Céline Dion: le souffle d'une athlète d'élite !

Céline Dion: le souffle d'une athlète d'élite !

Depuis deux semaines, Céline Dion est en Europe pour faire la promotion de son album Taking Chances, qui sera en magasin mardi matin. À Londres et à Paris, La Presse a suivi la superstar québécoise, qui bouclera bientôt son aventure de cinq ans à Las Vegas pour entreprendre une tournée de spectacles sur cinq continents. 

Vendredi 2 novembre, 1h du matin. Céline Dion danse et chante dans la régie d'un petit studio en périphérie de Paris en écoutant la version de The Best de Tina Turner qu'elle vient d'enregistrer en prévision d'une émission de télé le lendemain soir. Elle s'amuse follement. 

Depuis une dizaine d'heures, elle n'a pas arrêté une minute, enchaînant interview sur émission de variétés (Hit Machine, Star Academy). Partout, le public l'accueille comme une superstar et elle est à la hauteur, même si cela exige d'elle une formidable capacité d'adaptation, la télé française étant nettement plus bordélique que la britannique qui la sollicitait quelques jours plus tôt. 

Trois jours auparavant, dans un studio télé de Londres, je l'avais vue dans un état presque catatonique, étendue sur le sofa dans sa loge après marathon de 13 heures où elle a enregistré la prestigieuse émission spéciale An Audience With… Céline Dion. Chaque détail de l'émission avait été répété ad nauseam, y compris les réponses aux questions qu'allaient lui poser en soirée des personnalités britanniques dispersées parmi le public. Les Anglais ne laissent vraiment rien au hasard 

Lors de l'enregistrement de An Audience With, Céline Dion a été formidable d'énergie, de charme et de spontanéité, substituant des réponses aussi drôles que pertinentes à celles, mécaniques et sans saveur, qu'on avait voulu lui mettre en bouche. Dans le salon où j'assistais en direct à l'enregistrement, les invités de la chaîne télé ITV et de la compagnie de disques Sony/BMG n'en revenaient pas. René Angélil non plus, qui venait de passer la journée à visiter Londres avec son fils René-Charles et n'avait donc rien vu des répétitions. «En 26 ans de carrière, c'est la meilleure émission de télé de Céline», me disait-il après seulement deux chansons. L'instant d'après, il parlait déjà de diffuser cette Audience With… Céline Dion au Canada et aux États-Unis. 

Étourdissante 

Le lendemain, au chic hôtel Mandarin Oriental, tout près du magasin Harrods, Céline était engagée dans une série de rencontres avec des journalistes de la télé et de l'écrit venus de partout en Europe et même d'Israël pour l'entendre parler de son nouvel album Taking Chances, de sa prochaine tournée mondiale (qui s'arrêtera au Centre Bell les 15 et 16 août prochains), de Las Vegas, de sa famille. Entre deux interviews, elle venait décompresser dans une suite attenante au salon où les journalistes la confessaient. La fatigue se lisait sur son visage. Pourtant, quelques minutes plus tard, elle allait animer avec un aplomb étonnant une table ronde réunissant une demi-douzaine de journalistes. 

Par moments, j'avais l'impression d'avoir devant moi une athlète d'élite qui trouve un second souffle lorsque l'enjeu est important et qui soustrait son équipe à la pression en donnant toujours l'impression d'être au-dessus de ses affaires. La veille, entre les nombreuses répétitions de An Audience With, jamais elle ne quittait le plateau pour faire une pause. Au contraire, elle était toujours en représentation, étourdissante, chantant sans arrêt du Queen, du Bobby McFerrin, du Eurythmics ou du Donna Summer, scattant comme les chanteurs de jazz, ou inventant carrément une chanson. «Ah oui? Ça, je ne m'en aperçois pas», allait-elle pourtant me dire quelques jours plus tard à Paris. Comme me l'expliquait un membre de son équipe à qui je confiais mon étonnement: «C'est ce qu'elle sait faire, c'est beaucoup plus facile pour elle que de donner des interviews.»

Vivre la nuit 

Mais aujourd'hui dans le petit studio parisien où elle danse en donnant l'impression de flotter tellement elle est dans son élément, elle pourrait veiller toute la nuit. Je lui demande si c'est ainsi qu'elle se sentait lors des sessions d'enregistrement nocturnes à Las Vegas pour son nouvel album. Elle sourit et me jette un regard en continuant à danser: «Je suis comme ça, j'aime vivre la nuit. Une chance que je ne suis pas tombée dans la drogue ou dans l'alcool, je ne m'en serais jamais sortie.» 

Il est presque 2h du matin quand elle rentre à l'hôtel George V où l'attendent environ 150 fans. René Angélil lui suggère de se faufiler entre les gardes du corps pour gagner le lobby de l'hôtel, elle lui demande plutôt de baisser la vitre et de lui refiler photos, pochettes de disques et bouts de papier que lui tendent ses admirateurs. Ils repartiront tous avec une dédicace de la chanteuse. Et quand le couple regagnera finalement sa suite, ce sera pour retrouver René-Charles avec qui papa René jouera jusqu'à 4h du matin. 

Le lendemain soir, dans une émission de fin d'année de France 2 (Les stars de l'année 2007), elle jouera la vamp dans un numéro qui se veut un clin d'œil à la grande Tina. On ne verra d'abord que ses jambes sortant d'une limousine et se dirigeant d'un pas assuré vers le studio où, moins de 24 heures après l'avoir enregistrée, elle livrera une version électrisante de The Best, entourée de 12 danseurs. Sans répétition aucune, Céline Dion prend manifestement beaucoup de plaisir à jouer la femme sexy qui se trémousse toujours un peu plus à mesure que lui parviennent les clameurs d'un public en chaleur. 

«Toi, t'es vraiment the best», lui dit son mari et manager dans la limousine qui nous ramène à Paris ce soir-là. Céline a beau lui répondre que sa chevelure abondante nous a caché quelques ratés dans son lipsync, pour une fois, elle n'est pas convaincante. Elle a impressionné son critique le plus franc, celui dont l'opinion compte plus que toutes les autres pour elle. Et elle n'en est pas peu fière.

Par : Alain De Repentigny

La Presse 

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