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Crise grecque : Khaos ou euphoria ?

Publié le 15 février 2010 par Jblully

Crise grecque : Khaos ou euphoria ?Depuis quelques semaines, les médias se font l’écho des craintes des marchés financiers quant à un risque de défaut de l’Etat grec. A les entendre, l’Europe serait à la veille de connaître une de ces crises monétaires du type de celles qui ont rythmé son existence tout au long des décennies 70 à 90. Et d’égrener une succession d’évènements qui nous ramènent au temps des sombres heures des dévaluations du franc : sommet européen de crise (peu conclusif), dénonciation du rôle des spéculateurs (anglo-saxons), baisse du franc, pardon de l’euro, et hausse des taux d’intérêt à long terme. Pourtant, si les problèmes des finances publiques grecques, portugaises, espagnoles etc. sont bien réels, on a du mal à se convaincre de la gravité de cette crise : est-elle comparable à celles qui virent la livre sterling sortir du SME ou qui mirent un terme à l’expérience française née des élections de 1981 ? De fait, que risque-t-on vraiment aujourd’hui ?

Sans sombrer dans une paranoïa bien française, il est largement admis que les « anglo-saxons » n’ont jamais accepté l’euro, soit parce que le projet européen ne remplissait pas les conditions fixées par la théorie pour qu’une zone monétaire unifiée voit le jour et subsiste, soit parce qu’ils y voyaient un outil de combat contre la suprématie internationale du dollar. De façon récurrente, surgissent ainsi des rumeurs sur les risques (ou les chances !) d’éclatement de la zone euro pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Jusqu’à présent, ces rumeurs n’ont jamais dépassé le stade du phantasme et l’euro a pu fêter ses dix ans d’existence à la grande surprise de certains.

Un examen objectif de la situation montre que cette crise est du même tonneau : un prétexte (la mal gouvernance grecque) est utilisé pour ressortir toutes les critiques habituelles : absence de pilote dans l’avion (pas de gouvernement économique), des institutions trop rigides pour faire face à l’urgence (interdictions des aides communautaires et d’un soutien de la BCE) et, finalement, une zone monétaire qui rassemble des pays trop hétérogènes (Allemagne et Grèce !) pour être viables.

Une fois qu’on a dit ça, on comprend que le seul enjeu de cette crise est de savoir si les européens sauront trouver (ou non) une solution au risque de défaillance d’un des Etats membres de la zone. Les contraintes sont connues, les pistes aussi (soutien d’Etats à Etat). A ce jour, et malgré l’absence de plan concret, rien ne permet de douter que les européens (en fait, les allemands) feront ce qu’il faudra. En fait, la dramatisation est une composante nécessaire du sauvetage à la fois pour que les grecs avalent la pilule amère de la rigueur, mais aussi pour que d’autres (portugais etc.) y réfléchissent à deux fois avant d’appeler à l’aide. Merci les médias de jouer à nous faire peur !

Au final, les risques paraissent des plus minimes (pour l’Europe) alors que les avantages de la crise ne sont pas minces. D’abord, que l’euro revienne vers 1,35$ est-il si dramatique ? Les économistes n’estiment-ils pas que le niveau d’équilibre de l’euro/$ est plus proche de 1,10 que de 1,50 ? Quant aux inconvénients habituels d’une monnaie faible, ou sont-ils ? Les taux d’intérêt de la BCE restent à 1% et ne seront sûrement pas impactés par la crise grecque. Quant au taux long, ils restent à 3,2% pour l’Allemagne et à peine plus pour la France. Grâce aux grecs, EADS est en train de se refaire une compétitivité dont elle ne rêvait plus !

Ensuite, on sait d’expérience que c’est dans la crise que l’Europe progresse. L’urgence du moment impose aujourd’hui aux européens de trouver une solution à un problème non prévu par les institutions. De la sorte, ils montrent à la face du monde que la force du projet européen réside plus dans la conviction des peuples (et des gouvernements) que dans la perfection des textes juridiques qui régissent sa gouvernance.

Au final, les évènements actuels n’ont rien à voir, quoiqu’en disent certains, avec les crises du passé. Bien au contraire, on ne peut exclure qu’ils préparent des temps meilleurs. Si le grec a bien donné « chaos » à la langue française, il lui a aussi donné « euphorie» ! Ne l’oublions pas …


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