Magazine Côté Femmes

Anonymat genré

Publié le 16 février 2010 par Juval @valerieCG

Sur twitter, vous pouvez créer des groupes. Deux personnes en ont donc créé chacun un, respectivement appelé “girlz” et “girly” dans lesquels ils m’ont ajoutée.
Avec ma classe légendaire, je leur ai demandé s’il leur arrivait souvent de classer les gens selon la présence supposée d’un vagin, je n’ai toujours pas de réponse.

En parcourant ces listes, je n’y ai vu que des pseudos féminins. j’ai eu beau chercher, ces deux personnes (et les milliers d’ autres qui créent de telles listes) n’ont pas créé de liste “boys”.
Les personnes présentes dans ces listes parlent des sujets les plus divers, de la politique à la mode, en passant par l’économie, la musique ou le cinéma. Mais on ne retient qu’un critère ; elles sont des femmes.
Lorsqu’on rencontre une personne en réel, quasi instinctivement, on la classe en tant qu’homme ou femme ; et, d’emblée, nos discours se modifient en fonction du genre consciemment ou non.
Evidemment d’autres critères entrent en jeu dans notre rapport à l’autre ; la beauté, la couleur de peau, l’idée qu’on se fait de l’origine sociale, le handicap possible ou les tics verbaux et physiques.
Internet permet d’évacuer tous ces préalables sauf celui du sexe.
J’ai déjà souvent été ennuyée d’écrire au féminin. Dire “je suis contente” au lieu de “je suis content” modifie clairement la façon que nous avons de discuter. Vous me parlez en sachant que je suis une femme et je vous parle de la même façon.
Il y a peu, alors que je m’engueulais copieusement avec une militante d’extrême gauche, elle a parlé de moi en disant “dame Valérie”. Cela semble anodin - et cela l’était sûrement - mais je me suis demandée ce que mon genre venait faire dans notre engueulade. J’étais d’un coup ramenée à mon genre qui n’avait rien à voir dans histoire.

J’ai donc pensé écrire au neutre ; mais le neutre est masculin donc on en reviendrait au même point.
J’ai pensé écrire “je suis content-e-” mais cela nuit à la lecture.

On m’a proposé un “je suis contentE” mais je crains que cela puisse être interprété comme une glorification de la féminité ce qui n’est pas mon propos.

J’ai enfin pensé à tourner me phrases de manière à ce qu’aucun mot ne soit féminisable mais l’exercice devient vite rébarbatif.
J’en resterai donc au langage habituel mais il me semble intéressant de noter que cet “anonymat” achoppe par le fait même du langage sur le genre de chacun.


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