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Christophe Barbier, critique gastronomique

Publié le 19 février 2010 par Desiderio

On ne peut taper tous les jours sur les mêmes personnages bouffons, je délaisse donc un peu BHL que je laisse aux prises avec Jean-Baptiste Botul et je reviens sur un éditocrate que j'ai déjà interviewé.

J'ai découvert cet édito délirant de l'homme à l'écharpe rouge. Il pose au milieu des bureaux, on voit une équipe de journalistes qui s'affaire debout à l'arrière-plan et on entend le début :

"Aujourd'hui, c'est rillettes, pâté, saucisson à l'Express.fr, mais à Roubaix dans le Quick c'est viande hallal pour tous".

Christophe Barbier est habitué à ces mises en scène avec de grands effets téléphonés largement grotesques. Il y a toujours un gadget scénaristique dans ses mini-clips. Par exemple, ici avec ses deux fauteuils pour représenter la place d'un obèse, on se rend compte surtout qu'il ne connaissait rien à l'alimentation.

Notre homme ne sait pas que le pâté et le saucisson peuvent fort bien ne pas être à base de porc - viande proscrite par l'islam. On trouve des pâtés de canard ou de dinde, des saucissons à partir d'abats d'ânes, de chevaux, de veaux, de moutons, etc. Même les rillettes peuvent être faites avec des entrailles de canard. Mais dans son inconscient, ce genre de préparations charcutières doit forcément inclure du porc. Il confond deux choses totalement différentes : un procédé d'abattage rituel des animaux et le traitement de la viande ensuite qui est découpée, mais aussi travaillée. Il s'agit d'une fausse opposition : le pâté ou la saucisse hallal sont parfaitement possibles et cela existe. Seulement, il faut se raccrocher à l'idée que toute charcuterie est à base de porc et que cela deviendrait interdit. Pour s'intégrer, un musulman devrait accepter de manger du porc ou qu'il y ait eu du porc en contact avec son aliment.

Christophe Barbier se réfère en réalité à un stéréotype et à une image mythologique de la réalité nutritionnelle : le saucissonnage apparaît comme une forme conviviale, simple et détendue de casse-croûte où tout le monde est réuni autour d'une table, où l'on mange à la bonne franquette sans aucun conflit (tandis qu'à Roubaix c'est différent, mais on ne le voit pas). Lorsque l'on regarde le dispositif scénique misérable de l'image, on constate que cela correspond un peu à ce qui se déroule à l'arrière-plan : on voit vaguement une équipe soudée de manière plus ou moins informelle, mais comme d'habitude le texte récité doit expliquer l'image et inversement. En fait, nous ne sommes pas loin des images publicitaires pour les enseignes de restauration rapide qui insistent sur le mode de vie en commun. Cela pourrait se nommer "Ça se passe comme ça, à l'Express.fr".

Cette image est à la fois pauvre et fausse, on pourrait fort bien imaginer d'autres aliments sur les tables, mais il faut faire passer l'opposition entre des gens réunis, heureux, devisant ensemble, et des gens séparés par la barrière culturelle que serait la présence de menus seulement hallals. Nous sommes dans les clichés, ils sont ici au service d'une démonstration qui vise à les renforcer.    


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