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POUR LA CONSTRUCTION D'UNE CONSCIENCE HAITIENNE APRES LE SEISME DE JANVIER 2010 (1re PARTIE)

Publié le 17 février 2010 par 509

POUR LA CONSTRUCTION D'UNE CONSCIENCE HAITIENNE APRES LE SEISME DE JANVIER 2010 (1re PARTIE)Par Lesly Péan
Le 12 janvier 2010 en trente-cinq secondes, le monde s’est arrêté en Haïti. Avec brutalité. Au moment où il est question d’estimer les dégâts et d’évaluer les coûts de la reconstruction, l’élément politique est plus que jamais au centre de la complexité d’une situation déjà ingérable d’un pouvoir qui se complait dans la banalisation du mal. Le tremblement de terre a mis à jour le vide du reflux de l’État dans l’organisation de l’espace haïtien. Il a fait émerger un certain nombre de questions en suspens concernant l’ordre politique anarchique et populiste qui campe en Haïti. L’ampleur des destructions pose la nécessité d’une reconstruction qui ne se limite pas aux villes détruites par le tremblement de terre. Il faut dire : par-delà la recomposition spatiale que cette crise impose, il s’agit en fait d’une refondation de l’État longtemps miné par la méfiance pour ne pas dire la haine des dirigeants contre la plus grande partie de la population. Cette méfiance prend parfois des formes caricaturales comme celle de la confusion entretenue par le parti gouvernemental et ses incursions dans les formations politiques pour la création d’un parti unique.
Dans cette conjoncture où un obscurantisme coriace essaie d’effacer de nos cartes mentales les rapports entre catastrophe sismique et mauvaise gestion politique pour en rester à l’aspect sensationnel de ce malheur, il faut saluer le produit des champs neufs de collaboration de multiples secteurs de la société haïtienne qui descendent dans les profondeurs pour proposer « un plan de sauvetage » à la hauteur de la conjoncture. Un travail qui s’inscrit dans les coulisses de la rencontre de Santo Domingo des derniers jours du mois d’août 2009 au cours de laquelle le constat du désastre causé par le tremblement de terre quotidien du système sociopolitique et économique avait été établi. L’appel avait alors été lancé pour l’élaboration d’une approche stratégique de sauvetage qui sorte de la simple logique de projet financé par un bailleur de fonds, logique du coup par coup, pour la recherche d’une harmonie, avec un discours de cohérence mettant en avant la coordination et la synergie collective. Comme la tessiture des voix à la rencontre de Santo Domingo en atteste. La situation d’incurie institutionnelle et de désagrégation du tissu social a milité pour une rupture, en commençant par la connaissance. Conscient que le plan stratégique de sauvetage national (PSSN) conduit déjà à des abus interprétatifs, nous proposons de contribuer à le magnifier. Le coordinateur du projet ayant bien souligné que le travail n’est pas figé et qu’il peut évoluer en dehors de la problématique narcissique qui veut que la lecture d’une œuvre soit lecture de soi.
Tout d’abord, il importe de reconnaître qu’il existe de nombreux documents et plans proposant des lendemains qui chantent pour Haïti. Parmi ces documents on peut mentionner :a) PNUD, La bonne Gouvernance : un défi majeur pour le développement humain durable en Haïti, 2002b) CLED, Haïti 2020 – Vers une Nation Compétitive, 2003.c) PNUD, Rapport National sur le Développement Humain – Haïti, 2004.d) Marc L. Bazin, Sortir de l’impasse – Démocratie, Réformes et Développement, 2006.e) Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté — DSNCRP (2008-2010) – Pour réussir le saut Qualitatif, 2007.f) Commission Présidentielle sur la Compétitivité , Groupe de Travail sur la Compétitivité – Une Vision Partagée pour une Haïti Inclusive et Prospère, 2009.
