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Salubrité dans les hôpitaux

Publié le 20 février 2010 par Suzanneb

Des toilettes peu accueillantes

Éric Yvan Lemay – Le Journal de Montréal – 2 fév. 2010

Les salles de bain fréquentées par les visiteurs dans certains hôpitaux sont loin d’être accueillantes. Présence de rouille, trous dans les murs, saleté sur la cuvette et détritus au sol sont monnaie courante.

Au cours des dernières semaines, le Journal a identifié plusieurs problèmes dans différents hôpitaux de la province. Ainsi, lors d’une visite à l’Hôpital général de Montréal, on a observé de la rouille, des trous au plafond et de la saleté sur des cuvettes.

Dans certains hôpitaux, les toilettes des cliniques externes fréquentées par des dizaines de patients par jour datent d’une autre époque. C’est le cas à l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska de Victoriaville où la construction date de 1963. Malgré tout, on assure qu’il n’y a aucun risque au problème de salubrité.

Pire dans les toilettes pour hommes

«C’est vrai que c’est désuet, mais il n’y a pas d’inquiétude pour les infections. Des travaux de peinture seront faits sous peu dans les toilettes pour femmes», dit Claire Gendron du Centre de santé d’Arthabaska-et-de-l’Érable. L’établissement attend la construction d’un nouveau centre ambulatoire qui sera plus adapté aux normes actuelles.

À l’Hôtel-Dieu du CHUM, les panneaux de séparation d’une salle de bain sont complètement rouillés dans le bas. «La problématique de la rouille est surtout présente dans les toilettes des hommes à cause de l’urine. Tous les locaux sont inspectés au moins une fois par année et au besoin on change les partitions (panneaux séparateurs)», assure la porte-parole Lucie Dufresne.

Risques pour les infections ?

Le nettoyage et la désinfection des toilettes pour visiteurs sont faits plusieurs fois par jour assure-t-on.

Toutes ces problématiques peuvent-elles avoir un impact sur le combat que mènent les hôpitaux aux infections nosocomiales ? Peut-être, croit le président de l’Association des médecins microbiologistes infectiologues du Québec, Dr Jean-François Paradis.

«C’est sûr que certains hôpitaux sont âgés. Qu’il y ait de la rouille sur la robinetterie n’est pas étonnant. Est-ce que ça peut générer des infections ? Peut-être, mais je n’ai pas vu d’étude là-dessus.», dit le spécialiste.

Ce dernier indique toutefois que les risques sont beaucoup plus grands dans certains départements comme les soins intensifs. Malgré tout, il ne s’inquiète pas outre mesure, indiquant que l’hygiène a été améliorée dans les hôpitaux depuis la crise du Clostridium difficile.

Il indique que l’idéal serait l’installation de robinets et toilettes sans contact dans toutes les salles de bain, mais que le coût de réalisation serait trop élevé. Il préconise donc une rénovation par étapes.

Le Journal de Montréal – Des toilettes peu accueillantes - Éric Yvan Lemay - 2 fév. 2010

salubrité dans les hôpitaux

Aidons un peu le Dr. Paradis qui n’a pas vu d’étude à ce sujet (et qui recommande l’installation de robinet sans contact) … J’ai trouvé pour lui  un document publié le 11 février 2010 par l’INSPQ et intitulé:

Position du Comité sur les infections nosocomiales du Québec sur les risques associés à l’utilisation des robinets électroniques en milieux de soins. (document .pdf)

3.1  IMPACT DES ROBINETS ÉLECTRONIQUES SUR LA QUALITÉ MICROBIOLOGIQUE DE L’EAU

L’annexe 1 présente un tableau synthèse des études ayant évalué l’impact des RE sur la qualité microbiologique de l’eau.

En résumé, on note que :

1. Six des sept études rapportent un taux de contamination plus élevé de l’eau prélevée aux RE [robinets électroniques] par rapport aux robinets conventionnels;

2. Une seule communication scientifique rapporte des cas d’infections nosocomiales à P. aeruginosa dans une unité de soins intensifs (SI) néonataux avec démonstration d’un lien moléculaire entre les souches provenant des RE (12/16) et celles isolées de huit nouveau-nés (Ehrhardt et coll. 2007). Aucune souche n’a été isolée dans les prélèvements d’eau (0/3) ni des robinets conventionnels (0/6);

3. Les études ne donnent pas de détails sur le design exact de leurs RE, ce qui pourrait aider à définir les éléments de conception qui influencent leur colonisation par les biofilms;

4. Une variabilité selon les marques commerciales est démontrée dans deux études sans explication proposée;

5. Six des sept études rapportent une résistance de la contamination à la chloration. Le choc thermique a été tenté dans une seule étude et s’est avéré efficace sur un suivi de six mois. Le changement des RE par des RC a réglé le problème de contamination de l’eau dans les cinq études où ce changement a été fait;

6. Les auteurs de sept des huit études reconnaissent un risque potentiel de l’utilisation des RE pour les patients, en particulier chez les immunosupprimés et ceux localisés aux soins intensifs, et recommandent au minimum des études supplémentaires pour déterminer leur rôle dans les infections nosocomiales;

7. Finalement, un événement déclencheur est rapporté dans cinq des sept études qui rapportent un problème de contamination des RE : construction, rénovation et inondation.

Le chien qui court après sa queue

C’est ainsi que ça fonctionne en santé publique. Si un problème est suffisamment «visible» pour susciter l’inquiétude du public (et des médias), on fera une petite déclaration, on maquillera le problème pour qu’il soit plus présentable, on ira parfois même jusqu’à procéder à des études, des analyses, qui «recommanderont d’autres études».


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