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Quand les «clients» (patients) s’informent sur Internet

Publié le 19 février 2010 par Suzanneb

Quand les «clients» (patients) s’informent sur InternetAlors qu’autrefois les informations coulaient au compte-gouttes, maintenant le corps médical «griche des dents» juste à l’idée que les patients s’abreuvent à des sources autrement plus loquaces et détaillées en matière de médicaments et de traitements… et pas seulement dans la médecine conventionnelle.

Il y a déjà 12 ans

En 1998, le jour où, toute seule avec la chirurgienne, j’ai appris que j’avais un cancer du sein, ce jour, j’ai aussi reçu l’ordonnance (verbale) de «ne pas aller consulter l’Internet à propos de ce cancer». Ni plus, ni moins. C’est même noté à mon dossier chez le généraliste à qui je l’ai raconté quelques jours après.

À cette époque, je commençais à étudier la programmation web et la chirurgienne le savait. Elle m’avait aussi demandé quel était mon niveau de scolarité. Demandez-moi pourquoi cette ordonnance (accompagnée d’Ativan) et ces questions… ? Pfff !

Ce n’est pas d’hier que l’Internet est une source d’inquiétude pour le corps médical. Dès que le patient est en mesure de sortir de l’unique couloir de communication dans lequel il est encarcanné, il devient capable de comprendre ce qui lui arrive, il peut émettre des opinions, des réserves, en ce qui LE CONCERNE LUI et son traitement. Plus difficile de traiter un tel «client».

En présence d’un choix réel, le patient retrouve son autonomie perdue, sa détermination, son jugement. Et c’est ainsi que bon an mal an depuis déjà quelques décennies, les tablettes des pharmacies se garnissent de produits naturels, homéopathiques, pour ne nommer que ceux-là. C’est ainsi que la «clientèle» passe tout doucement aux mains de praticiens de médecines douces.

À l’ère des médias sociaux, de Wikipédia et de Facebook

Pour réduire l’hémorragie et tenter de s’adapter, la médecine moderne trouve diverses solutions: les smart-pills, les consultations Internet, et quoi encore ?

Dernière en liste, une conférence intitulée: «La réadaptation à l’ère des médias sociaux, de Wikipédia et de Facebook» pendant laquelle, une neurophychologue et une ergothérapeute du Centre de réadaptation Lucie-Bruneau (CRLB) se sont penchées sur diverses questions concernant les impacts positifs et négatifs de l’usage d’Internet et des médias sociaux dans ces situations.

L’une des conclusions de cette conférence a mené au fait que les professionnels de la réadaptation n’ont pas d’autres choix que de faire face à cette nouvelle réalité et s’y adapter. Les cliniciens « non virtualisés », c’est-à-dire ceux et celles qui utilisent peu ou pas du tout Internet doivent donc rapidement devenir des « immigrants de l’ère digitale ». Ils doivent développer de nouvelles habiletés dans ce domaine afin de répondre à un besoin accru d’une clientèle de plus en plus virtualisée.

On ajoute plus loin:

Les utilisateurs des blogues et des médias sociaux tels que Facebook, par exemple, ont tendance à se dévoiler plus facilement devant un écran d’ordinateur que face à un médecin, phénomène auquel doivent s’adapter les intervenants du domaine de la réadaptation dans l’approche de leur clientèle. En effet, des études démontrent que 93 % des blogueurs dans le domaine de la santé font part de leurs préoccupations, d’expériences de vie, de frustrations, de craintes, etc., ce qui leur permet de diminuer leur détresse psychologique et de ventiler les émotions négatives.

Guide de référence santé, 17 fév 2010 - Les professionnels en réadaptation doivent s’adapter à cette nouvelle réalité dans le traitement de leur clientèle.

N’a-t-il point été question des lacunes du système qui ont entraîné cette «tendance à se dévoiler plus facilement devant un écran d’ordinateur que face à un médecin» ?N’est-il pas évident, que les patients (de toutes les époques) sont intéressés à connaître (et comprendre) en long et en large, leurs maux, leurs sources, leurs traitements… ? et qu’ils vont le faire en utilisant les moyens (souvent les seuls) dont ils disposent ?

