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La beauté, là où personne ne la voit !

Publié le 17 février 2010 par Perce-Neige
La beauté, là où personne ne la voit !

Savoir sentir le wabi qui nous entoure… Le wabi, ça ne vous dit rien ? C’est dans « L’Architecture du bonheur » d’Alain de Botton que je lis ceci : « Dans le Japon médiéval, des poètes et des prêtres zen ont orienté leurs compatriotes vers des aspects du monde auxquels les Occidentaux ont rarement accordé publiquement davantage qu'une attention négligeable ou désinvolte: cerisiers en fleur, poteries déformées, gravier ratissé, pluie tombant sur des feuilles, ciels d'automne, toits de tuiles et bois non verni. ). Un mot apparut, « wabi » - dont aucune langue occidentale, d'une façon révélatrice, ne possède un équivalent direct -, qui associait la beauté aux choses simples et sans prétention, inachevées, fugitives. Il y avait quelque chose de « wabi » dans une soirée passée seul(e) dans une cabane au milieu des bois, à écouter tomber la pluie; dans de vieilles poteries mal assorties, dans de simples seaux, des murs tachés, des pierres brutes couvertes de mousse et de lichen. Les couleurs les plus « wabi » étaient le gris, le noir et le brun. » Et puis ceci, un peu plus loin, comme pour nous achever : « En 1900, le romancier japonais Natsume Soseki vint en Angleterre, et remarqua avec surprise que bien peu des choses qu'il trouvait belles émouvaient les autochtones: « Une fois on se gaussa de moi parce que j'avais invité quelqu'un à aller contempler la neige. Une autre fois je disais combien les sentiments des Japonais sont affectés par la lune, et mes interlocuteurs étaient seulement perplexes... Je fus invité à séjourner dans un château en Écosse. Un jour où le châtelain et moi nous promenions dans le jardin, je remarquai que les sentiers entre les rangées d'arbres étaient tous couverts de mousse. J'en fis le compliment à mon hôte, en disant que ces sentiers avaient magnifiquement acquis un air ancien. Sur quoi il répondit qu'il avait l'intention de faire bientôt enlever toute cette mousse par les jardiniers. » Et Alain de Botton propose cette magnifique explication : « Ce sont souvent des livres, des poèmes et des tableaux qui nous donnent l'assurance de prendre au sérieux certains de nos sentiments auxquels nous n'aurions peut-être jamais songé, sinon, à accorder de l'importance. Oscar Wilde faisait allusion à ce phénomène lorsqu'il disait plaisamment qu'il n'y avait pas eu de brouillard à Londres avant que Whistler ne commence à peindre la Tamise. De même, il avait dû y avoir peu de beauté dans les vieilles pierres avant que les prêtres et les poètes japonais ne commencent à l’évoquer dans leurs écrits. »

Illustration : Photo d'Andy Goldsworthy (mywabisabi.canalblog.com)


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