Tous ces documents contiennent des éléments positifs pouvant servir de boussole pour déterminer comment réorganiser Haïti sur les plans sociaux, économiques et financiers. Certains dont celui de Marc Bazin abordent explicitement le problème politique de la réforme de l’État. Problème un tant soit peu central qui doit être adressé dans tout plan de sauvetage national. Il faut donc poser en clair la question du ré-ordonnancement de la vie politique en tenant compte des intérêts contradictoires qui s’affrontent. Les forces politiques d’alternative existent en Haïti et en diaspora. Nous ne partons donc pas de zéro. Mais il convient de constater que ces documents n’ont pas mis Haïti à l’abri du chaos mis en évidence par le tremblement de terre du 12 janvier 2010. Pourquoi ? Parce qu’essentiellement les gens qui sont aux commandes sont des amateurs, n’ont aucune capacité de proposition, n’ont jamais rien géré de leur vie et ne sont pas des dirigeants. Leur stérilité intellectuelle n’a pas de bornes.
Un plan de libération nationale
Le plan de sauvetage reconnaît que le président Préval « est dépassé par les événements » (page 69) causés par le séisme du 12 janvier. C’est un fait palpable. Mais il importe aussi de reconnaître, comme l’ont fait nombre d’analystes, qu’avant le 12 janvier, le président Préval avait engagé le pays dans une voie de garage avec ses dernières démarches et pratiques de pouvoir qui avaient révolté la classe politique et le peuple. En effet, la décomposition s’annonçait avec le monopole du pouvoir en filigrane dans la formation du parti INITE et les élections bidon qui se préparaient. Avec le soutien de la communauté internationale, le gouvernement, obsédé par le pouvoir absolu, s’était barricadé au Palais national contre tous les démocrates qui demandaient la transparence dans l’organisation du scrutin de février 2010, étape cruciale pour son projet de changement de la Constitution de 1987 afin de se perpétrer au pouvoir lui-même ou par personne interposée.
Dans ce processus, le gouvernement se perd, se fissure avec le complot contre Madame le Premier ministre Michèle Pierre-Louis, et s’effondre avec le tremblement de terre. Le seul ciment qui maintient encore les larges morceaux de gravats et les blocs de béton de ce gouvernement est la peur que les soldats américains sont venus entrer de force dans les tripes vides du peuple haïtien avec leur présence armée à travers le territoire national. Arno Klarsfeld, envoyé spécial du gouvernement français et conseiller spécial de Matignon, l’a dit en clair : "Sans les États-Unis, Haïti serait à feu et à sang depuis longtemps". Il faut dire : c’est donc fondamentalement pour empêcher l’explosion sociale que les forces armées américaines se retrouvent en Haïti.
En reconnaissant la situation funeste de destruction de toute l’autorité de l’État démontrée dans le spectacle d’incompétence des premiers jours après le séisme, le plan de sauvetage national doit reconnaître que l’État haïtien n’a jamais eu confiance dans les Haïtiens et s’est toujours reposé sur les étrangers pour être son relais dans le maintien de la servitude et de l’exploitation du peuple. C’est cette politique menée depuis cinq siècles qui a abouti à la misère actuelle. La continuation d’une telle politique ne peut qu’ouvrir la voie aux prévisions les plus pessimistes. Le plan de sauvetage national se doit donc d’être, dans son essence, un plan de libération nationale des tutelles onusienne et/ou américaine à travers la construction d’un État souverain dans un ordre démocratique et une économie orientée vers la satisfaction des besoins de la population. Un tel plan de sauvetage demande donc de diminuer les activités rentières dans la formation et la distribution de la richesse pour des actions d’éducation et de productivité.
Comment faire pour ne pas se noyer avec les gens qu’on voudrait sauver ? Notre pays est comme une personne dans une situation de détresse et qui crie au secours. Toutefois, il faut savoir que la personne qui se noie est prise de panique et tend à s’agripper au sauveteur avec brutalité, si ce dernier ne sait pas comment s’y prendre. Le sauveteur doit avoir de l’expérience et savoir que dans certains cas il faut d’abord assommer celui qui se noie pour pouvoir vraiment le sauver. Dans le cas d’une embarcation, un plan de sauvetage demande à priori la connaissance du terrain et surtout un bon diagnostic de la situation. Quand on connaît le relief de la côte, on peut ne pas être obligé d’utiliser une autre embarcation pour sauver celle en péril. C’est par hélicoptère qu’il faut parfois secourir une embarcation en danger. Par des temps d’orages et de tempêtes, une opération de sauvetage ne se fait pas avec les mêmes méthodes que quand il fait beau, avec une mer calme. Enfin, il importe de souligner que l’opération de sauvetage d’une vie dépend du diagnostic du mal et des mesures nécessaires pour sauver l’organisme. Dans certaines situations, il faut procéder à l’amputation d’un membre gangrené pour sauver la vie. Ces analogies ont pour objectifs de souligner comment une bonne connaissance de l’environnement est nécessaire pour réussir un sauvetage.