On a eu besoin d’une neurophychologue pour s’ouvrir à cette réalité ?

Y’avait qu’à demander à n’importe quel patient branché !

Mais le pauvre n’est pas au bout de ses peines. Déjà qu’on ne lui réservait pas le minimum de temps nécessaire pour qu’il comprenne et adhère à son traitement, déjà qu’il se sentait comme une machine sur une chaîne de montage à qui on change les vis et les écrous (selon le plan fourni et le dogme établi); maintenant, parce qu’il ose chercher des réponses il est vu comme un mauvais patient, une tête dure, l’épine dans le pied du spécialiste et détenteur de la vérité suprême.

Il en faudra des conférences et des journées d’étude pour que certains professionnels de la santé finissent par admettre que le «client», a des inquiétudes, des angoisses… et qu’elles sont simplement oubliées, niées.

Des médecins intelligents et capables de respecter le patient… il y en avait déjà en 2006

Peut-on se soigner par Internet?

Quand une ordonnance remise à la vitesse «grand V» ne suffit plus, les patients sont de plus en plus nombreux à aller chercher sur Internet l’information manquante.

Il est révolu le temps où le patient devait attendre le ventre noué le verdict d’un médecin qui, du haut de sa chaire, assénait son diagnostic d’une main et imposait son traitement de l’autre. Aujourd’hui, le dialogue a pris le pas sur le sacro-saint protocole, ouvrant une voie royale au patient consommateur qui magasine de plus en plus sur Internet, non sans occasionner quelques frictions.

Si Internet a quelque fois réussi à faire «monter la moutarde au nez» du Dr Marquis Fortin, son intrusion grandissante dans son cabinet a été accueillie comme un coup de pouce supplémentaire. «Il y a eu ce que j’appelle des fractures de communication, mais celles-ci se règlent toujours rapidement. Non seulement je ne suis pas contre Internet, mais en consultation comme dans mes interventions dans les médias, j’invite les gens à visiter des sites Internet que je trouve bien faits», raconte le chroniqueur à C’est bien meilleur le matin.

Selon le Dr Yves Dugré, [ancien] président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), le recours à Internet se conjugue en effet très bien avec le virage «autosoins» pris par la province. «Internet enrichit la discussion entre le patient et son médecin, en ce sens que le patient a alors les outils nécessaires pour poser des questions. Il est fini le temps où des médecins passaient pour des curés qui décrétaient ce qui était bon pour leurs patients

[euh... je regrette Dr. Dugré, dans la réalité quotidienne c'est un curé que retrouvent les patients, un curé qui gagne bien sa vie]

Y’en a qui cherchent sur Internet… et qui trouvent !

[...]C’est ce qu’ont fait les parents de la petite Émilie atteinte de paralysie cérébrale. L’exercice a permis un miracle qu’ils n’attendaient plus, celui de voir les menottes de leur fillette de quatre ans se déplier un peu. C’est en naviguant à la recherche d’informations qu’ils sont tombés sur un carnet Internet où des parents discutaient des vertus du caisson hyperbare que Québec rechigne encore à reconnaître.

Qu’à cela ne tienne, quelques clics plus tard, les parents d’Émilie avaient trouvé un fournisseur et un groupe de soutien. Ils ont poursuivi leurs recherches au téléphone, ont contacté des spécialistes et les choses se sont enchaînées.

On a décidé de faire le grand saut après avoir vu Médecine sous influence [un documentaire de Lina B. Moreco].

On a pris rendez-vous dans une clinique de la Rive-Sud et on a rapidement été épaté par les progrès d’Émilie. On a ensuite choisi d’acheter notre propre caisson.

Le Devoir - Peut-on se soigner par Internet ? 4 mars 2006

Quand les «clients» (patients) s’informent sur Internet


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