bien qu’il y’ait pleins de groupes que je connais pas encore…

Poisson: Quand tu dis état des lieux… pour moi en tout cas, c’est assez difficile de répondre à ça parcque que j’ai l’impression, sans vouloir faire le vieux con, que notre scène à nous, c’est un peu l’ancienne quoi… y’a pleins de nouveaux groupes que j’ai pas pris le temps d’aller voir en concert encore, même si j’aimerais bien le faire. La scène actuelle, je sais qu’elle existe, même si je l’ai pas encore rencontrée… je vois des gens qui démarrent, qui ont mon âge, d’autres qui redémarrent des trucs et je connais peu de personnes qui sont encore au stade du «on a joué qu’une fois ou deux, en première partie de un tel, au Grrrrnd Zero ou au Sonic, ou alors dans quelques bars ou squats» et ceux-là j’ai l’impression qu’ils sont en train d’arriver mais je pourrais pas décrire. Je pourrais très bien dire ce qui nous rassemblait quand on était activistes, quand on était le showbiz local quoi (rires)… mais aujourd’hui j’ai quitté ça… donc je pourrais pas le décrire malgré le fait que je sais qu’il y’a quand même pas mal de gens qui y vont, des jeunes, mais que j’ai pris la peine d’aller voir en concert…

Andrew: en tout cas, un lieu comme Grrrrnd Zero s’est bien renouvelé depuis deux ans là, et ça fait des envieux… (rires)

Q: en fait je posais cette question par rapport au différentes salles de Grrrnd Zero, avec Vaise (pour plaintes du voisinage à cause du volume sonore) qui va se faire saquer et Gerland (haut lieu de l’underground lyonnais qui regroupe la plupart des QG des assos musicales et artistiques et squattant des bâtiments désaffectés près de Gerland  et risquant de se faire expulser sous peu)  aussi… donc je me posais la question par rapport au renouvellement…

Andrew: ouais mais c’est prévu tout ça…

Poisson: y’a pas de surprises quoi…

Andrew:… donc on sait parfaitement quand est-ce qu’il y’a une date de fin

Radix: ce qu’il faut c’est que les gens s’épuisent pas quoi… que les groupes et les activistes s’épuisent pas… parcqu’à force de faire des trucs à droite à gauche on peut vite en avoir marre. Mais j’ai l’impression qu’à Lyon c’est bien barré pour ça.

Andrew: en ce moment, ouais, je trouve que c’est vachement bien, enfin, y’a un concert quasi tout les soirs…

Radix: …et en même c’est un peu épuisant, tu peux pas aller tout voir, y’a parfois deux trucs dans deux lieux différents qui sont tout les deux «underground» où t’es là… fais chier…

Q: juste pour savoir, ce soir, vous jouez à Feyzin, et c’est la première fois que vous jouez sur une aussi grande scène?

Poisson: en taille, oui, je crois…

Radix: sûrement ouais, avec les Rubiks, mais de toute façons avec tout nos projets respectifs on est déjà blasés… (rires)

Poisson: mais c’est vrai que la scène de l’épicerie moderne est particulièrement grande en taille…

Radix: mais bon, on essaye de se rapprocher le plus possible pour faire comme si on était sur une petite scène quoi…

Andrew: …ouais mais on a pas de câbles assez grands (rires)

Q: et sinon, c’est quoi vos projets? Vous allez tourner hors de France?

Radix: bah là on revient d’un tour de dix jours France/Espagne, c’était assez cool.

Q: y’a des différences avec le public français par rapport à l’Espagne?

Poisson: en fait y’a pas de public espagnol… (rires)

Radix: (rires)… la tournée en Espagne était pas super, y’a qu’a Barcelone où c’était carrément ok, les deux autres dates était pas terribles. Sinon on a fait une autre date en Suisse qui était cool. On est en train de s’organiser pour essayer de partir plus de trois dates d’affilée…

Andrew: c’était notre première tournée et ça fait plus de dix ans que le groupe existe…

Radix: c’est vrai que ça fait longtemps mais on a rien branlé pendant des années, en même temps, c’est un peu honteux mais ça nous permet d’être un groupe, selon les retours qu’on a eu, assez mûr (rires) … on est en train de composer de nouveaux morceaux, il nous en faudrait 3-4 de plus, mais si on continue de répéter à ce rythme là, on y arrivera assez vite… mais on se dit que vaut mieux pas presser les choses et sortir un bon album dans 2-3 ans qu’un album moyen tout de suite

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