La question de la gouvernance et de la réforme de l’État est présentée dès le premier chapitre à travers l’élaboration des nombreux projets de lois identifiés dans la première partie du texte. Sans nul doute que ces textes contribueront à changer fondamentalement la gouvernance du pays en restreignant les pouvoirs exorbitants que le président de la République continue d’avoir dans le fonctionnement de la société. Le gouvernement décide de ne pas nommer le président de la Cour de Cassation, de ne pas faire les élections aux dates où elles devraient se tenir, de décider du résultat des scrutins aux élections législatives, etc. Il tire sa légitimité beaucoup plus de ses rapports avec les puissances extérieures, y compris avec la République Dominicaine , qu’avec le peuple haïtien. Le président fait à sa guise et le peuple haïtien n’est ni consulté, ni informé sur des décisions capitales pour son avenir. Et malgré tout, le président estime ne pas avoir assez de pouvoirs et veut changer la Constitution de 1987 pour en avoir encore plus.
L’ordre contradictoire du « oui…mais »
Aucune stabilisation de la vie politique n’est possible avec de tels agissements. Mais le renforcement institutionnel proposé dans les projets de loi n’est pas suffisant pour changer les comportements de la classe politique qui croit qu’un président est un demi-dieu. Ce renforcement institutionnel doit s’accompagner de mesures pour permettre la rééducation de l’homme haïtien afin que ce dernier se sache porteur de droits imprescriptibles en face des dictatures qui l’oppriment depuis nan tan bembo. L’héritage du fascisme duvaliérien est lourd dans les consciences. Les personnalités ont été détruites pour pouvoir survivre. Le plan de sauvetage doit donc aborder cette question de la production des hommes et des femmes de vérité capables de dire la réalité aux gouvernants. Il faut dire : les vicissitudes haïtiennes ont à voir avec des représentations collectives qui encouragent l’interminable décadence de l’ordre contradictoire dominant du « oui…mais » qui affiche son insigne sur lequel on peut lire « vouloir une chose et son contraire ». Ce que notre savoureux créole traduit en disant “nap mache ak 2 bouji, youn poun’n jwen, lot-la poun’n pa jwen.”
La vie politique devrait être régie par des lois qui consacrent la défense des minorités politiques face au pouvoir. Il faut dire : le scrutin proportionnel peut aider à la restructuration des rapports entre le pouvoir et l’opposition de manière à permettre au pouvoir de composer avec l’opposition dans l’intérêt national, sans que cette opposition ne soit obligée d’être corrompue par un poste dans l’administration publique. La réforme de la fonction publique doit être à l’ordre du jour afin qu’il y ait une carrière de fonctionnaire public qui ne dépende pas du gouvernement X ou Y. Le recrutement dans cette carrière se ferait sur concours ouvert à tous et ne serait pas lié aux aléas politiques. Bien sûr, un certain pourcentage (à définir) des postes dans l’administration serait alloué à toute nouvelle équipe gouvernementale. De cette manière, la fonction publique cesserait d’être la mangeoire vers laquelle tout le monde se rue et la lutte politique cesserait d’être celle pour les postes gouvernementaux et les sinécures. Dans le même temps, cela permettrait de faire une vraie réforme de la fonction publique afin d’introduire de l’efficacité dans la mise en œuvre des politiques publiques.
La corruption destructive de l’ordre contradictoire du « oui…mais » est au cœur du blocage et de la régression qui caractérisent la société haïtienne. Cela donne lieu à une corruption excessive dans les rapports sociaux, dans les rapports de pouvoir et de production à tous les niveaux. La corruption est constitutive du mode de régulation de la société en ce sens qu’elle casse toute hiérarchie dans les structures de décision. Tout comme le président de la république intervient en fin de conseil des ministres pour annuler des décisions longuement discutées et adoptées par ses collaborateurs, ces derniers font de même dans leurs fiefs surtout si leurs subalternes n’ont pas un pouvoir de nuisance leur permettant de faire une concurrence négative à leurs supérieurs. Il faut dire : la corruption sous ses différentes formes (électorale, judiciaire, politique, administrative, financière) est le mode de coordination du chaos organisé qui domine et se subordonne tant le mode de coordination du marché que celui de l’éthique. De l’église à l’État, la corruption destructive pénètre dans toutes les institutions humaines où il est question de pouvoir. Ses armes favorites sont la peur et les menaces de toutes sortes (chantages, intimidations, agressions, kidnappings et autres enlèvements), longtemps avant l’argent et les faveurs.
