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Vous votez, oui ou non ?

Publié le 12 février 2010 par Ruminances

badinter.jpgDisparitus a gentiment tagué H16 l'invitant à rejoindre une sorte de ronde où les blogueurs sont conviés à s'exprimer sur les prochaines échéances régionales. Vont-ils aller voter ou bien s'abstenir ? Comment envisagent-ils la chose et pourquoi ? Voici le thème : Voterez-vous lors des élections régionales ? Si oui, savez-vous déjà pour qui vous voteriez au premier tour ? Pourquoi ? Avez-vous une idée pour qui au premier tour ?

H16 a répondu. Il explique les raisons qui le font hésiter, voire plus. Rien à dire. C'est son isoloir. Il nous demande de le convaincre du contraire… Au fond, il avoue en avoir gros sur la patate. Drôle de mission ! Surtout quand je lis les raisons qui le poussent à la méfiance à l'égard des candidats : « Voterais-je pour les régionales ? Non, et ce pour deux raisons : d’abord, parce que je n’habite pas en France et que donc, je me vois mal dépendre d’une région quelconque. Mais surtout, même en imaginant que ce soit possible, je n’en ai aucune envie : la vaste plaisanterie que représente la politique en France actuellement n’arrivera pas à me motiver, de près ou de loin, pour qui que ce soit. »

Ruminances est une équipe qui a plein de choses en commun, mais, dans le cas présent, s'agissant de vote et d'élection, chacun parle pour soi. Le débat est ouvert. C'est donc à titre personnel que j'exprime une pensée ruminante. Depuis 1981, j'ai quasiment voté à toutes les élections. Je me souviens de ce 10 mai 1981 et de ma joie en découvrant le visage de François Mitterrand se dessinant sur l'écran. Je me souviens surtout de la gueule défaite quelques instants plus tôt d'un Jean-Pierre Elkabbach, disant : « il est vingt heures… ». Je me souviens, matant sa tronche de chien assis à l'écran, disant  : « C'est Mitterrand ! ».

Livide qu'il était, Elkabbach ! Il s'est soudainement grippé. La suite fut un moment d'une joie extraordinaire. L'insulaire que j'étais à l'époque s'est tout de suite rendu sur la place du bourg, dans le seul bistrot ouvert, « Les Corsaires », et avoir bruyamment exprimé une joie à la fois légitime et puérile. La suite… Une succession de flashs historiques et souvent décevants. Si, une belle photo. Badinter à la tribune de l'assemblée, dans un discours magnifique, clamant son horreur de la barbarie. La peine de mort était abolie. La révolution française pouvait danser.

Mon vote a toujours été un vote de résistance, plus qu'un vote partisan. N'ayant pas trouvé, ni jadis ni maintenant, la bonne légitimité dans aucun parti, je vote davantage contre que pour quelque chose, sachant qu'au bout il y aura toujours un obstacle qui empêchera cette chose d'arriver. C'est au nom de cette chose que nous engageons parfois notre vie. C'est au nom de cette chose que tous les partis mentent aux citoyens. En 1981, je me souviens très nettement avoir voté contre Giscard. plus que pour Mitterrand. Giscard, Bokassa, les diamants, le massacre des enfants de Bangui et cette allure d'aristocrate dégénéré qui me sortait par les narines !

Autre chose importante. Elle concerne le devoir citoyen. Le mien. Je suis né et ai vécu sous le régime de Franco jusqu'à l'âge de 16 ans. Ma famille, comme toute famille espagnole, a été touchée par la guerre civile, la dictature, la torture… En matière d'élection, nous n'avions qu'un droit, celui de lire dans la presse les gros titres sur le résultat des référendums : 98% d'espagnols ont dit oui à Franco. Chez les résistants le jeu consistait à chercher qui pouvait se cacher dans les 2 % manquants.

Quand, ayant obtenu la nationalité française, j'ai eu le droit d'introduire le bulletin dans l'urne, vous ne pouvez pas imaginer mon choc émotionnel. La banalité n'est pas la même pour tous. J'ai essuyé une larme furtive. En cachette, bien sûr. Un homme, un résistant, un militant, ne pleure pas. Il se bat !

Même si je comprends les raisons du dégoût que certains citoyens ont pour la chose politique, j'irai voter. Sachant que je vais surtout voter contre, inutile de m'égarer entre les deux tours. Le premier tour étant aussi piège à con que le second, j'irai droit au but. J'éviterai ainsi la mauvaise surprise d'un Front National pour arbitre. La chose est claire : au premier comme au second, je vote contre Sarko et sa bande. Oui, sa bande !

Que la classe politique ne s'imagine pas non plus devant le résultat qui s'annonce que le citoyen, en bon pantin, va continuer à balancer des chèques en blanc pour qu'ils puissent continuer leurs petites combines. Marre des combines et des combinards. Du sommet à la base de la pyramide, du dirigeant au militant, la propreté morale se gagne au quotidien. La classe politique doit changer ses méthodes de campagne et de gouvernance, sinon elle finira seule devant l'urne. Si cela devait arriver, il fera mauvais temps pour la liberté et pour la démocratie.

Oui, j'irai voter.
Je passe la main à qui veux : Donjipez, Harakiri, lapecnaude, humeurs de gauche, pensez Bibi, Mtislav, Eric, Fabien et tournez manège…


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