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Chapeau melon et bottes de cuivre

Publié le 20 février 2010 par Culturabox

Sonny Boy Williamson IILe cri strident d’un harmonica perfore les tympans d’une foule subjuguée par la présence scénique et l’accoutrement mystique et grossier de l’artiste.
Car Sonny Boy Williamson II (c’est comme pour les pseudos sur Internet, le  « I » était déjà pris par un autre, en l’occurrence un harmoniciste) n’était pas un bluesman noir comme les autres. Non, le prodige vivait sa musique, était sa musique, et ses scènes n’étaient que le reflet d’une personnalité très spéciale.

Feu Aleck Miller est probablement le plus grand harmoniciste de Blues de l’histoire. Pour ceux persuadés que l’harmonica n’est bon qu’à animer les orgies country du sud-états-unis, je vous conseille fortement de revoir ces préjugées, que SBW fait tomber avec un talent jalousé.

Ecouter SBW, c’est écouter un style unique. Non seulement dans la manière de souffler dans son machin, mais aussi dans celle d’entrecouper des phases de solo par des quelques phrases bien placées (ou le contraire). Les amateurs de musique Blues connaissent le fameux Robert Johnson, guitariste « endiablé » du très lointain début XXème… Sonny Boy Williamson est son exact penchant buccal, différence faite de l’instrument. Les deux ont d’ailleurs taillé des bavettes (de bœuf) ensemble.
Ceci explique cela.

Mais soyons clairs, cette musique ne s’écoute pas le soir pour s’endormir, et pourra amener un rapide mal de tête à ceux qui découvrent ce que c’est que de la vraie, de la pure. Pour les autres, l’écoute est jouissive et antimorosité. Le Blues quoi.

C’est assez difficile à concevoir dans un instrument qui fait tout le temps le même boucan, mais dans la masse, on sait reconnaître l’harmonica de Miller. La faute à des introductions ou des « riffs » souvent semblables, à l’instar des claquements de cordes de Chuck Berry. Mais le tout n’en est pas plus blasant. Au contraire, à côté de rythmes à l’aspect similaire, on trouve une déroutante diversité dans les titres écrits par l’ingénieur du souffle. Tiens, en parlant de souffle, il semble en manquer un peu quand il s’agit de cracher ses paroles, avec une fausse impression que sa voix peut s’éteindre d’un moment à l’autre. On t’excuse Aleck !

En fait, Sonny Boy Williamson II aurait pu, dans une autre vie, être technicien dans un magasin de Hifi. Car il n’y a pas mieux que ses musiques pour régler votre système d’enceintes 5.1 (voire 7.1).
Un problème d’aigus ? Passez-vous «  Keep it to yourself » !
Un problème de moyens ? Un petit  « Boppin with Sonny » !
Un problème de graves ? Allez, faites-vous plaisir mon petit monsieur, essayez « Help me »

Qu’est ce qu’il est pratique notre ami bluesman ! Allez une dernière : « Your funeral and my trial »

Les disques ne manquent pas à l’appel, et sont autant de pièces du blason noir et or du Chicago Blues. Et l’influence record de Sonny Boy Williamson continue de faire planer son esprit bagarreur et prolifique, près de 45 ans après sa mort. De quoi prendre le melon…

Plus d’informations sur : http://www.sonnyboy.com

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