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Eric Van Hamme : « Une histoire se construit comme une recette de cuisine »

Par Bscnews

Eric Van Hamme, Entretien avec un auteur qui joue de l’autodérision pour partager les histoires qui bouillonnent dans sa tête.Eric Van Hamme est l’auteur d’un recueil de nouvelles intitulé « J’aimerais vivre un jour encore » (Actilia Multimédia). Cinq textes comme autant de galeries de personnages, comme autant de variations autour de la vie, de ses drames et de ses espoirs… Entretien avec un auteur qui joue de l’autodérision pour partager les histoires qui bouillonnent dans sa tête.
Question banale pour commencer : quelles sont tes sources d’inspiration ?
La question n’est pas banale du tout. Elle est à la base de tout le processus créatif. Je me la suis très souvent posée : « Comment ai-je fait pour imaginer tout ça ? » Je me suis alors rendu compte qu’en fait il n’y avait pas une source mais plutôt une multitude de sources d’inspiration, des petits riens que je relie entre eux. J’accumule des petits bouts d’émotions, d’observations, de sentiments, de questions… A partir de là mon travail consiste à assembler tout ce que j’ai accumulé autour du sujet que j’ai choisi de traiter.   C’est peut-être ça la véritable inspiration...
Tu fais quoi, dans la « vraie » vie ?
Depuis quelques années, je fais de l’organisation dans une banque, un métier passionnant et varié. Avant, j’ai donné dans le marketing.

Etre obligé de travailler plutôt que de vivre de sa plume, c’est un avantage ou un inconvénient ?

Aujourd’hui, c’est une nécessité économique. Les auteurs qui vivent uniquement de leur plume ne sont pas très nombreux. Si j’avais la possibilité de vivre de l’écriture, je ne suis pas certain que j’aurais vraiment envie de le faire. Par nature, je suis plutôt casanier, ce qui fait que je pourrais être tenté de m’enfermer dans une « bulle créative ». Or j’ai besoin d’échanger, de rencontrer des gens, de humer l’air du temps, d’être en prise avec mon époque. La situation idéale serait de partager mon temps entre écriture et activité professionnelle.

Dans ce recueil, tu proposes cinq nouvelles très différentes dans le ton. Qu’est-ce qui les réunit, au final ?

La différence de ton des nouvelles constitue un parti pris rédactionnel. Elles sont toutes écrites à la première personne pour permettre aux lecteurs de rentrer plus facilement dans la peau des personnages. La vision du monde et la façon de s’exprimer d’une jeune femme de banlieue n’est pas la même que celle d’un cuisinier trentenaire épicurien.

Il y a cependant une thématique qui les relie : « Comment réagit-on face aux évènements fortuits de l’existence ? »

Chacun devra trouver en lui les ressources nécessaires pour s’en sortir, ou pas.
Je parlais d’une vraie diversité de tons et de sujets dans ce recueil. Ne crains-tu pas de dérouter le lecteur en proposant une gamme aussi large ?
Il y avait potentiellement un risque mais, jusqu’à présent, personne ne m’en a fait le reproche. C’est justement grâce à cette diversité que chaque lecteur s’est parfois senti plus directement touché par l’histoire d’un ou plusieurs personnages. Jamais les mêmes en fait…

A chaque fois, dans le drame comme dans la farce, tu vas très loin. C’est tragique ou « hénaurme » et hilarant. Parviens-tu à travailler ces registres avec la même facilité ?

Ces registres sont en fait très proches. Ne dit-on pas que les extrêmes se rejoignent ? Ne rit-on pas aux larmes ? C’est précisément là-dessus que je joue pour donner le maximum de force aux personnages et aux situations.

Entre pessimisme et optimisme, ton cœur balance ?

C’est tout à fait cela, je passe souvent de l’un à l’autre. C’est un de mes traits de caractère… Mon humeur ressemble souvent à un ciel de printemps.
 
Ce qui est constant, dans ta personnalité comme dans tes textes, c’est l’auto-dérision. Une manière d’aborder la vie, de se protéger, ou rien de bien précis ?
Il s’agit d’abord d’une démarche personnelle pour éviter de trop me prendre au sérieux. Je ne suis rien d’autre qu’un type qui adore faire partager les histoires qui bouillonnent dans sa tête.
On découvre dans les nouvelles de « J’aimerais vivre un jour encore » que tu es un véritable amateur de bonne chère. Ecrire et déguster, les deux plaisirs de ta vie ?
Bien vu. Dans chacun de mes livres, à un moment ou un autre, il est question de gastronomie. Dans les deux cas, la symbolique du partage me paraît essentielle. Une histoire se construit un peu comme une recette de cuisine, en mélangeant les ingrédients avec ma sensibilité propre. Comment se passer des nourritures de la chair et de l’esprit ?
 
Travailles-tu à un nouveau projet en ce moment ?
Je travaille à un roman traitant de la relation parents-enfant. Le titre provisoire « Cet amour que vous ne m’avez pas donné » donne bien le ton, je crois. Ma femme, qui est toujours mon premier lecteur, l’a trouvé très émouvant. Je place donc de grands espoirs dans cette histoire, assez rude au demeurant.
J’aimerais également, mais c’est difficile, réussir à faire publier un recueil de poèmes écrits, pour la plupart, ou cours des deux dernières années.
Pas la moindre coquille dans ton livre. On constate le résultat d’un véritable travail éditorial. Peux-tu nous dire quelques mots sur ton éditeur ?
Mon éditeur et moi partageons le goût du travail bien fait par respect pour le lecteur. Rien n’est jamais parfait, dans ce livre, pas plus que dans les autres, mais nous travaillons dur. Actilia multimédia est une petite structure familiale bretonne installée près de Vannes. Avec Franck, mon éditeur, nous nous consultons sans relâche, confrontons nos points de vue. Il est essentiel que les « petits » éditeurs puissent continuer à faire entendre la voix d’auteurs comme moi.
Je profite également de l’occasion pour dire que je bénéficie de l’aide d’amies blogueuses passionnées de lecture et qui m’apportent un concours précieux.
Eric Van Hamme, « J’aimerais vivre un jour encore », Actilia Multimédia, 193 p., 12€.


Par Olivier Quelier - Voir son blog


Le blog d’Eric Van Hamme est ICI.


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