On a beau faire le mariol, bomber le torse, ou ne pas se la poser, ou l'occulter, ou être taraudé par elle, il y a quand même, obligatoirement, cette putain de question.
Au moment de passer de l'autre côté du miroir, que se passe-t-il ?
Rien ?
Tout ?
Y-a-t-il un comité d'accueil ?
Un comité qui pose des questions tout doucement sans s'énerver, des questions tranchantes comme le fil d'un rasoir, glaciales comme une nuit polaire, des questions dont on connaît la réponse bien sûr, des questions qui font que l'on est dans ses petits souliers, qu'on balbutie en dodelinant maladroitement la tête, en disant que l'on est désolé, qu'on était con quand on était vivant mais qu'à présent on commence à comprendre, que tout paraît tellement clair maintenant, et.... "allez, soignez compréhensifs vous aussi, vous n'allez pas me laisser là, fait trop froid, oui, fait trop froid, et puis j'ai peur, j'ai si peur".
Allez Bob, courage, ce n'est qu'un mauvais moment à passer, y'a plus mort d'homme, Malik l'est depuis longtemps et toi tu refroidis tout juste, laisse-toi glisser, y'a peut-être rien de l'autre côté... Y'a peut-être rien...