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"LE RETOUR DES MORTS-VIVANTS" ( 1985 ) de Dan O'Bannon

Par Charlyh

Et si mercredi nous ouvrions cette semaine thématique consacrée aux bouffeurs de cerveaux que sont les zombies ( qui a réponde les pontes de TF1 ? ) avec l’inévitable « NUIT DES MORTS-VIVANTS » ( 1968 ) de George Romero pour remonter un peu plus encore le temps et l’Histoire cinématographique pour revenir sur l’un des premiers films de morts-vivants/zombies avec ce « WHITE ZOMBIE » ( 1932 ) de Victor Halperin, entrons directement et d’une bouche pleine de dents souriantes plus que carnassières dans le vif du sujet avec le film de ce soir :

« RETURN OF THE LIVING DEAD » de Dan O’Bannon

Tremblez, bande d’abrutis congénitaux remplis à la bière et se bourrant le crâne de chansons punks, tout ce que vous avez pu voir dans ce vieux film en noir et blanc de George Romero est vrai !! Son cinéma, bien que des plus lents et dépourvu d’effets spéciaux spectaculaires, avait au-delà du coté documentaire de sa réalisation tremblante et proche de ces acteurs le fait d’être vrai. Oui, vrai !
Les morts peuvent revenir à la vie !!

Et ça, c’est que Frank, employé d’une société de fournitures médicales qui a plus d’ancienneté que de bouteille ( ou l’inverse ? ), raconte ou essaye de faire croire à son nouveau collègue : Freddy.
Il le sait, il pourrait l’avoir vu de ses yeux vu, mais surtout il veut pour preuve ce container militaire que leur société a réceptionné par accident : l’un de ces containers contenant un mort si ce n’est LE container dont le contenu (
quelle belle phrase redondante ) serait à l’origine des événements relatés dans le film de 1968 de George Romero.
Et pour preuve de sa preuve
( et là mon français va bientôt se faire aussi débilitant qu’un mec qui se sera laissé bouffer le cerveau, oups. Qui a demandé si je regardais TF1 ? ), Frank entraine Freddy à la cave voir le con tenu  ( non il n’y a pas d’erreur de frappe ) de cette fumeuse livraison militaire…
Et les scénaristes Rudy Ricci ( scénariste et acteur de Romero tout de même ) et Russel Streiner ( acteur de « LA NUIT » originelle et producteur de son remake par Tom Savini en 1990 ) n’auraient pas pu développer leur scénario ( que le réalisateur Dan O’Bannon remaniera ), d’après le livre de John Russo, sans laisser nos deux nigauds commettre LA boulette du siècle ou du moins de ce film en provoquant une fuite du container… qui va petit à petit réveiller tout ce qui était mort autour d’eux : un cadavre de demi-chien, une main, mais surtout le cadavre entreposé dans la chambre froide à coté !!
Ainsi va vraiment commencer ce film fantastique plus que d’horreur avec la résurrection de ce macchabé, dont les amateurs de drive-in et de cinéma fantastique parviendront à se débarrasser en lui éclatant le cerveau – puisque tout le monde sait que le cerveau des morts-vivants est leur point faible plus qu’inexistant. Ou du moins tout le monde ( ou plutôt ces espèces d’adolescents abrutis de TV et de cinéma que nous sommes restés comme Frank et Freddy ) pensent que c’est ainsi que ça doit et peut se passer : les morts-vivants de Dan O’Bannon semblant avoir eux décidé d’en faire rien qu’à leur sale tête de cadavres putréfiés pouvant se relever encore le cerveau détruit. Leur fin insatiable de chair fraiche les poussant à survivre encore et encore étant l’un des premiers points les différentiant des pâles escargots hébétés du fondateur Romero.

Car si le livre original qui a donné naissance à cet unique film en tant que réalisateur de l’un des plus brillants scénaristes du fantastique et de la SF ( qui nous a quitté à la fin de l’année dernière ), Daniel Thomas O’Bannon de son nom complet, est signé John Russo, l’ex-ami de George Romero mais surtout coproducteur et scénariste de cette « NUIT » de 1968 à l’origine de leur brouille, O’Bannon a intentionnellement décidé de remanier le script de ces deux scénaristes pour se détacher le plus possible de toute filiation avec ce film.
L’avide ( et méchant de l’Histoire des films de zombies au cinéma pourvoyant la tombe immortelle de cette « NUIT » dont tout le succès et les gains lui échappa, entre autres, en tombant dans le domaine public ) John Russo voyant son scénario écrit consécutivement au succès de la suite « DAWN OF THE DEAD ( ZOMBIE ) » en 1978 de son ancien partenaire se transformer en ce film sous le talent créatif et inspiré du scénariste de « ALIEN, LE HUITIEME PASSAGER ».
Les morts cannibales de ce film se mouvant bien plus rapidement que tous ces pantins désarticulés dont Romero aura fait des émules ( sans pour autant arriver à la rapidité de ceux de « 28 JOURS PLUS TARD » ou « L’ARMEE DES MORTS », non plus ), leurs corps tombant en décomposition - pour le bonheur d’amateurs d’effets un peu plus goreux que quelques maquillages légers – résistant aux coups qu’on peut leur asséner en pleine tête, têtes de leurs victimes dont ils raffolent puisque contenant ces cerveaux humains auxquels ils se shootent, allant jusqu’à en réclamer encore un peu plus puisque doués d’une parole toute primaire qu’elle soit mais pour l’une des plus anthologiques si ce n’est scène culte du cinéma d’horreur, fantastique, bis ou/et de zombies : « more brains » demande un mort-vivant dans la radio de l’ambulance envoyée sur place.

