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“Fantastic Mr. Fox” : rusé renard

Par Kub3

Après Tim Burton et Robert Zemeckis, et en attendant le Tintin de Spielberg et Jackson, Wes Anderson, réalisateur auteuriste et indépendant (The Life Aquatic With Steve Zissou, Darjeeling Limited), se lance dans l’animation. Son sujet ? Une adaptation aussi libre que folle d’un roman de Roald Dahl avec un casting en or et un univers haut en couleurs.

“Fantastic Mr. Fox” : rusé renard

Autant le dire tout de suite, que vous aimiez ou pas la mise en scène lancinante et décalée de Anderson, que vous soyez fan de son second degré et que vous détestiez son côté “dans les choux”, Fantastic Mr. Fox est un film pour vous, nous, pour tout le monde. Drôle, piquant, rythmé et unique en son genre, ce renard ne vous laisse pas une minute de repos.

Entre les références, les jeux de mots, les dialogues au cordeau, il y a très peu de choses à reprocher à ce film-OVNI qui allie le pire de toute l’animation pour notre plus grand bonheur : décors en carton-pâte, marionnettes animées à 12 images par seconde, multiplication des tailles et jeux sur les distance, liberté de ton… A l’heure des productions Pixar, Blue Sky ou (dans une moindre mesure) Dreamworks, qui sont d’une rigueur technique totale, Fantastic Mr. Fox passe pour le petit frère un peu simple d’esprit qui n’a rien compris à l’entertainment.

Mais au fond, c’est l’irrégularité de l’image et de l’animation qui transforme le film en un petit chef d’œuvre, rappelant autant Grimault dans sa poésie que Ladislas Starewitch, la star russe de l’animation en stop-motion qui en mettait plein la vue aux cinéphiles entre les deux guerres avec – je vous le donne dans le mille – Le Roman de Renart (1941). Et la musique d’Alexandre Desplat, un peu vieillotte, en plus de deux extraits de George Delerue, vient en rajouter une couche.

La véritable force du film, c’est qu’il a tout de même appris la leçon des studios Pixar & Cie : un film d’animation doit s’adresser autant aux enfants qu’aux adultes. On pourrait presque regretter que Fantastic Mr. Fox ne plaise pas autant aux petits que le dernier Disney, tellement son humour, son décalage et son bagage référentiel est lourd de sens pour les plus adultes. Il faut voir Fox fermer les yeux d’un rongeur en soulignant qu’il s’agit encore d’un “autre rat dans une poubelle derrière un restaurant chinois“.

Difficile toutefois de continuer à parler de ce petit bonheur sur pattes sans aborder la polémique qui secoue le film et Wes Anderson. Comme à l’époque de L’Etrange Noël de Monsieur Jack, le public a du mal à faire la part des choses entre un réalisateur et son travail sur un film. Tim Burton était moins présent sur le plateau du film que Henry Selick, le réalisateur de l’animation, et même que Danny Elfman, qui compose la musique, chante et joue le personnage principal. Pour Fantastic Mr. Fox, Anderson a travaillé sur le scénario, enregistré et dirigé les comédiens… et n’a pas mis les pieds sur le tournage. Il préférait envoyer ses idées, commentaires et story-boards depuis son appartement parisien. Vous êtes prévenus.

On connaît tous l’excentricité de Wes Anderson. On aime ou on n’aime pas ses films. Mais Fantastic Mr. Fox mérite largement une place de cinéma, ne serait-ce que pour en prendre pleins les mirettes et prouver que le cinéma ce n’est pas que de la technique, des lunettes 3D à 3€ et des aventures extraordinaires. C’est avant tout une question d’univers. Et celui de Fantastic Mr. Fox est impeccable.

“Fantastic Mr. Fox” : rusé renard

En salles le 17 février 2010

Crédits photos : © Twentieth Century Fox France

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