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Banques ou industries : le monarque convoque à défaut d'agir

Publié le 24 février 2010 par Juan

A chaque scandale social, Nicolas Sarkozy use de la même technique. Il convoque, sermonne et le fait savoir. La politique sarkozyenne n'est pas active mais réactive. Il faut une menace pour que l'Elysée agisse. Il faut surtout que l'action soit personnalisée, incarnée par un Sarkozy fronçant les sourcils devant les caméras d'Elysée.fr. La représentation nationale st systématique absente. Point de débat sur la régulation, Nicolas Sarkozy EST la régulation. N'est-ce pas la meilleure démonstration de la monarchie républicaine dans laqulle nous vivons ?
Après les banques et l'automobile...
En août dernier, Nicolas Sarkozy convoquait quelques dirigeants de banques françaises pour les sermonner. BNP-Paribas avait annoncé quelques jours auparavant avoir provisionné un milliard d'euros pour servir les bonus de ses traders en 2009, compte tenu de ses bons résultats attendus. Finalement, la banque renonça à la moitié de la somme, pour son plus grand bénéfice.
En janvier, Nicolas Sarkozy convoquait Carlos Ghosn à l'Elysée. Le président de Renault devait rassurer le Monarque que son entreprise continuerait à fabriquer l'essentiel de la future Clio IV en France, notamment dans son usine de Flins. La rumeur d'une délocalisation en Turquie avait ému l'opinion. Mardi 23 février, le groupe japonais Toyota a annoncé qu'il réduirait «temporairement» sa production de véhicules en France. Il s'agit d'adapter ses capacités de production à «l'impact sur ses ventes du rappel de plusieurs millions de véhicules dans le monde». Que va faire Nicolas Sarkozy ? Convoquer le patron du groupe ?
... voici l'énergie «régulée» depuis l'Elysée, ou pas
Le 22 février, Nicolas Sarkozy convoquait le président du conseil d'administration de Total, l'ancien pdg du groupe Thierry Desmarest. Le DG,  est en déplacement aux Etats Unis où il fait son road-show annuel de présentation de ses excellents résultats financiers aux investisseurs américains. Troublante coïncidence... Christophe de Margerie a finalement été reçu mardi par le président de la République. Le conflit social qui oppose la direction de la multinationale multi-profitable à ses salariés de la raffinerie de Dunkerque menacée de fermeture fait tâche en Sarkofrance. Tous les 6 mois, Nicolas Sarkozy rappelle ou fait rappeler qu'il entend bien légiférer sur la juste répartition des profits entre entreprise, actionnaires et salariés. Le gouvernement est simplement inquiet d'une pénurie d'essence, les syndicats de salariés de Total ayant promis une grève illimitée dans les raffineries. Les stocks d'essence couvrent 10 à 20 jours de consommation nationale, pas plus. Et TOtal représente la moitié de l'approvisionnement en essence en France. A l'Elysée, on prend soin d'éviter tout embrasement social. Après ceux de Dunkerque, depuis un mois, les salariés des cinq autres raffineries Total - Gonfreville-L'Orcher (Seine-Maritime), Donges (Loire-Atlantique), Grandpuits (Seine-Maritime), Feyzin (Rhône), La Mède (Bouches-du-Rhône) - sont en grève depuis mercredi à l'appel de la CGT, Sud, la CFDT et FO, rapportait l'AFP ce week-end. Cette fois-ci encore, le ministre de l'Industrie a tenté de pallier l'absence de mesures politiques industrielles par une avalanche de communiqués plus ou moins menaçant: « soit Total est en mesure d'apporter un projet précis et daté d'implantation de nouvelles activités, soit Total doit très rapidement redémarrer sa raffinerie de Dunkerque» a-t-il encore déclaré ce lundi. Même Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, est venu apporter son soutien à la CGT : « en tous cas, je suis du côté de l'emploi, en l'occurrence la CGT se bat pour l'emploi aujourd'hui».
Mardi 23 février, on apprenait que les prix du gaz pourraient augmenter de 9% dès avril. On attend avec impatience la convocation de Gérard Mestrallet, le patron de GDF-Suez, à l'Elysée. Le groupe applique une "formule parfaitement transparente», aux dires du Figaro : « les coûts hors approvisionnement (principalement la commercialisation et la distribution) augmentent de 2,43 euros par mégawatt heure (MWh). La molécule de gaz, elle, est facturée 1,60 euro de plus par MWh (0,65 euro de plus au titre du rattrapage du 1er janvier, plus près d'un euro pour la période entre janvier et mars). La hausse globale représente ainsi 4 euros par MWh, ce qui correspond à une majoration des tarifs de l'ordre de 9%.» Le quotidien de la majorité présidentielle tente ensuite d'expliquer que le régulateur a davantage de pouvoir qu'avant dans la fixation de ces tarifs réglementés : GDF doit soumettre ses nouveaux tarifs à l'avis contraignant de la Commission de régulation de l'énergie, une nouveauté sanctuarisée par un décret paru voici quelques semaines. Auparavant, le ministre de l'Economie avait l'entière maîtrise du sujet. Où est le progrès ? «Ce qui va se passer au cours des prochains jours sera riche d'enseignements. On verra si oui ou non le gouvernement continue à peser dans ce dossier» rapporte un expert anonyme, cité par le Figaro. Sur le sujet éminemment social du prix de l'énergie (le gaz), le gouvernement a abandonné son pouvoir au profit d'une autorité «indépendante».


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