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Maintenant ce n’est plus un secret : en 1961, des soldats français ont servi de cobayes lors d’essais nucléaires en Algérie

Publié le 17 février 2010 par François Collette

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Bizarrement (mais sauf erreur de ma part), les grands quotidiens de la presse française (Le Monde, Le Figaro et Libération, entre autres) n’ont pas fait écho à cette page de l’Histoire de France vieille de près de cinquante ans mais toujours bien d’actualité. C’est Le Parisien qui l’a éventée. En revanche, mais allez savoir pourquoi, la presse belge francophone a copieusement relayé l’info rapportée par l’AFP.

En avril 1961, lors d’essais nucléaires atmosphériques effectués dans le Sahara algérien, l’armée française a exposé volontairement des appelés du contingent sur le lieu des radiations afin d’étudier ”les effets physiologiques et psychologiques produits sur l’homme par l’arme atomique et afin d’obtenir les éléments nécessaires à la préparation physique et à la formation morale du combattant”.

Un rapport ultra confidentiel intitulé “Genèse de l’organisation et des expérimentations au Sahara” a été rédigé par l’armée en… 1998, soit deux ans après la fin des essais nucléaires décrétée par le président Chirac. Il décrit en détail le processus et les conclusions de l’opération poétiquement dénommée « Gervoise verte ». Selon le document (publié en pdf payant par Le Parisien), des soldats équipés de bottes, pèlerines, gants et masques de combat ont été envoyés le jour du tir pendant 45 minutes jusqu’à moins de 300 mètres du lieu de l’explosion.

A côté du caractère scandaleux de ces manœuvres militaires, voilà peut-être relancée la polémique sur les indemnisations des victimes irradiées lors des 210 essais nucléaires réalisés par la République entre 1960 et 1996. Le vote en décembre dernier de la loi sur la reconnaissance et l’indemnisation des victimes n’a en effet pas du tout calmé les associations de requérants qui dénoncent l’insuffisance des indemnisations et leur caractère trop restrictif.

Un qui est plutôt embarrassé, c’est le ministre de la Défense, Hervé Morin. Il a reçu la patate chaude sans la voir venir. Avant de finir par admettre du bout des lèvres que ces tests étaient des erreurs, il s’était copieusement mélangé les pinceaux en affirmant sans détour qu’il ne connaissait pas ce rapport… alors que son cabinet avait planché durant des mois sur ce dossier.

Souhaitons que ne restent pas impunies ces atteintes criminelles à l’intégrité physique de jeunes gars qui n’avaient pas d’autre choix qu’obéir aux ordres de leurs supérieurs.


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