Discours de Paul Jacquet relatif à la signature de la convention faisant suite à la charte sur l'égalité des chances

Madame la Ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche,
Monsieur le Commissaire à la diversité et à l'égalité des chances,
Monsieur le directeur de la DGESIP,
Monsieur le président de la CGE,
Mesdames, Messieurs,

La CDEFI est très satisfaite de l'aboutissement rapide du processus d'élaboration de cette charte, elle est fondatrice d'un nouveau dynamisme en matière d'égalité des chances dans l'accès aux formations d'excellence.
La CDEFI est, d'un certain point de vue rassurée, car les faits constatés dans ce domaine, certains commentaires rapides voire de surface induisent Mesdames, Messieurs un glissement sémantique qui assimile progressivement « l'élitisme républicain » à une forme de discrimination sociale.
La CDEFI considère que cette confusion est grave dans la mesure où elle risque de remettre en cause, à termes, les fondements mêmes de notre excellence scientifique et technologique et par là même une partie de notre capacité d'innovation. Quels sont les faits concernant les écoles d'ingénieurs ?
Elles accueillent en moyenne 26% de boursiers et, par un effet mécanique consécutif aux mesures prises par le gouvernement, ce taux atteindra rapidement les 30% que vous nous avez, Madame la Ministre, fixés comme objectif. Ces mêmes écoles diplôment annuellement 30 000 ingénieurs dont plus de la moitié n'ont pas été recrutés par le dispositif des classes préparatoires.
D'autre part, leur couverture du territoire national fait qu'elles recueillent un pourcentage relativement élevé d'enfants d'agriculteurs.
Ajoutons à cela, même si ce n'est pas directement lié à notre sujet, que c'est sans doute un des seuls si ce n'est le seul modèle de formation supérieure que la France exporte dans le monde.

Pour autant la situation n'est pas satisfaisante, et nous savons que nous « perdons » des talents. La charte que nous venons de signer, Mesdames, Messieurs, propose un ensemble de dispositifs qui vont permettre d'améliorer cette situation. Parmi ces dispositions, j'en retiendrai une qui me parait résumer à elle seule l'esprit même de cette charte : il s'agit des « cordées de la réussite », chères à Claude Boichot. Elles vont mettre en oeuvre le principe de solidarité active entre des élèves issus de milieux défavorisés et les élèves ingénieurs de nos écoles. Je suis d'une région, Mesdames, Messieurs, où s'encorder à une signification forte et une portée plus que symbolique : on s'encorde pour gravir un sommet, on s'encorde pour consentir ensemble les efforts nécessaires pour atteindre ce sommet et, enfin, une cordée et toujours solidaire, elle n'abandonne jamais un de ses membres ...

C'est dans cet esprit, et avec un grand enthousiasme, que nos élèves ingénieurs accompagnés de leurs professeurs se sont engagés, s'engagent et s'engageront dans diverses actions que chaque école ou groupement d'écoles mettront en oeuvre. La CDEFI quant à elle, par l'intermédiaire de sa commission « écoles d'ingénieurs et société » présidée par Florence Dufour qui m'accompagne aujourd'hui, prendra des initiatives dans ce sens, comme elle en a d'ailleurs pris dans un passé récent. Il est clair, Mesdames, Messieurs, que les écoles d'ingénieurs feront une partie du chemin pour mieux repérer et accompagner les jeunes talents issus de milieux défavorisés. Pour autant il nous semble important que l'enseignement primaire et secondaire retrouve le rôle qu'il tenait par le passé dans la détection précoce et l'accompagnement des jeunes aux capacités élevées.
C'est, Mesdames, Messieurs, par les efforts conjugués de l'ensemble du spectre de formation que nous lutterons efficacement contre l'inégalité des chances dans l'accès aux formations d'excellence. Sachez, Madame la Ministre, Monsieur le Commissaire que vous pouvez compter sur la CDEFI et ses écoles.

Paul JACQUET, Président de la CDEFI