Il n’empêche que malgré cette recherche effrénée de pouvoir, des gens lucides et intègres continuent de s’opposer à la gabegie. D’où cette volonté d’assainissement et de lutte contre la corruption promue aux pages 38, 41, 42, 63, 65, 121 et 145. Sur cette lancée, il faudrait donner à l’Unité de Lutte contre la Corruption (ULCC) toute son autonomie en la transformant en organisme autonome indépendant du ministère des Finances en l’attachant directement au Parlement. Cela suppose un parlement dont les membres ne sont pas corrompus par le pouvoir exécutif et/ou les milieux d’affaires. Ceci dit, ne soyons pas dupes de l’usage politique de la lutte contre la corruption. Brandie par la communauté internationale qui a essoré l’économie haïtienne jusqu’à l’étouffement, la lutte contre la corruption est aussi une arme utilisée par les puissants pour assurer la continuation de leur domination dans les rapports de pouvoir qu’ils ont érigé sur la planète. En parodiant Érasme, il faut oser dire : le libéralisme économique a été fondé dans la corruption, s’est cimenté par la corruption et s’est étendu à l’échelle mondiale par la corruption.
Aujourd’hui, la lutte contre la corruption est aussi une partie de l’accumulation primitive du capital qui est refusée aux pays périphériques. Qu’on nous dise une fortune sur cette planète qui n’a pas son origine dans la corruption ! Les patrons de la haute finance qui gagnent des centaines de millions de dollars dans le Corporate America pendant que leurs entreprises sont en faillite ne sont pas corrompus. Ce sont plutôt ceux qui touchent une commission de milliers de dollars pour avoir facilité une transaction qui le sont. De toute façon, ce sont les dirigeants de la planète qui déterminent ceux qui sont corrompus. Dans ce domaine, il faut oser dire et redire les jeux de pouvoir qui se livrent pour empêcher l’émergence de fortunes périphériques capables de rivaliser avec celles que l’Occident a construites avec le commerce de l’esclavage, de la drogue, de l’exploitation du travail servile, des guerres et des délits d’initiés auxquels donne droit le pouvoir politique. Dans un système basé sur l’accaparement des richesses, la capacité de corruption du pouvoir est incontournable et seuls font carrière ceux qui montrent une prédisposition à servir d’alibi et de couverture aux corrompus qui détiennent les vrais pouvoirs. La prouesse du capitalisme est cette systémique qui a pu vaincre jusqu’ici, avec la corruption, toute autre alternative pour assurer sa pérennité.
Maintenir l’état de malédiction
La reconstruction est illusoire si elle n’inscrit pas l’écriture d’un vrai contrat social de solidarité koté tout moun jwen. L’implication de tous les secteurs sociaux est importante pour un relèvement national. Dans ce cadre, la bourgeoisie et les classes dominantes haïtiennes doivent être impliquées dans le plan de sauvetage. C’est à partir d’elles que le développement peut se faire par l’investissement. Il faut donc les convaincre par le verbe de la pertinence, de la validité et de l’utilité des idées développées dans le PSSN. Surtout pas d’imposition. Il faut oser dire : le PSSN fait partie de l’offensive pour développer la capacité de négocier avec les catégories dominantes du corps social afin de leur faire prendre conscience. Les catégories dominantes doivent se prononcer clairement sur leur volonté de diminuer leur part dans le revenu national pour réduire les inégalités criantes. Quand on sait que 78% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour [1], dont 55% avec moins de 1 dollar par jour, le plan de sauvetage ne peut pas faire silence sur la distribution des revenus. Remarquons que ces mesures des inégalités sont de 23% et 9% en Amérique latine et dans la Caraïbe pour ceux qui vivent respectivement avec moins de 2 dollars et moins de 1 dollar par jour.
