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Le plus vieux café de Paris

Par Celinexcoffon
Francesco Procopio dei Coltelli, jeune sicilien, s'installa à Paris en 1670. Engagé par deux arméniens sur la foire Saint-Germain, il servait aux chalands une nouvelle boisson à la mode : le café. Au début on se forçait à boire ce breuvage amer parce que le roi le trouvait à son goût, mais on se pinçait le nez en le coupant de lait, jusqu'à ce que l'on ne puisse plus s'en passer.
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Constatant le succès du café, Procope réussit à économiser pour ouvrir en 1686 le premier "café", dont la formule allait peu à peu remplacer l'habituel cabaret. Une décoration luxueuse le démarquait des habituels bouis-bouis, un éclairage étudié permettait de s'y installer sans se faire délester de sa bourse, voire de sa vie. L'ingénieux sicilien mit même au point l'un des premiers percolateurs, améliorant sensiblement la qualité du breuvage.
Cherchant à diversifier sa clientèle Procope commença a servir des glaces, et les parisiens se passionnèrent pour ce nouveau rafraîchissement. Dans la rue de Buci se trouvait le Théâtre-Illustre, où débuta Molière, et la Comédie-Française s'installa à deux pas du café en 1688. Dès lors les écrivains se joignirent aux comédiens sur les banquettes du Procope, qui demeura l'observatoire de la vie intellectuelle tout au long du XVIIIe siècle.
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En 1721, Montesquieu écrit : «Si j'étais souverain de ce pays, je fermerais les cafés car ceux qui fréquentent ces endroits s'y échauffent fâcheusement la cervelle.» La suite a prouvé qu'il n'avait pas tort.
Les habitués Voltaire, Rousseau, Restif de la Bretonne, Diderot, d'Alembert et Beaumarchais se virent remplacer dès 1789 par un club révolutionnaire présidé par Hébert. Danton, Marat et Robespierre habitaient le quartier, et l'on dit que le bonnet phrygien y fut porté pour la première fois. Le soir, les membres du club brûlaient devant la porte de l'établissement les journaux dont les propos trop modérés scandalisaient leurs volontés de réformes libérales. Et c'est au Procope qu'on décide le 10 août 1792 d'attaquer les Tuileries.
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Après la tourmente, le Procope retrouva un succès romantique avec la fréquentation de George Sand et Alfred de Musset. Mais sous le Second Empire la Comédie-Française avait changé d'adresse, les cafés s'étaient multipliés et la mode des grands boulevards attirait les parisiens dans d'autres quartiers. La réputation littéraire du lieu s'estompa peu à peu, et le Procope ferme ses portes en 1874, avant d'être repris puis défiguré par une succession de propriétaires.
Aujourd'hui le Procope a retrouvé son lustre mais vit sur son histoire, et le fameux coq au vin rassasie davantage les touristes que les gloires littéraires.
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Le Procope - 13 rue de l'Ancienne Comédie - 75006 Paris

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