Platée princesse des marais

Que les Dieux de l'Olympe sont cruels avec les batraciens! Pour finir  l'année en beauté et c'est une très bonne habitude , rien ne vaut la Platée de Rameau, mise en scène par Laurent Pelly, reprise entre les reprises et qui réjouit indifféremment ramistes, amoureux de baroque, rousseauistes intransigeants, bouffons et autres querelleurs. On ne glosera pas des heures sur l'interprétation de Paul Agnew ou celle de Jean-Paul Fouchécourt , les deux sont excellents (question de fausset). Tous deux comédiens remarquables pour interpréter cette nymphe naïade née grenouille , femme respectable et célibataire, si respectable qu'on la respecte plus qu'on ne l'honore . Un jour les dieux qui se réjouissent d'un rien convoquent Thespis pour lui commander une comédie d'un genre nouveau. Aidé de Momus, d'Amour et de la Folie, sans oublier Mercure (Yann Beuron toujours aussi bon) les divinités concoctent une farce sordide : on va faire croire à la créature des marais que Jupiter, est amoureux d'elle .Le  patron des dieux et des feux en fait, ne cherche qu'à jouer un tour à sa jalouse épouse Junon qui le soupçonne de toutes les tromperies. Cithérion  sera le félon organisateur du machiavélique projet.Dans Platée, le théoricien Rameau (jugé si sérieux et si exact par Voltaire)montre outre un sens poétique une irrésistible drôlerie et un art de la narration. Mireille Delunsch explose en Thalie au point qu'on ne sait plus qui prime du chant ou des paroles dans sa performance . François Lis est un jeune Jupiter à l'aise au Panthéon... Et il faudrait citer tous les autres solistes d'Aimery Lefevre (Momus enthousiaste)à Judith Gautier (mozartienne Clarine et Amour aimable). Enfin , last but nont least, mention spécial aux ballets bouffons en diable qui ponctuent cet opéra baroque et qui participent avec force à la réussite du projet .