Il faut oser dire : l’inégalité des revenus est une calamité qui détruit le tissu social. Le groupe de 1% qui détient 46% du revenu national en Haïti constitue une des causes du naufrage national. On pense à Jung qui disait « la faute, tragique, est de ne pas être conscient ». Le séisme du 12 Janvier ne semble pas avoir altéré les consciences dans leur profondeur. Il faut que le gâteau national devienne plus grand à travers l’investissement, mais il faut aussi que le partage de ce gâteau soit plus équitable afin que les autres classes sociales aient une meilleure part du revenu national. C’est là que doit se nouer un vrai contrat social permettant aux entrepreneurs de se sentir en sécurité, de ne pas expatrier leurs capitaux et de les faire fructifier en Haïti en créant un marché national.
Nous devons avoir le souci de garder la perspective historique d’un peuple qui a conquis de haute lutte sa liberté. Un peuple dont les conquêtes ont été empoisonnées par le racisme international et la calomnie. Un peuple dont l’État a été tourné en dérision. Le colonialisme qui a perdu le pouvoir en 1804 n’a pas renoncé à Haïti et l’a reconquise par la corruption des élites afin qu’elles ne s’identifient pas au peuple des cultivateurs, déstabilisant ainsi le projet de construction nationale. Depuis lors, c’est avec une imagination débordante que le colonialiste met des bâtons dans les roues pour écarter tous ceux qui ont une certaine idée d’Haïti. Derrière cette offensive coordonnée dans maintes chancelleries, il s’agit de bafouer la vérité de 1804 avec ce qu’elle comporte de gloire, de fierté et de dignité pour ces hommes et ces femmes qui ont détruit l’esclavage par leur propres moyens. Il faut oser proclamer : le plan de sauvetage s’inscrit dans cette historicité pour penser une autre Haïti qui échappe à la peur et au chantage que les puissants utilisent, avec la complicité de ses fils dénaturés, pour la maintenir dans cet état de malédiction auquel l’ont condamné les vendeurs de chair humaine.
Le principe cardinal devant guider les autorités doit être que seule l’aide qui prépare sa propre relève est acceptée. À cet égard, le modèle de l’organisation non-gouvernementale (ONG) Partners in Health peut servir de boussole pour évaluer les apports extérieurs. Partners in Health est une organisation qui ne participe pas à la comédie humanitaire des dix mille ONGs qui prétendent lutter contre la pauvreté en Haïti pendant qu’elle ne cesse d’augmenter depuis trente ans. Dans cette optique, pour le PSSN de 25 ans, l’objectif de libération nationale doit exiger que les apports extérieurs soient dégressifs et que les ressources propres augmentent même faiblement à partir de l’année quinze. Le PSSN ne le sera que si les Haïtiens se trouvent des dirigeants à la hauteur des ambitions qu’ils se donnent. Il existe une fenêtre d’opportunité étroite avec le gouvernement Obama qu’il ne faudrait pas rater.
Malgré cela, il faudra savoir négocier en ayant bien en tête les intérêts du peuple haïtien. Le gouvernement américain ne fera pas de cadeau. Il faut le dire : lors des négociations pour la refonte du système monétaire international aboutissant aux accords de Bretton Woods en 1944, les Britanniques, avec John Maynard Keynes, avaient un plan stratégique qui était meilleur (basé sur une monnaie mondiale, le bancor) que celui proposé par Harry White pour le gouvernement américain (basé sur le dollar). Pourtant les Américains eurent gain de cause car les Britanniques dépendaient d’eux pour le financement de leur effort de guerre. Le plan White fut adopté et ce dernier fut nommé premier directeur américain du Fonds Monétaire International (FMI). Il en démissionnera en 1947 lorsque le FBI finit par découvrir qu’il était un espion des Russes depuis plusieurs années. Dans les luttes de pouvoir à l’échelle mondiale, les meilleurs plans de refondation et de reconstruction ne sont pas nécessairement adoptés. Autant en prendre note, car les services secrets qui manipulent les esprits, avec la corruption comme arme fondamentale, ne dorment jamais. Cela ne signifie pas qu’il ne fasse pas faire d’effort, d’abord au niveau du dire, pour élaborer un plan stratégique pour les chantiers qui nous attendent. Avec persévérance pour des lendemains meilleurs.

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