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François Resbamen : petite traîtrise en Septimanie

Publié le 20 février 2010 par Hmoreigne

 Martine n’a pas fini de s’occuper des garnements du PS. Mis au piquet, Georges Frêche depuis son bastion du Languedoc continue, médias aidant, de braver la direction du parti socialiste dans un mauvais Pagnol censé incarner le combat du Sud contre Paris, l’affrontement du peuple contre “les élites”. Dans ce match sans suspense où a priori les jeux sont faits et sa victoire inéluctable, il bénéficie désormais de l’appui de François Resbamen . Le sénateur maire de Dijon ancien proche de Ségolène royale a annoncé qu’il se rendrait en Languedoc-Roussillon pour soutenir les socialistes restés fidèles au président de région sortant.

Officiellement, la démarche de François Resbamen est de conserver le Languedoc-Rouissillon à gauche. Constatant que “la liste la mieux placée est celle de Georges Frêche“,  il lui apporte son soutien contre celle investie par le PS et conduite par la maire de Montpellier, Hélène Mandroux. Le sénateur va au-delà, demandant très clairement une demande d’impunité à l’égard des élus qui soutiennent Georges Frêche, considérant comme “inenvisageable qu’il y ait la moindre sanction disciplinaire à l’égard de ces élus qui n’ont pas démérité” et qui “ont fait un travail excellent depuis 2004“.

Soufflant sur des braises déjà vives, le maire de Dijon estime que la direction du PS a “surréagi aux propos controversés tenus par le président du conseil régional” de Languedoc-Roussillon.

Dans un entretien au quotidien Le Monde, M. Rebsamen prend un peu facilement la défense d’un Georges Frêche qualifié de “tout sauf un antisémite“. Une position qui renforce ce dernier dans sa posture victimaire et qui occulte opportunément l’ensemble des dérapages verbaux et les pratiques clientélistes douteuses de l’homme fort du Languedoc.

A ces candidats qui sont souvent des élus, des maires, des conseillers généraux et des députés, nous n’allons pas donner des leçons de socialisme depuis Paris“, a déclaré François Resbamen, reprenant pour l’occasion l’argumentaire de Georges Frêche jusqu’au bout lorsqu’il conclue par un “désormais, il faut que tous les socialistes se retrouvent au second tour derrière la liste qui sera la mieux placée pour battre la droite“. “En faisant cela, nous ne perdrons pas notre âme“. L’âme peut être, mais l’honneur ?

Que diable va donc faire François Resbamen dans cette galère ? La réponse est en fait toute simple. Outre le fait que la fédération socialiste de l’Hérault soit hautement stratégique par son nombre de cartes pour les prochaines primaires, il semblerait que l’une des assistantes du sénateur maire de Dijon ne soit autre que l’épouse du premier fédéral de l’Hérault. Là, où ça devient intéressant, c’est lorsqu’on apprend que depuis 2008, date à laquelle il est devenu sénateur de l’Hérault, Robert Navarro aurait pris parmi ses collaborateurs, l’épouse de François Resbamen, dans un échange croisé de “services”.

Quoi qu’il en soit, le sénateur de Côte-d’Or a franchi le Rubicon. Il paraît difficilement acceptable qu’un élu de son niveau ait à la fois un pied dans la maison socialiste et l’autre, en dehors. Le seul fait de soutenir officiellement un candidat contre celui du parti socialiste devrait naturellement conduire à l’exclusion de François Resbamen qui à son tour pourra se présenter en victime des “Parisiens”.

Déjà très embêté par le cas Georges Frêche, la direction nationale fermera-t-elle les yeux ? Sans jouer les Robespierre ou les Danton, la demi-mesure serait sans doute la pire des solutions. Maintenant que le vin est tiré, même si ce n’est pas du bordeaux ou du bourgogne, il faut le boire. Cette affaire est délicate pour Martine Aubry qui joue son autorité de première secrétaire du parti socialiste.

Comment ne pas avoir en mémoire à cet instant, l’erreur conséquente commise par François Hollande, son prédécesseur, lorsqu’il n’avait pas exclu en 2005, après le référendum interne au PS sur la constitution européenne, les tenants du non. Ce péché originel avait par la suite poursuivie le patron de Solférino jusqu’à la fin, le contraignant, faute d’autorité, à des consensus mous et à une absence de ligne politique tranchée. Un marais idéologique facturé par la suite au prix fort par les électeurs.

Crédit photo : Wikipédia

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