Et des scènes d’anthologie, ce film d’O’Bannon ( nommé aux Saturn Awards de 1986 comme meilleur réalisateur en même temps que le film, nommé pour le meilleur film d’horreur la même année ) en comptera d’autres : comme ce strip-tease nocturne offert par Linnea Quigley ( scream queen punk ayant depuis collectionné les rôles et apparitions dénudées dans d’obscurs films ) sur une tombe dans ce cimetière où se réveillent des morts, de quoi imager l’expression « réveiller un mort ».
Un strip-tease fantastique, non par la plastique de l’actrice mais dans le contexte du film, et punk sur une telle bande-son… signée Matt Clifford mais surtout de groupes phares tels que les Cramps, Damned ou 45 Grave !!

Explosif via sa bande-son, ce « RETOUR DES MORTS-VIVANTS » l’est aussi dans son visuel punk, le look de ses personnages ou la multiplication des effets spéciaux et goreux des maquillages de William Muns ( lui aussi nommé aux Saturn Awards ’86 dans cette catégorie, mais perdant face au travail de l’excellent Tom Savini sur « LE JOUR DES MORTS-VIVANTS » ) mais aussi et surtout, je trouve, son attitude « ponque » envers des codes ayant déjà envahi le genre cinématographique : Dan O’Bannon se permettant, lui, d’intégrer de l’humour volontairement dans son film fantastique, se défaisant des habitudes prises de violences et horreurs gratuites de certains réalisateurs quand le maître Romero poursuit ses critiques sociales, politiques et culturelles à travers ses propres films ( pour le plus grand plaisir d’une intelligentsia contre-culturelle et contestataire naissante ou grandissante ).
Oui, notre regretté Dan aura fait de son film une vrai bonne bande vidéo à se passer en boucle un soir de week-end après sa location au club le plus proche entre potes, les packs de bière et les chips et popcorns sous la main pour ne pas suivre le film à headbanguer la tête et le commenter sans cesse en revenant en arrière dessus ou abusant des arrêts sur image.
Quatre millions de billets verts investis par Tom Fox ( producteur des suites ), John Daly ( qui n’aura pas produit que des films de seconde zone, si « TERMINATOR », « SALVADOR », « PLATOON » et autre «  DERNIER EMPEREUR » vous disent quelque chose ), Derek Gibson ( cf. la parenthèse précédente ) et Graham Henderson ( comptable devenu producteur de « PLATOON » également ), coproducteur, qui ne les regretteront pas, puisqu’en récoltant quatorze de recettes ( soit le double du troisième film de la saga initiée par George Romero : « LE JOUR DES MORTS-VIVANTS », sorti quelques semaines après ) avec cette excellente recette, quitte à me répéter, de gore et de fantastique sur une bande-son punk, le tout saupoudré d’un peu de nibards, oups…

Vous l’aurez compris, oui, j’aime ce film et en garde un excellent souvenir adolescent ( pour l’avoir connu à sa sortie française, le 15 mai 1985, ou presque ).
Voilà pourquoi je n’ai pas hésité à l’intégrer à cette semaine morte mais vivante et vous le conseillerai aussi, si vous ne l’avez pas vu lors de sa sortie comme moi.
Et n’hésitez pas à inviter des potes autour de vous en ramenant le pop-corn et évitant d’abuser de l’alcool tout de même.
Et si vous voulez, poursuivez l’aventure, puisque cet unique film du futur scénariste du « TOTAL RECALL » du Mad Dutch Paulo Verhoeven a donné naissance à une saga, comme vous avez pu le lire, lui aussi : « LE RETOUR DES MORTS-VIVANTS 2 » de Ken Wiederhom en 1988 ( reprenant une bonne partie du casting initial, dont James Karen, déjà nommé en 1986 pour le Saturn Award du meilleur acteur pour le premier épisode ), « LE RETOUR DES MORTS-VIVANTS 3 » que signa en 1993 l’excellent Brian Yuzna ( avec la ô mammia bandante Melinda Clarke, encore la jeune Mindy Clarke, comme la plus sexy morte-vivante fan de piercings extrêmes que j’ai vue ) et des « RETOUR » 4 et 5 d’Ellory Elkayem tous deux sortis en Direct-to-DVD en 2005…

Et pour finir avec les vannes sur notre première chaine nationale, distributeur de temps de cerveaux à des vendeurs de soda tout en étant paradoxalement spécialisée dans la lobotomie audiovisuelle, je doute que ce soit le genre de chaine qui ose encore aujourd’hui diffuser ce genre de film voire ce film ( contrairement à une certaine regrettée Cinque, Thank You la Cinq ! ) :

Vous pouvez maintenant éteindre votre télévision et réclamer encore un peu plus de cerveau, non ?

La fiche IMDB ( en français ) du film


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