L'omelette aux huîtres

C'est rare que je ris aux éclats avec un roman, mais là, ça l'a fait. Nuit de samedi à dimanche. Après que gars de sept ans n'ait pas digéré sa ration de topinambours. Pour me remettre de mes émotions, je me plonge dans le roman du moment. Notre héros au travail, de Denis Robert. Qui, entre autres talents, il est par exemple journaliste d'investigations (Clearstream...), est également Lorrain. Messin, certes. Mais Lorrain quand même ;-)
Bref, je lis son bouquin et je m'amuse comme un fou à lire le chapitre les Huîtres. Hilarant. Réaction nerveuse, peut-être. Mais rigolo et joliment troussé.
Ca narre un  souvenir. Le père a sauvé la vie d'un type fortuné d'Arcachon qui, pour remercier, envoie chaque année une bourriche. Ca ne se mangeait pas à l'époque les huîtres chez ces gens-là. 
La découverte circonspecte du fruit de mer est décrite avec brio. La cagette en bois qui pue. Les premières huîtres ouvertes au tournevis. Personne qui n'ose goûter. Promesse de ne pas dire aux autres que ça s'est terminé dans la poubelle.
Mais l'année suivante, rebelote. Une bourriche de nouveau. Cette fois des invités. Impossible de se débiner.  Extrait :
Un clivage net est apparu dans la famille, écrit l'auteur. Les hommes préféraient le pâté, les femmes disaient préférer les huîtres. Mais douze douzaine d'huîtres pour deux femmes et demi, ça fait quand même beaucoup. (...) Le lendemain de Noël, pour ne pas gaspiller, ma mère a eu l'idée d'une nouvelle recette : l'omelette aux huîtres. Vous prenez une centaine d'huîtres gouleyantes, vous les sortez de leurs coquilles, vous virez l'eau de mer, vous les séchez dans un linge. Vous battez à côté une douzaine d'oeufs, et vous faites cuire le tout. Salez, poivrez. Ensuite vous forcez la famille à en manger. L'omelette est devenue un rituel. Un compromis douloureux et gluant. (...)