Boulette

"Ca me ferait mal de voir cette manne financière quitter la Guadeloupe au bénéfice de la Guyane, au bénéfice de la Réunion, au bénéfice de la Martinique, et de me dire, enfant de la Guadeloupe, je ne suis pas capable d'apporter quelque chose à mon pays, mais à quoi je sers ?»"

Trop drôle ou trop triste cette phrase qualifiée de la Ministre des DOM-TOM, Marie-Luce Penchard. Trop amusant ou trop consternant aussi le terme employé par le Parisien qui qualifie cette sortie de "boulette". Et franchement hilarant ou démoralisant l'émoi du PS qui depuis belle lurette ne réfléchit plus par rapport à des idées mais par rapport à une opposition systématique.

Car en effet, comme le dit le Parisien par un lapsus sans doute révélateur de la pensée journalistique, c'est une boulette, soit dans le langage courant, une petite erreur qui revient à dire tout haut ce que tout le monde sait mais ne dit pas.

Car on sait bien que depuis la nuit des temps, les politiques ne font pas autre chose que de favoriser leur territoire et ce d'autant plus qu'ils sont haut et longtemps en poste. La différence, c'est que là où ils mettaient quelques  semestres avant de piocher dans la caisse, il ne faut que quelques mois à Mme Penchard pour y pencher.

Que ce soit un TGV que l'on détourne, une bretelle d'autoroute qui s'ouvre, voire une autoroute entière qui fait un crochet,  des aménagements portuaires rénovés, des gymnases, piscines ou parcs d'attractions qui se construisent, des infrastructures locales opportunément financées par une large participation de l'Etat, il suffit de faire un parallèle entre le développement local et le poste de ministrés pour conclure qu'élections rime avec subventions.

On a alors le choix entre rire des cris d'orfraie de ceux qui clament à la forfaiture tout en procédant de même en catimini,  le  constat navrant d'une ministre qui pense que son job est de favoriser ses électeurs et la consternation de confirmer que le détournement de fonds publics pour favoriser ses électeurs est en France monnaie courante et n'est ainsi qu'une ... boulette.

On ne sait pas jusqu'où tomberont les politiciens français mais force est de constater que la pente est très savonneuse et que la politique finit par ressembler à Intervilles...